Je ne comptais pas mourir. Pas comme ça en tout cas. [Privé]

**Karasu** Dim 22 Aoû - 18:16

Une nouvelle journée commençait. Une nouvelle journée où j'allais devoir faire semblant d'aller bien.

Une nouvelle journée où je devrai sourire alors que je n'en avais pas envie, que je n'en avais plus envie.

Une nouvelle journée où je devrai faire l'idiot afin de d'éveiller le moins de soupçons possibles, afin de n'inquiéter personne.

Une nouvelle journée où je n'aurais voulu qu'une chose : rester au fond de la grotte dans laquelle je me trouvais et ne plus jamais en ressortir.

Une nouvelle journée où je devrais me battre contre cette douleur qui me déchirait le cœur depuis si longtemps que j'en avais presque oublié la première fois où il m'avait fait souffrir ainsi.

Une nouvelle journée où j'avais l'impression qu'il ne battait plus.

La seule chose qui m'indiquait qu'il battait encore était cette douleur. Cette douleur à laquelle je n'aspirais qu'à échapper et pourtant seul signe m'indiquant que je ne rêvais pas, que j'étais toujours en vie.

Une nouvelle journée où j'allais continuellement me sentir souffrir sans pouvoir rien y changer.

Une nouvelle journée sans vie.

Une nouvelle journée où je me sentirai comme mort, où je serai mort.

Je m'étais à peine réveillé que cette douleur au cœur m'avait de nouveau assailli, m'arrachant de nouvelles larmes silencieuses que personne ne verrait jamais tandis que mon cœur poussait des hurlements que personne n'entendra jamais.

Je les ai tous perdu.

D'abord Azuka pour avoir voulu passer le restant de sa vie avec moi.

Ensuite Yuki pour avoir cru que je ne l'aimais plus.

Après Electra pour avoir donné son âme à Alia pour lui permettre de revenir et car son heure était arrivée.

Et maintenant Tenshi.

A chaque fois que quelqu'un prend une place importante dans ma vie, je perd cette personne.

Je me transformai en corbeau et sortis de la grotte pour rentrer dans ma chambre en passant par la fenêtre ouverte et redevins humain. Je finis par tomber en avant sur mon lit et serrai les draps en étouffant un cri de rage et de douleur dans mon oreiller.

Je restai un moment ainsi ne voulant plus bouger, n'en ayant plus la force.

Mais je finis par me relever, les larmes aux yeux et perlant doucement le long de mon visage.

Ce ne fut pas une larme qui tomba au sol mais une goutte de sang, suivie d'une deuxième, puis d'un petit filet de sang.

Mes ongles changés en griffes de loup acérées étaient plantés dans mon poignet après que je me sois mis torse nu. Mes griffes remontèrent lentement le long de mon bras jusqu'à mon épaule, faisant tomber de nouvelles tâches de sang au sol et ouvrant de nouvelles plaies le long de mon bras déjà mutilé.

Pourtant je ne sentais rien. Je ne ressentais qu'une seule douleur : celle qui me dévorait le cœur depuis bien trop longtemps. La douleur physique n'arrivait plus à me la faire momentanément oublier. Au contraire, mon cœur me faisait de plus en plus souffrir au fur et à mesure que mes griffes remontaient le long de mon bras, comme si toute douleur que je pouvais ressentir ne pouvait me faire souffrir qu'au cœur.

Je finis par retirer mes griffes qui redevinrent des ongles.

Mon sang glissait le long de mon bras.

Je baissai mes yeux changés en ceux d'un serpent au sol et regardai le sang qui y était tombé sans autre expression que la douleur qui me dévorait de l'intérieur et qui se reflétait dans mes yeux.

Mes dents se changèrent en des crocs de léopard acérés. Je les plantai violemment dans mon avant-bras. Je ne ressentis même pas la douleur, ayant simplement l'impression d'avoir posé ma main sur mon avant-bras. Je retirai mes crocs en arrachant un morceau de chair que je crachai au sol.

Un nouveau filet de sang tomba au sol tendis que mes crocs redevenaient des dents.

Je ne sentais même pas le goût du sang dans ma bouche. Je nettoyai cette dernière du sang qui la recouvrait d'un revers de la main.

Je tombai à genoux, le regard vide.

Une seule chose trahissait l'état dans lequel j'étais : ces larmes que je ne parvenais pas à retenir et qui coulaient sans fin le long de mon visage.

Je n'arrivais même pas à me débarrasser de cette douleur. Je n'y arrivais plus.

Je tournai la tête vers ma table de nuit et me relevai. Je tendis la main vers cette dernière et l'ouvris.

Je plongeai la main dans le tiroir et en retirai une seringue et un flacon.

Il n'y avait que ça qui arrivait à me faire oublier cette douleur qui me dévorait un peu plus chaque jour, qui me rendait de plus en plus fou.

Je plantai l'aiguille dans le flacon et remplis la seringue d'adrénaline.

Cette fois-ci, je la remplis plus que d'habitude. Si la douleur physique ne m'aidait plus, il fallait que j'augmente la dose de la seule chose qui arrivait vraiment à me faire oublier cette douleur , ne serait-ce qu'un moment.

Je ne sentis même pas l'aiguille se planter dans ma peau. Je sentis à peine le produit entrer dans mon corps.

Je fermai les yeux, me laissant une fois de plus emporter par cette sensation merveilleuse, cette sensation d'excitation que l'on ressent lorsqu'on est sur le point de mourir.

Je rouvris les yeux et décidai d'aller m'allonger un peu.

Je n'eus pas le temps de l'atteindre.

Je me sentis basculer sur le côté, lentement, très lentement, comme au ralentit.

Je ne sentis même pas le contact avec le sol. Je n'entendis même pas le bruit sourd provoqué par ma chute.

