Je viens te hanter avant que ton maître ne te dise de me le faire

J'attrapai vivement le coussin à quelques millimètres de mon visage, cachant mon sourire.

- Je viendrai au beau milieu de la nuit...

Si j'avais la force de me lever.

-... Je viderai ta chambre de tous ses meubles et les remplacerai par des mannequins dans le rôle de cadavres... Ou bien...

Je levai les yeux au plafond, puis sans prévenir relançai le coussin et m'écartai d'un pas.

- Je ne vais pas tout te dire sinon ce ne sera plus drôle !

Je tirai la langue à sa manière en me décalant d'un pas sur le coté pour échapper au coussin volant. Je redevenai un peu une enfant, ce qui ne me déplaisait pas totalement. Cependant, si je passai plus de temps avec Akira j'allais finir par redevenir un bébé !!

- Essaie toujours, fis-je en le regardant avec défi.

Il pourrait toujours essayer, je ne le laisserai certainement pas faire même pour rire !

Je posai un pied sur la partie la plus large du corps d'Akira et le repoussai de toutes mes forces, faisant reculer le clone qui se cogna contre l'angle du bureau et qui fut bien obligé de me lâcher. Puis je sautai sur le lit, dominant mon "ennemi".

- Même pas capable de faire le travail lui-même, ris-je doucement.

Je lui tirai la langue. J'essayai de visualiser rapidement les particules d'air autours de moi comme je l'avais appris. Je parvins à créer une petite sphère au creux de ma main, ce n'était rien mais au moins ça avait la forme de ceux que je voulais, sans la puissance.
J'étais prête à contre-attaquer.

- Pour un Master, c'est plutôt honteux !

Je me sentis partir en arrière. C'était mesquin ! La bille d'air se dispersa, tandis qu mon pied entra en collision avec le visage d'Akira. Je me redressai vivement et me penchai sur un Akira...euh non, un Karasu dans les vapes. Des mèches de cheveux vinrent lui chatouiller les narines. Je les écartai un à un et demandai en tapotant sa joue :

- Euh... Aki... Karasu ? Allo Allo !

Je descendis du lit et l'enjambai et lui soufflai dans l'oreille, sachant que c'était extrêment désagréable.

Je plantai mon visage à quelques centimètres du sien.

- Même avec le traducteur c'est extrêmement difficile de te comprendre !

Je rejetai la tête en arrière, puis me levai pour me rasseoir sur le lit.

- Vraiment doué comme Master, fis-je ironique.

Je soupirai.

Je pris un air vexé.

- Avec toi c'est toujours la faute des autres j'ai l'impression. Ce n'est pas moi qui me suis tirée le pied toute seule.

Tout en disant ça, j'attrapai son doigts et le balançai de gauche à droite.

-Et on montre pas les gens comme ça.

La grande phrase que sortait tous les adultes aux enfants. Je soupirai devant mon comportement. Je me levai et m'assis sur le bord du bureau.

Heureusement que j'avais d'excellents réflexes, sinon je me serai pris le coussin en pleine face ! Franchement, il pouvait se montrer plus sympa... Bon okay, c'était moi qui avait commencé. Je rejetai la tête en arrière, le coussin me frôla le bout du nez puis s'écrasa contre le mur derrière.
Je me redressai et le regardai en riant à moitié pour le narguer :

- Et je te pensais bien plus rapide !

Je me relevai... et remarquai que ma longue chevelure était coincé sous le coussin. Je soupirai :

- Bon on va dire que tu as gagné... à moitié.

Je saisis le coussin et le balançai de toutes mes forces sur Karasu.

Je passai une main sur mon visage. Tous les masters que j'avais croisé, même s'ils n'étaient pas nombreux, dégageaient une certaine aisance, un quelque chose mais lui...
Je soupirai de plus belle et me levai, pour m'asseoir à côté de lui. Je me laissai tomber en arrière et contemplai le haut plafond. Tellement haut.

Je tournai la tête vers lui et commençai à détailler son visage, avant de répondre :

- Tu n'as pas peur que l'incident de l'autre fois se reproduise ?

Après tout, c'était lui qui m'avait comme interdit un second vol. Je posai une main devant ma bouche pour bâiller. Des petites larmes perlèrent sur mes joues.

- Evidemment que je veux bien.

Si j'avais pu, je l'aurai transpercé du regard.

- Cette fois je ne l'emporte pas.

Je me glissai jusqu'à l'armoire de la chambre pour y prendre un gilet et me tournai vers lui :

- Un dragon chinois ! Tu peux maintenant non ?

Un large sourire étira mes lèvres. Il était... magnifique. Si j'avais su que je verrai un dragon de mes propres yeux ! J'enjambai le rebord de la fenêtre et sautai légèrement sur son large dos.

- Tu es incroyable ! lâchai-je sans vraiment faire attention.

Lorsque nous descendîmes en piqué, je cherchai fébrilement un endroit sur son corps lisse où me raccrocher. Mes doigts rencontrèrent heureusement une accroche avant que je n'arrive à l'extrémité de son corps de dragon.
Je détestai lorsqu'il faisait ça. Je posai ma joue contre ses écailles froides.

Je remontai tant bien que mal jusqu'à la tête, un peu effrayante, de Karasu. Je regardai les élèves apeurés rétrécirent au fur et à mesure que l'on montait dans le ciel.

- Non et toi ?

A vrai j'aurai aimé aller au-dessus des nuages, admirer ce blanc unique.