Progresser [libre]

J'étais décidée. Un entraînement c'était bien, mais un combat qui impliquait des risques bien plus grands c'était mieux. Je n'étais encore jamais venue là. C'était incroyablement grand. ET ces tribunes... Elles faisaient presques peur. Heureusement ils étaient vide. De toutes façons qui pouvait-il y avoir à 8h du matin ? Je m'assis au centre du terrain et attendis que quelqu'un désirant aussi se battre, se montre enfin...

J'arrivais dans l'arène, les mains dans les poches, mais en tenue de combat.
J'avais, comme toujours, admiré le lever de soleil, assise sur le sable blanc et fin de la plage, puis, armée d'une nouvelle résolution, je décidais de voir ce que je vallais contre un adversaire qui ne me ferait pas de cadeaux.
Le katana que m'avait forgé Akira dans le dos, mon poignard à la cuisse, ma télépathie au tacket et la terre...plus ou moins "maîtrisée", j'était là pour savoir enfin ce que je vallais vraiment.
Ca m'aurais arrangée de me battre contre un total inconnu, j'aurais eu moins de scrupules à lui taper dessus, mais quand j'arrivais, une silhouette familière était assise dans l'arène.

- Salut, murmurais-je pour ne pas rompre le silence matinal qui nous entourait. Je sais pas si tu te souviens de moi, nous nous sommes rencontrée en cours d'anglais...Alors, tu es là pour te battre, toi aussi ? demandais-je en caressant des yeux les titanesques gradins (tous vides heureusement) qui nous entouraient.

J'entendis des bruits de pas résonnant dans l'arène. Enfin quelqu'un ! Je me tournai et aperçus une personne que j'étais persuadée d'avoir déjà vu quelque part. Je la saluai de la main. Je remarquai qu'elle était toute équipée. Je tirai sur mon débardant blanc. Je cherchai dans les poches de mon short quelque chose d'utile pour me rassurer. Mes doigts rencontrèrent un couteau suisse qui traînait par-là. J'eus un petit sourire.

- Oui je me souviens de toi... Usagi c'est ça ? Et ouais je suis là pour me faire aplatir comme une crêpe !

Je ris doucement. Je repris mon sérieux et cherchai à en savoir un peu plus sur mon adversaire.

- Tu es de quel affinité déjà ? Excuse-moi si je t'ai déjà posée cette question auparavant mais je ne me souviens pas toujours de ce que je dis.

J'eus un rire d'excuse.

Je souris.

- Pas de problème. Je suis affinité Terre, ange télépathe, je me bas au sabre et au couteau, mais si tu veux, je peux poser mes armes...Je ne penses pas t'applatir comme une crêpe, mais sache tout de même que je ne suis pas venue ici pour parler de la pluie et du beau temps...

- Garde tes armes.

Je reculai et souris. Je sortis mon ridicule couteau suisse et me mis en garde.

- Bats-toi avec sérieux. Ce sera la seule chose que je te demanderai.

Je pris un air grave et m'obligeai à entrer dans une sorte d'état second. Un état dans lequel je n'avais été que lorsque je devais exécuter un ordre funèbre. Et ça remontait à pas mal de temps. Une énergie nouvelle me picota à l'intérieur de moi-même. Je devais donner tout ce que j'avais. Pour progresser.

Un sourire carnacier étira mes lèvres.
Je ne pensais pas avoir à utiliser mon sabre, aussi je débouclais la ceinture et le posais au sol, assez près en cas de besoin.
Je dégainais à mon tour, et me mis en garde. L'aura de mon adversaire me plaisait, l'adrénaline commençait à monter, j'avais hate que le combat commence...

- A toi l'honneur, lui dis-je, totalement prête.

Je secouai la tête. Attaquer la première n'était pas vraiment ce que je préférais. Je fis glisser un bracelet de mon poignet et m'attachai les cheveux, plus lisse qu'à l'ordinaire. Sans prévenir, je me téléportai derrière elle, les mains toujours derrière la tête.

- Alors c'est parti, murmurai-je.

Je me penchai et tentai un coup de pied entre les omoplates. Ma détente était parfaite. Je souris. Oui, c'était parti.

Elle risquait d'être une adversaire redoutable. Je sentis les ronces, piquantes, agressives, s'enrouler autour de mes chevilles. Si j'avais bien compris ce qu'elle m'avait dit, elle était ange télépathe... Je devais agir avant de penser aux conséquences. Chose assez difficile. Une fois qu'elle fut lancée, je m'accroupi et attrapai son pied pour la lancer dans la même direction, plus vers le sol. J'envoyai de l'électricité dans mes jambes qui grillèrent les ronces. Je secouai les jambes pour me débarrasser du cramer et la seconde d'après j'étais face à elle, prête à enfoncer mon poing dans son menton.

Elle semblait vouloir éviter le combat rapproché. Sans réfléchir, je me baissai, voyant une ronce foncé sur moi. Je ne fis pas attention à la seconde qui me renversa. Je grommelai et me relevai d'une impulsion dans les jambes. Je m'entourai d'une fine sphère de foudre, espérant naïvement que ça suffise à me protéger le temps que j'attaque une nouvelle fois. J'en créai une seconde, avec difficulté, non loin d'elle. Je me téléportai de l'une à l'autre sans les faire cesser d'exister. Il fallait dire que ça me bouffait de l'énergie, mais l'envie presque sauvage de vaincre mon adversaire ne me faisait pas ressentir cette faiblesse-ci. J'envoyai mon poing vers son ventre. Si elle cherchait à l'esquiver, j'enverrai un filet d'électricité qui pourrait au moins l'atteindre à environ un mètre.