Je me rendis compte que j'étais au sol uniquement lorsque je fus stabilisé sur le dos, la tête penchée en arrière faces aux nombreuses autres seringues que j'avais déjà utilisé et qui étaient cachées sous mon lit.

Petit à petit, je sentis mes paupières se faire de plus en plus lourdes. De plus en plus lourdes.

J'avais envie de dormir sans vraiment m'en rendre compte.

Tout devint noir autour de moi.

Je ne me sentis même pas sombrer dans le sommeil et encore moins que ma technique s'annulait, rendant désormais visibles les cicatrices de mes anciennes griffures ainsi que les plaies qui ne s'étaient pas encore refermées le long de mon corps ainsi que les traces d'aiguilles le long de mes bras que j'avais dissimulé grâce à mon pouvoir de Morphe.

Je ne me rendais compte que d'une seule chose : la douleur avait disparut.

Un dernier sourire se dessina sur mes lèvres tendis que mes larmes glissaient toujours le long de mon visage.

Ce dont je ne m'étais pas rendu compte, c'est que la douleur avait disparu au moment où mon cœur avait réellement cessé de battre.

**Dark** Lun 23 Aoû - 13:01

Chose qui n'arrive que très rarement, j'avais fini par m'endormir sur le sommet d'un arbre, dans la forêt. C'est toujours sympa d'escalader un arbre, de sauter de branches en branches, comme ça... De s'allonger et de regarder les nuages défiler à travers les feuilles. Sauf que quand on s'endort, c'est moins drôle. Vachement moins drôle.
En plein milieu de la nuit, je manquai de tomber, me rattrapant de justesse grâce à des réflexes que j'avais arrêté de soupçonner d'exister. Les muscles encore tout... Flagada ? après cette petite sieste, je ne tenais pas longtemps avant de chuter à nouveau. Instinct de survie oblige, je me téléportai avant de toucher le sol, atterrissant juste à temps sur la branche la plus basse de l'arbre sur lequel j'avais eu la sublime idée de grimper et de m'endormir.
Blasée et le coeur encore en panique face à ce réveil assez brutal, je me téléportai dans ma chambre pour terminer ma nuit. La lune était encore haute dans le ciel alors... Y avait pas de raison. Jetant un bref coup d'oeil à mon réveil, je soupirai. En plus il est tard... Je me téléportai dans la chambre de Mist, m'assurait que tout allait bien, et l'embrassai doucement dans le cou avant de retourner dans ma chambre, retirant rapidement tous ces vêtements futiles pour me glisser dans mes draps. Bon, pour le coup... J'avais oublié de refermer les rideaux alors... C'est avec un soleil radieux que je fus tiré hors de ma léthargie.
Je grommelai, luttai contre la lumière du jour, en vain, avant de me mettre assis dans mon lit, agacé. Je traînai des pieds jusqu'à la salle de bain, me hissai dans la douche. J'arrêtai alors l'eau pour me passer le shampooing dans les cheveux quand un bruit attira mon attention. La chambre d'à côté, c'est Karasu, nan...? Ca lui arrive régulièrement de cracher dans sa chambre...?
Sans trop comprendre, je refis couler l'eau, et terminer ma douche rapidement. Je m'habillai, retournai dans ma chambre, ma serviette autour du cou pour essuyer mes cheveux, quand je tiltai. Je m'arrêtai brusquement de marcher, et tournai la tête vers le mur qui séparait ma chambre de celle de mon meilleur ami. Pourquoi est-ce que son énergie... devient de plus en plus faible comme ça ? Je fronçai les sourcils, sentant l'inquiétude monter petit à petit en moi, et décidai de rester vigilant, sans pour autant imposer ma présence comme ça dans sa chambre. Alors que je me décidai à aller tout de même toquer à sa porte pour voir si tout allait bien, j'entendis un bruit sourd. Le bruit d'une chute. Bordel, mais il fout quoi ?!
Sentant la tension prendre possession de mon corps, je me téléportai dans sa chambre pour le découvrir, au sol... mort ? Des tonnes de cicatrices, un bras en sang, des traces d'aiguilles, sa tête relevée en arrière, un sourire dessiné dessus. Mon coeur rata un battement. Bordel.
La rage commença à s'emparer de moi lorsque j'aperçus une seringue tombée au sol, pas loin de lui. Je serrai les dents, me jetai au sol à côté de lui, tentant de prendre son pouls, bien que je n'eus plus senti son énergie. Je tapai du poing au sol, pestai.

-Ma parole, mais qu'est-ce que tu peux être con Karasu !

Je fixai le sang sur son bras qui coulait encore, fixai son visage bienheureux, fixai sa seringue. Putain ! Mais comment j'ai pas pu voir tout ça ?! Et il dit que je suis son meilleur ami ?! Je suis même pas foutu de voir quand il va mal !
Je rageai, passai mes bras sous son corps couvert de plaie et me téléportai immédiatement dans l'infirmerie, me précipitant vers un lit pour l'y déposer, arrêtant toutes les infirmières que je croisais pour les confronter au cas de Karasu. Abruti. Crétin fini. Imbécile. Bordel mais tu vas crever connard !
Je restai à côté de lui tandis que les infirmières se multipliaient, couraient chercher un défibrillateur, appeler en urgence des guérisseurs. L'une d'elle m'annonça qu'il avait fait un arrêt cardiaque. Non, sans blague ? J'aurais pas remarquer, tiens.
Je restai silencieux, observant la scène, serrant mes poings à sang. Dès qu'il se réveille je l'explose. Dès qu'il se réveille, je le défigure. J'en ai rien à battre. Ce bouffon a fait la pire connerie de sa vie ! Mais merde à la fin !
Les infirmières, se pressant autour de lui, le déshabillèrent rapidement pour mieux le guérir, posant un million d'armes à côté de son lit. Je fermai les yeux, inspirai un grand coup. Ca va, ce débile ne s'est pas non plus enfoncer de lame dans le coeur ou tirer une balle dans la tempe. Il a fait un effort pour choisir une meilleure fin, dis donc ! Genre, je me laisse simplement dépérir en me piquant et en me mutilant. C'est plutôt fun je trouve.
Je rouvris mes yeux que la colère avait rendus dorés. A bout de nerfs, je m'assis sur une chaise à côté, observant avec stress tous ces guérisseurs tourner autour de lui pour tenter de le guérir, de le récupérer.

-Il y a pas longtemps encore, il a déjà failli y passer... Ce master nous donne du fil à retordre !

Je tournai vivement la tête vers l'infirmière qui arrivait en courant, plein de nouvelles bricoles en main, l'autre derrière se ramenant avec les perfusions et tout le bordel. Je clignai des yeux. Pardon ? "Il y a pas longtemps encore, il a déjà failli y passer" ? Je reportai mon regard doré sur l'imbécile, sentant mes phalanges blanchir sous la pression que j'exerçai dans mes poings. Connard. T'es qu'un connard. Tu dis rien à personne, tu manques de crever... Mais t'es quoi au juste ?! J'te préviens mon gars... Que ce soit clair. Que ce soit bien clair. Quand tu te réveilleras -parce que tu vas te réveiller- t'auras intérêt à tout m'expliquer. Et quand je dis tout... C'est tout. J'espère que t'as bien compris ? Je te jure que sinon, je saurais trouver un moyen de te faire souffrir.
Je continuai à observer la scène, muet, fixant les infirmières, puis Karasu, puis l'écran, en boucle, me retenant de casser tout ce qui passait à côté de moi à chaque fois que la ligne redevenait de plus en plus uniforme, indiquant les battements lents de faibles de son coeur. Au bout d'un moment, n'y tenant plus, je me levai d'un bond, posai une main sur mon torse et en tirai de l'énergie, m'avançant à grand pas du lit du malade. Je poussai deux guérisseurs, et incrustai dans la poitrine de Karasu toute l'énergie que j'avais pus m'extraire. Je recommençai deux ou trois fois, fixant sa ligne de vie, ignorant les cris des infirmières qui m'ordonnaient d'arrêter. Je me stoppai uniquement lorsque les battements de son coeur commencèrent à redevenir réguliers et normaux. Je m'éloignai lentement, à bout de souffle. Bordel... J'ai plus d'énergie moi ! Je me laissai tomber sur mon fauteuil, insultai les infirmières qui venait me voir pour leur ordonner d'aller s'occuper de Karasu. J'étais juste fatigué merde ! Pas besoin de s'occuper de moi ! Lui, il a failli crever, ce salaud !
Je posai mon coude sur l'accoudoir et fermai mon poing, appuyant ma joue dessus, haletant. Je fixai l'abruti, sans dire un seul mot, ayant décidé d'ignorer les infirmières, leur jetant un regard noir à chaque fois qu'un guérisseur s'approchait un peu trop de moi.
Petit à petit, l'état de Karasu sembla s'améliorer de plus en plus, et l'équipe qui s'occupait de lui diminua en parallèle. Je continuai à le scruter, stoïque, attendant qu'il se réveille, bien qu'une aide-soignante m'aie affirmer qu'il allait sûrement dormir un bon moment maintenant.
Les bandages se multipliant sur ses bras, les perfusions gisant à gogo, je ne pus retenir un petit sourire satisfait. Toi qui déteste ça, c'est bien fait pour ta gueule, connard.
Tu voulais crever ? La meilleure des punitions que tu puisses avoir, c'est celle de vivre. Alors vis, abruti, et ne cherche plus jamais à refaire une connerie de ce genre.

HRP : Comme j'ai eu plutôt du mal à écrire ce post, j'espère vraiment pour toi qu'y a pas de problème U_U A part ça, tu m'en veux pas pour les insultes, hein ? *3* (Nan, seriously, si ça va pas, sorry >o<)

**Karasu** Lun 23 Aoû - 14:16

Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Je ne comprenais plus.

Tout était sombre autour de moi. Je n'avais plus aucune sensation. Je n'étais plus rien.

Ça devait être ça la mort.

Non. Ce n'était pas ça. Si j'étais mort, je n'aurais pas conscience de tout ça.

La dernière chose dont je me souvienne, c'est la vision de mes seringues sous mon lit et cette sensation de bien être lorsque la douleur avait cessé. Puis, je ne me souvins de rien avant d'avoir conscience de mon état : je n'étais rien dans cet univers sombre, sans le moindre repère sensible.

La mort devait être ce passage dont je ne me souviens pas.

Puis soudain, j'eus l'impression de recevoir une décharge électrique et je sentis une sorte de battement. Un battement qui m'était familier. Le battement de mon cœur.

Des sons me parvenaient mais je n'arrivais pas à les distinguer.

Tous mes sens étaient mélangés. Je n'arrivais plus à savoir ce que j'entendais de ce que je sentais, de ce que je respirais ou de ce que je touchais.

Puis, une sorte de flash m'apparut et je vis défiler certains évènements de ma vie. Comme si le fait de voir sa vie défiler sous ses yeux avant de mourir s'appliquait mais avec un certain temps de retard.

Les sourires que je faisais pour essayer de dissimuler ma douleur.

Les rares moments de la journée où je me retrouvais dans ma chambre dans le seul but de m'injecter une dose d'adrénaline pour supporter la douleur que je ressentais au cœur.

Les fois où je m'entaillais le corps de diverses façons pour également oublier, dissimuler cette douleur avant de dissimuler ces blessures grâce à mon pouvoir de Morphe.