Je cessai d'alimenter mes deux protections d'électricité et me concentrai sur sa barrière de plante. J'électrifiai mes deux poings et m'acharnai sur les ronces qui n'avaient rien demander à personne. Qu'elle sorte de son trou !

Un instant, je ne compris pas ce qui m'arrivait. Une douleur fulgurante me traversa la mâchoire. A l'instant où elle me toucha, ou peut-être lorsque son poing n'était plus qu'une caresse, je relâchai d'un coup de l'électricité que j'avais mis de côté depuis le début du combat. Les ronces qui m'avaient écorchées à vifs grillèrent. Je retombais lentement à terre. Mes bras saignaient par de petites blessures sans importance. Je repartis à l'assaut, me téléportant rapidement derrière en prenant soin de penser le moins possible, chose difficile lorsqu'on savait qu'il fallait que je visualise ce que je voulais faire avant de me téléporter. Je m'inclinai et tentai un coup de pied similaire à celui du début. Si elle tentait d'attraper mon pied, j'avais un autre coup de prévu...

Mon pied se figea dans le vide. Je la ramenai contre mon corps. Je vis les pieds d'Usagi viser mon ventre. Je plissai les yeux. J'envoyai de l'électricité dans mes mains et les attrapais. Je finis mon attaque en les lui coinçant avec ma jambe que j'avais repliée. J'envoyai une forte décharge.

Je me sentis propulsée en l'air. Je ne l'avais pas vu venir. J'étais atteinte au côté gauche. Le sang coulait abondamment. Jamais je n'avais vu autant de sang sortir de mon propre corps. La ronce m'envoya valser contre un mur. Saleté ! Je ne pus retenir un cri de douleur. Je ne me laisserai pas battre comme ça ! Il en était hors de question ! Je me relevai tant bien que mal, pressant ma plaie. Je voulais gagner.
PLus le sang coulait, plus mes forces s'amenuisaient. J'étais en rogne contre moi-même et contre elle.
J'en appelai à toute l'électricité que j'avais encore la force d'appeler. Des crépitements se firent entendre autour de moi. Puis, ce fut comme si l'orage éclatait. Assourdissant. Des centaines, des milliers de petites billes de foudre dansèrent autour de moi. Je ne me posais même pas la question de savoir comment je faisais ça. Soudain, elles foncèrent sur Usagi à une vitesse affolante. Je ne me laisserai pas vaincre. Je devais donner tout ce que j'avais.
Ma plaie me faisait mal. Ah si seulement je pouvais aussi me guérir.

Lorsque la pauvre Léonie valsa dans les airs avant de s'écraser contre un mur, je ne me rendis pas tout de suite compte que la décharge avait cesser.
Mes muscles se contractèrent violement encore trois ou quatre fois, puis mon corps se détendit soudain. Je gisais la, incapable de seulement me souvenir de mon prénom. Puis soudain, tous mes souvenirs affluèrent avec autant de violence que l'électricité qui avait meurtrit mon corps quelques instants plus tôt, et avec eux, la douleur.
Je hurlais comme je n'avais jamais hurlé. Des larmes ruisselèrent sur mes joues, et, me redressant péniblement, je comtemplais au travers du brouillard de mes larmes mes jambes ravagées.
Mon jean avait brûlé jusqu'en haut de mes cuisses, dévoilant le triste spectacle de ma peau, rouge et frippée comme un vieux prunneau, où des cloques se formaient avant d'exploser dans une gerbe de sang. Je passais une main secouée de violents tremblements sur mon visage. Non. J'avais perdu. C'était la fin.
J'allais abandonner, lorsqu'un éclair de lucidité traversa mon esprit.
Non. Jamais je ne perdrais plus un seul combat.
Kay. Etsuko. Kasumi. Rika. Itaku...tu sera fière de moi.
Je fermais les yeux pour prendre une profonde inspiration qui me déchira les poumons, et lorsque je les rouvris, mes iris vert émeraudes avaient cédé la place à un brun caramel très tendre.
Mais mon regard, lui, était tout sauf tendre.
Je sentis la profonde determination de Léonie, ainsi que sa colère...bien dérisoire face à la mienne.
Deux serpent de terre jaillirent du sol pour s'enrouler autour de mes bras et de mon corps alors que des milliers de billes de foudre fonçaient vers moi à une vitesse hallucinante. Il me soulevèrent brutalement, avant de m'emporter vers Léonie à toute allure.
J'entrais dans le champs d'action des billes...J'en pris une, puis deux, puis trois, puis des dizaines vinrent s'écraser sur mon corps ravagé ; j'étais sur le point de tomber dans les pommes, mais il fallait que je tienne, juste encore un tout petit peu...
J'arrivais sur Léonie, et autant de poings fermés qu'elle n'avait produit de billes électriques jaillirent de la terre à ma suite. Enfin sur elle, je serrais les dents, atrocement brûlée, et lui acennais un magistral coup de poing en pleine figure...suivit d'un autre, puis d'un autre et encore un autre. Les poings de terre martirisèrent son corps jusqu'à ce qu'ils aient tous porté leurs coups, et Léonie s'effondra devant mio, inconsciente et ruisselante de sang.

- J'ai...gagné, murmurais-je d'une voix éraillée, avant de m'effondrer au côté de mon puissant adversaire, plongée dans un coma réparateur...

C'était donc ça... Souffrir. Jamais encore je n'avais ressentie une telle douleur. Ou bien était-ce la défaite ? Je m'étais découvert un autre côté. Je n'aimais pas ce goût amer qu'était la défaite. Pourtant avant de perdre connaissance, je souris. J'avais tout donné. Et j'avais progressé.
Je me demandai quelle était cette lueur qui avait traversé les yeux d'Usagi. Pendant un instant, j'étais persuadée que son aura avait doublé. C'était le passage Etoile.
Je fermais doucement les yeux.