Je repensai au bien que m'apportaient ces blessures que je me faisais. Elles me permettaient d'oublier un moment celle que j'avais au cœur. Mais ces blessures ont très vite fini par devenir insuffisantes et n'arrivaient plus à dissimuler cette douleur.

A chaque nouvelle blessure, ma douleur au cœur était moins cachée que la fois précédente. Si bien que j'avais même commencé à ne plus sentir les blessures légères que je recevais.

Plus le temps était passé, plus cette douleur au cœur s'était élargie au lieu d'avoir cicatrisé.

C'est pour cette raison que j'ai fait ces "expériences" : pour que les sensations qu'elles me produisaient me fassent un moment oublier cette douleur, que mon corps éprouve une douleur suffisamment violente pour masquer celle qui me rongeait de l'intérieur.

Et puis ces larmes que j'avais versé quand j'étais certain que personne ne les verrai. Ces larmes dont j'avais tellement honte. Ces larmes me revinrent à l'esprit. Plus jamais je n'en verserai une. Je ne savais pas comment je le savais mais... je le savais. C'était comme si je sentais que mon corps avait fini par s'en immuniser, comme il se serait immunisé contre une maladie.

Et soudain, je La sentis de nouveau.

Non. Pitié, je ne veux plus avoir à La ressentir.

La douleur réapparut et accompagna ces battements que j'avais identifié comme étant les battements de mon cœur.

A cet instant, mes sens se réorganisèrent et cette obscurité immatérielle disparut. Je me retrouvai simplement dans le noir habituel, celui dans lequel nous nous trouvons lorsqu'on ferme les yeux.

Je sentais le goût du sang, mon sang, dans la bouche.

J'entendais des voix autour de moi, certaines stressées, d'autre commençant à se rassurer, d'autres énervées.

Je sentais l'air glisser sur ma peau, signe que j'étais toujours sans haut.

Je sentais l'odeur de l'éther autour de moi.

J'étais à l'infirmerie.

...

De quoi? A l'infirmerie? Mais comment? J'étais seul tout à l'heure et dans ma chambre, pas à l'infirmerie.

Je ne parvins pas à réfléchir davantage. J'avais mal à la tête. Affreusement mal, c'était l'effet de l'adrénaline ça.

Et puis cette douleur. Pourquoi est-ce qu'elle est revenue? Je n'en peux plus. Je ne veux plus la supporter. J'ai envie qu'elle me laisse tranquille, qu'elle disparaisse.

Mais elle est toujours là.

Ce fut elle qui me fit ouvrir les yeux.

La lumière blanche m'éblouit et je clignai des yeux pour ne pas être aveuglé et une fois qu'ils se furent habitués à la lumière, je regardai autour de moi. Plusieurs infirmières étaient autour du lit sur lequel j'étais allongé et un peu plus en retrait, je vis assit sur une chaise...

- ... Dark? Dis-je d'une voix faible mais... changée.

J'avais une drôle de sensation dans la gorge. Cette voix que j'avais, on aurait dit un mélange de la voix de Karasu et celle d'Akira.

C'était donc celle-là ma vraie voix. Ni celle qu'Akira avait avant ni celle que le Karasu qui ne voulait pas inquiéter utilisait mais une voix plus... posée, fluide, calme et toujours avec la même teinte cristalline.

C'était donc Dark qui m'avait mené ici? Il avait l'air épuisé.

**Dark** Lun 23 Aoû - 16:11

A l'entente de la voix légèrement différente de Karasu, j'ouvris grand les yeux, secouai la tête pour interdire à mes paupières de se refermer à nouveau. Il m'avait bien crevé ce bouffon.
Cependant, en le voyant... Vivant, je soupirai de soulagement. Abruti. La prochaine fois que tu me fais une frayeur pareille, je t'achève de mes propres mains.
Je le fixai, inexpressif. S'il s'attend à un sourire, il peut d'ores et déjà crever la gueule ouverte. A quelques minutes près, c'était trop tard. En gros... Si j'avais pas été Téléporteur, il serait mort. Je relevai la tête posée sur mon poing et plantai mes yeux dans les siens, en guise de seule réponse à sa question. Même pour un "oui ?" il peut crever ! C'est hors de question que j'lui fasse des cadeaux maintenant !
J'suis pas sévère, j'suis réaliste ! Il vient de faire la plus grosse connerie de sa vie, et il s'attend à ce que je lui saute dessus et le serrant contre moi, pleurant parce qu'il est en vie ? Bien sûr. Logique. Carrément logique. Mais surtout imaginaire.
Lorsque je fus sûr qu'il fut totalement -du moins dans son état actuel- réveillé, je fronçai les sourcils, agacé.

-Si ça ne tenait qu'à moi, et si y'avait pas une dizaine d'infirmières te fixant toutes les dix secondes pour s'assurer que tout va bien, je t'aurais déjà collé mon poing dans la figure, espèce d'abruti, déclarai-je froidement.

Je me retins de pester, et détournai le regard, observant un guérisseur qui s'occupait d'un patient plus loin. Un môme de 13 ans qui venait de s'entailler le genou, genre, normal. Je soupirai et regardai Karasu du coin de l'oeil, froid.

-J'espère que t'as mal.

Je m'enfonçai dans mon fauteuil levant les yeux vers le plafond, laissant tomber ma tête en arrière, crevé. Tout ça pour un crétin qui a carrément abandonné la vie. Mais j'en reviens toujours pas quoi ! Il faut pas être bien ! Qu'est-ce qui lui a pris par la tête ?! Et pourquoi, pourquoi il souriait toujours ? Pourquoi il disait rien ? Pourquoi il a tout caché comme ça ?! Ses cicatrices, les infirmières ont dit que ça faisait un moment qu'il les avait, et pourtant, pendant la mission, j'ai rien vu ! Je suis pas con, il les a dissimulé !

-'Chier ! m'écriai-je alors. T'es chiant comme mec ! C'est impossible de te comprendre ! Tu ris, tu fais l'imbécile, tu dis que tout va bien, et dans ton coin... Dans ton coin...

Je ramenai ma tête droite, le fixant dans les yeux.

-Mais t'étais obligé de faire ça, bordel ?! T'étais vraiment obligé ?! Tu pouvais pas en parler, essayer de t'arranger pour que ça s'améliore ?! Nan, il fallait que tu te mutiles dans ton coin comme un crétin, que tu te drogues... Mais ma parole, t'as réfléchi une seconde avant d'agir ?!

Je fermai les yeux, et détournai le regard, serrant les poings, à bout de nerf. Il va me rendre fou cet espèce d'abruti... Je pestai, rouvris mes yeux de nouveau doré dans sa direction. Je me pinçai l'arête du nez, tentant vainement de me calmer.

-Tu sais quoi ? J'suis content de t'apprendre que tu n'as que failli crever. T'as pas de chance, hein, ton voisin -me parle pas de "meilleur ami"- est téléporteur, alors la vitesse de déplacement, il connait. C'est pas de bol que ton suicide est merdé à cause de moi.

Je le fixai, glacial, avant d'aller cogner mon poing contre le mur à côté de moi, enragé.

-J'espère vraiment que ça va te faire chier de vivre maintenant, pendant au moins quelques bons mois, parce que sinon, ça va vraiment m'emmerder de t'avoir sauver sans pouvoir me venger de la frayeur que tu m'as faite.

Je secouai finalement la tête et m'arrêtai de parler. Un guérisseur arrivait pour s'assurer de son état. Il prit son poul, vérifia ses blessures, lui assurant qu'il reviendrait plus tard pour terminer de tout guérir. Je crois que c'est en voyant mon regard qu'il s'était senti obligé de pas traîner.
Une fois le gêneur envolé, je dévisageai Karasu.

-En plus, t'as de la chance, y a plus de la moitié de mon énergie qui circule en toi en ce moment. Jusqu'à ce que tout ton sang ait été remplacé, tu vas peut-être avoir la superbe sensation de pas être complet ou... J'sais pas. En tout cas, tu vas pouvoir me détester pour t'avoir sauver la vie.

Je soupirai longuement, en colère, avant de secouer ma main, ne remarquant que maintenant qu'elle s'était mise à saigner après avoir rencontré le mur.

-A propos. J'ai oublié de te le dire, mais j'exige des explications. Tant que tu ne m'auras rien dit, je ne bougerais pas d'ici.

**Karasu** Lun 23 Aoû - 17:12

Il parut d'abord surpris, probablement à cause de ma voix lui aussi, puis son visage devint inexpressif et son expression, ainsi que sa voix se firent glacées, si glacés que j'en restai stupéfait. Je le regardai avec de grands yeux. C'était la première fois que je le voyais comme ça. La dernière fois que j'avais vu une expression semblable dans son regard, c'était lors de la mission de récupération d'Aëlita quand on mentionnait cette dernière.

Il m'en voulait. J'aurais voulu le comprendre mais... je n'y arrivais pas. Qu'il ait été inquiet en voyant quelque... mort, peut-être, je ne sais pas vraiment dans quel état j'étais lorsqu'il m'a trouvé, est compréhensible mais pas quand il s'agissait de... moi. Je ne méritais pas qu'il s'inquiète pour moi alors pourquoi l'avait-il été?

Lorsqu'il dit qu'il espérait que j'avais mal, je me mordis les lèvres et détournai le regard.

Oui. Oui j'ai mal. Mais pas là où tu espères que j'ai mal. J'aurais d'ailleurs préféré avoir mal ailleurs. Cette douleur que j'avais là, elle était insupportable. Je ne voulais plus la ressentir.

Je n'arrivais pas à lui répondre en l'entendant s'emporter mais le regardai tout de même. En voyant ses yeux devenir dorés, je réalisai à quel point il devait être énervé et en colère après moi.

Par contre, à sa remarque suivante, six mots se répercutèrent en écho dans ma tête.

me parle pas de "meilleur ami"

Il ne me considérait donc plus comme son ami. La première pensée qui me vint à l'esprit fut de saisir cette occasion pour le convaincre de son choix et de définitivement couper les ponts avec lui. Mais j'avais déjà fait cette expérience avec Yureka et je l'ai amèrement regretté ensuite. Alors s'il s'agit de mon meilleur ami (car même si la réciproque ne semble plus vraie, il l'est toujours) je sais déjà comment ça se finira. Mais s'il décide de ne plus me parler, je ne le retiendrai pas. Il aura eu raison et je ne l'y aurais pas obligé comme j'ai essayé de le faire avec Yureka.

Lorsqu'il cogna contre le mur et poursuivit, je baissai la tête et serrer les dents et les poings. Mais ces derniers me firent mal et je vis alors que j'avais des perfusions sur les mains et le long des bras.

Le Guérisseur entra à ce moment-là pour vérifier mon poul mais il se fait des idées s'il crois que je serai là quand il reviendra. Quand il se dirigea vers la sortie, je regardai automatiquement la fenêtre que je voulais ouvrir et franchir. Lorsque je reportai mon attention sur Dark, ce dernier me dévisageait.

C'est donc ça cette... sensation bizarre que je ressens? J'avais à la fois l'impression d'être dans mon corps mais... qu'autre chose s'y trouvait également, une autre chose qui ne faisait pas partie de mon corps.

Je constatai que la main de Dark saignait après qu'il ait frappé contre le mur. Je n'arrêterai donc jamais de provoquer, que ce soit directement ou indirectement, du mal à ceux qui comptent pour moi?

Il faut que je sorte d'ici. Il faut que je sorte et trouve un endroit où je ne croiserai plus personne, comme ça, j'arrêterai de faire du mal à ceux qui comptent pour moi.

Je saisis une perfusion et me l'arrachai d'un coup sec de la main.

-Tout d'abord, je n'ai pas essayé de me suicider.

Je m'arrachai une seconde perfusion.

-Si j'avais voulu mourir aujourd'hui, ce n'est pas comme ça que je m'y serais pris.

Une nouvelle perfusion fut retirée.

-Ensuite oui j'ai mal, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai fait... ça.

Deux nouvelles perfusions furent enlevées avec plus de violence. Je sentais la colère commencer à monter en moi.

-Après, en parler n'aurait jamais résolu le problème et chacun est assez débordé par ses propres soucis sans avoir à gérer ceux des autres.

Mon premier bras était libéré.

-Et enfin oui. Oui ça me fait chier de savoir que je vais continuer à vivre.

Je saisis tous les fils des perfusions qu'il me restait et les tirai d'un coup sec pour arracher les aiguilles de mon corps. Un cri de douleur m'échappa mais je me redressais déjà.

Je me tournai vers Dark et le regardai dans les yeux. Mon regard s'attrista et je baissai les yeux sur mes jambes.

-Je suis vraiment désolé de t'avoir inquiété et que tu aies dû gaspiller ton énergie pour moi. C'était justement ce que je voulais éviter.

Je me relevai et... le monde se mit à tourner autour de moi et j'eus un voile blanc qui me brouilla la vue et je préférai me rassoir. Je posai mon visage dans ma main et restai sans bouger en attendant que ma tête cesse de tourner. Lorsque je vis de nouveau normalement, je me tournai vers Dark.

-Je suis vraiment désolé.

Une nouvelle fois, la douleur de mes bras fut rapidement couverte par la douleur que j'avais au cœur.

-Je suis désolé. Répétai-je plus faiblement.

Pourquoi est-ce qu'elle ne s'en va pas? Pourquoi continue-t-elle à me dévorer?

-Je suis désolé. Dis-je en un murmure en serrant les poings et les dents, mes cheveux tombant en avant et cachant mon visage.

J'en ai marre. J'ai envie que tout ça s'arrête.

Je me laissai basculer sur le côté, tombant contre le matelas.

-Pardon. Je suis désolé Dark. Dis-je en serrant les draps de toutes mes forces.

J'avais envie de pleurer mais aucune larme ne me vint aux yeux.

**Dark** Lun 23 Aoû - 20:59

Je l'écoutai parler, sans sourciller. Si c'était pas comme ça qu'il s'y serait pris par mourir, ça aurait été comment ? D'une certaine façon qui aurait fait que personne n'aurait pu l'aider ? Je serrai le poing, laissant mon sang couler goutte par goutte au sol. Ca le fait chier de vivre, et pourtant, il voulait pas mourir, hein ?
Chut. Calme. Reste calme Dark. Respire. C'est pas comme si ton meilleur ami avait envie de crever. C'est pas comme si ça faisait des mois qu'il te cachait sa souffrance en osant te considérer comme son meilleur ami.
Je me retins de l'attraper par le col et de lui en foutre une lorsqu'il déclara qu'en parler n'aurait rien arrangé, et que de toute façon, tout le monde était trop occupé. Je dis pas que ça se serait arrangé tout seul ! Bordel, mais... Il va me pousser à bout, vraiment !
Je tournai la tête, refusant de le voir retirer toutes les perfusions qu'il lui restait d'un coup. Ducon, t'a pas compris que là, t'es encore faible ? J'ai même pas besoin d'avoir tous mes pouvoirs pour constater que ton énergie est au plus bas ! T'es au courant que t'as fait un arrêt cardiaque ?! Merde, il veut vraiment que j'le défigure ?!
Je me retins, serrant les dents en plus de mes poings. C'est ça. Excuse-toi... Excuse-toi.
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.
Quatre fois...
Et s'il me refait un autre arrêt cardiaque, c'est clair, je me retiens plus, et j'le frappe jusqu'à ce qu'il soit incapable d'ouvrir la bouche ou de bouger le moindre petit doigt.
Je me levai de mon siège, à bout de nerf, et marchai vers lui d'un pas lourd.

-Tu m'énerves, crachai-je en le poussant pour le mettre sur le dos, attrapant les perfusions qui pendaient pour tenter de les lui remettre.

Il est con, c'est vraiment pas croyable ! Je sais même pas comme ça marche, cette merde !
Quoi qu'au moins comme ça, il va p't'être m'écouter sans répondre, sans se chercher d'excuses ou je ne sais quoi. Je lâchai les perfusions, glissai mes mains dans mes poches, le fixant, dur, ne bougeant pas d'un pouce avant d'ouvrir enfin la bouche.

-Tu sais quoi ? J'm'en tape d'avoir soi-disant gaspillé mon énergie pour toi. Je m'en tape de ton souhait de ne vouloir déranger personne avec ça. Et je m'en tape de tes excuses. Si tu savais comme je m'en fous ! Ce que je veux savoir, c'est pourquoi ? Pourquoi t'as fait ça ? Parce qu'honnêtement, je comprends pas.

Je me mordis la lèvre inférieure, énervé de ne même pas pouvoir voir ses yeux, cachés derrière ses cheveux. Je sentis à nouveau la tension monter en moi, et je me forçai à garder mes mains dans mes poches, préférant éviter un nouvel emportement. Il va faire quoi encore après ? Me dire "désolé" ? Ca ira, j'en ai eu assez. Et j'en peux plus de ce mot. J'en peux plus depuis que j'ai brisé... Claw, en le disant.
Je rageai intérieurement, lâchai un juron avant de reprendre :

-Franchement, j'aimerais savoir pourquoi tu fais tout ça. J'te dis pas qu'en parler aurait tout guéri. Mais ça aurait pu te soulager un peu. T'aider à aller mieux. Merde à la fin, j'sais pas si tu comprends ! Tu veux inquiéter personne, mais si tu claques, tu crois quoi ? Que les gens vont être heureux et sourire ? Bordel, tu comprends pas que tu leur feras encore plus mal ! Je parle pas que pour moi ! En faisant ça, tu vas les détruire complètement ! En plus de s'en vouloir pour ne pas avoir vu que tu chutais considérablement, ils vont te regretter, pleurer ton absence ! Tu sais pas ce que veut dire le mot "manquer" ou quoi ?!

Je me tus d'un coup. Si je continuai, j'allais vraiment l'égorger... D'autant plus que vu son état, il allait pas tarder à retomber dans l'inconscience. Je poussai un long soupir, le fixai dans les yeux encore quelques instants avant d'appeler une infirmière pour lui ordonner de remettre les perfusions de Karasu. Si elle croit que j'vais être aimable avec elle, elle rêve.
J'attendis quelques instants, me massant les tempes, tentant de me calmer. Lorsqu'elle s'éloigna après quelques minutes, je regardai mon pseudo meilleur ami.

-Et pis, mon gars. J'suis en train de me demander si tu mues pas là. Alors s'te plaît, profite de ce changement de voix pour changer l'intérieur de ta tête aussi... Parce que t'as vraiment besoin de ça. Il faudrait que tu comprennes que t'es pas un boulet pour les autres. Que si t'as des amis, ils sont aussi là pour t'écouter. Y a pas que toi qui doit écouter leur problème. Visiblement, j'suis pas la première personne vers qui tu voudrais t'orienter pour te confier, mais si c'est pas avec moi, fais-le au moins avec quelqu'un d'autre. Parce que si j'te retrouve encore une fois comme ça, j'te préviens que je me retiendrais pas.

Je soupirai, m'apercevant qu'une de mes poches prenait une teinte rougeâtre. J'avais oublié qu'elle saignait cette main, tiens... Je relevai les yeux vers Karasu.

-En attendant, j't'interdis de bouger d'ici. J'm'en fous de c'que tu pourras dire. Tant que tu seras pas entièrement remis, je te surveillerais. Si tu veux que j'prévienne les personnes à qui tu tiens vraiment, fais-moi signe, sinon je resterais tapi dans l'ombre à te regarder jour et nuit, pour être certain que tu te remets de ton arrêt cardiaque. Si ma présence te fait chier, tant pis pour toi, sinon, tant mieux. Quoi que tu dises, je bougerais pas d'ici. J'espère que c'est clair.

**Karasu** Mar 24 Aoû - 2:43

Je ne cherchai même pas à résister lorsqu'il me poussa pour que je me retrouve sur le dos. Je me redressai lentement. Tout m'apparaissait au ralentit et au contraire, ses paroles semblaient défiler à une vitesse consternante.

Je ne bronchai pas lorsqu'il s'approcha de moi avec les perfusions mais regardai tout de même ces dernières avec peur. Je déteste ces choses-là, je ne supporte pas de les voir pointées ver moi.

Je l'écoutai me dire qu'il se fichait d'avoir gaspillé son énergie pour moi. Je l'écoutai dire qu'il se fichait du fait que je ne voulais déranger personne. Je l'écoutai dire qu'il se fichait de mes excuses. Je l'écoutai parler sans rien répondre, baissant la tête et laissant mes cheveux me tomber sur le visage.

L'entendre me faire ses grands discours m'énerva presque autant que lui et mes yeux se changèrent en ceux d'un serpent mais je préférai me calmer que de m'emporter à mon tour et mes yeux redevinrent normaux sous mes mèches.

-T'es bien placé pour me dire ça.

Je relevai la tête et le regardai tristement.

-Tu crois que t'es le mieux placé pour me donner ce genre de conseil alors qu'à la dernière mission que nous avons fait ensemble tu n'allais pas bien du tout? Tout le monde te questionnait du regard, tout le monde s'inquiétait pour toi et toi tu as fait quoi? Tu es resté dans ton coin. Alors s'il te plaît ne dit pas que tu ne serais apparemment pas la première personne vers qui je me serrais confié car tu as fait exactement la même chose de ton côté.

Je savais, que ça l'énerve davantage ou non, que je regretterai mes paroles mais elles sortaient toutes seules là. Mais moi aussi il m'a fait peur à n'avoir rien dit, d'ailleurs c'est toujours le cas.

-Et puis en parler ne m'aurait pas du tout aidé. Au contraire, ça n'aurait fait qu'élargir une blessure qui ne s'est jamais refermée et ça aurait risqué d'inquiéter ceux à qui je l'aurais dit et je ne veux surtout pas voir leurs regards inquiets et pleins de pitié envers moi. Je veux les voir sourire et heureux.

Et pas me sentir si faible, plaint par les autres.

Et puis si je mourrais, ils seraient peut-être tristes un moment mais leur douleur aurait fini par passer et ils m'auraient oublié alors à quoi bon les inquiéter avant que cela n'arrive?

Je me mordis les lèvres et baissai la tête pour finir par la hocher doucement.

-Oui justement. Je sais ce qu'il veut dire ce mot. Beaucoup trop même.

J'allais poursuivre mais secouai la tête.

-Mais de toute façon, ça aussi tu t'en ficheras vu que je n'en aurais pas parlé alors à quoi bon?

Je regardai les perfusions qu'on venait de me remettre. Je tentai de changer mes dents en crocs pour les trancher en deux mais rien ne se passa. J'étais encore trop faible pour pouvoir me servir de mes pouvoirs. Inutile de penser à sortir par la fenêtre donc.

-Et ne te donnes pas la peine de me surveiller. Je ne ferai que te décevoir encore plus.

Je serrai les poings.

-Et j'en ai assez de décevoir et faire souffrir les autres, surtout quand c'est mon meilleur ami.

**Dark** Mer 25 Aoû - 11:35

Je me téléportai face à mon fauteuil, énervé, lorsqu'il se remit à parler de la mission. Ok j'avais ignoré les question. Ok j'en avais pas parlé. Ok... Mais c'était différent. Parce que moi, j'avais pas non plus chercher à le cacher. Je n'avais pas fait semblant de sourire, de rire. Je ne m'étais pas mutilé ou encore piqué... J'avais rien fait de toute ça. J'avais simplement refusé d'en parler.
Je me laissai tomber sur le siège, énervé, remuant toute cette rage en moi. Sans dire un mot, je le fixai, j'écoutai ses paroles, ses explications, fronçant de plus en plus les sourcils au fils de son explication. Je me figeai pourtant en entendant sa dernière phrase. Ses trois derniers mots. Je détournai le regard, agacé, et sortis mon poing ensanglanté pour le mordre. Arrête de t'énerver pour un rien Dark. Arrête, putain ! Respire, allez... Un, deux...
Je posai mon coude et retirai mon poing de ma bouche, le tapant contre mon gré contre l'accoudoir. Je me levai d'un bond, fixai Karasu, sentant mes yeux briller. Il fallait croire que le mot "calme" ne faisait pas partie de mon vocabulaire à cet instant, hein...

-Karasu.

Je soufflai. Si je l'agresse, on en finira jamais, bordel...!

-Pour commencer, si je n'ai rien dit pendant la mission ou même que ce soit avant ou après, moi je ne me suis pas entièrement caché derrière des sourires. J'ai rien fait dans le dos des gens, et tu pourras... venir dans ma chambre, il n'y aura aucune seringue dans mon lit. D'accord, j'ai peut-être cassé des choses par colère, mais j'ai pas chercher à me détruire moi-même. P't'être que c'est parce que je tiens trop à moi, hein ? Après tout, je suis quoi ? Un égoïste, un égocentrique...? Tout ce que tu veux, j'm'en fous de toute façon.

Je poussai un long soupir, m'approchai de lui, m'arrêtai à côté de son lit et le fixai.

-Mais abandonner la vie comme ça, c'est lâche. Et toi, t'es pas un lâche. C'que tu fais c'est... J'arrive toujours pas à comprendre. Et je crois que je comprendrais jamais. La première fois que j't'ai rencontré, et même toutes les fois d'après... Jamais j'aurais pu croire que tu aurais fait ça. J'te dirais pas toute la merde qu'on aura pu te dire, genre que tu es gentil, tout ça. C'est p't'être vrai, mais pour le coup, c'est pas c'qui compte. Je sais pas ce qui peut te manquer autant qui fasse que tu ailles jusqu'à chercher à te punir de je ne sais quoi... Mais parfois il faut essayer d'aller de l'avant. Il faut faire son deuil et avancer...

J'inspirai un grand coup et tentai de me calmer. Je posai alors mes mains sur ses poings serrés.

-Faut pas que tu t'emportes. J'sais bien que j'suis chiant, énervant... Mais c'est parce que même si tu me déçois, si tu m'as déçu, je refuse que tu fasses souffrir les autres. Et le chemin que tu prends ne les empêchera pas de souffrir, au contraire.

Je lâchai ses mains, me relevai, glissai les miennes dans mes poches et détournai le regard, serrant les dents.

-J'sais pas si tu me considères encore comme ça... Mais si c'est le cas, alors dis-toi qu'il s'agit là des paroles de ton meilleur ami.

Je le regardai du coin de l'oeil, soupirai.

-Et te surveiller ne me dérange pas. Je peux même faire installer des caméras de surveillance, si tu veux... Qui sait, peut-être qu'on pourra même m'en créer une qui vole et qui suit sa cible à la trace...

Je l'observai quelques instants et retournai m'asseoir sur mon fauteuil.

-J'sais bien que j'peux pas comprendre c'que t'as vécu. Après tout, rien que la raison de mon arrivée ici est superficielle. Je pense pas avoir déjà réellement perdu quelqu'un en venant ici, et je doute même pouvoir complètement te comprendre. Mais j'peux essayer. Au moins ça. Sauf que ça ne pourra se faire que si tu m'expliques.

Je cherchai ses yeux du regard, laissai un ange filer.

-Après, si tu tiens vraiment à ce que je parte, je le ferais, mais sache au moins que je ferais tout pour garder un oeil sur toi. Je sais même pas si c'est possible de te localiser grâce à l'énergie que je t'ai insufflé, mais je pourrai passer toute une semaine à chercher un moyen, s'il le faut.

HRP : Désolée pour le retard, vraiment >< T'inquiète pour ton message xD Mais disons qu'hier, ma soeur m'a hyper beaucoup collé aux basques... J'ai pas eu un instant de répit, et avec elle qui piaillait ou qui foutait un DVD dans la chambre, j'étais incapable d'écrire un truc qui ait du sens --" Après, on a eu un apéro chez le voisin (tu t'en tapes) on est rentrés assez tard, et ma soeur a recommencé à me tenir la jambe... Au final, j'me suis mise à déprimer et j'ai été me coucher aux alentours de minuit --" Pardooooooon >o< J'espère que là ça ira ><

**Karasu** Mer 25 Aoû - 16:01

Hrp : Ah oui quand même! Bon t'es pardonné alors U.U Et t'inquiètes pas, ça va très bien^^.

Je le regardai tenter de contenir sa rage. Le voir ainsi, surtout par ma faute, me faisait encore plus mal au cœur. Je baissai les yeux sur mes poings.

-Je t'en prie. Arrête de te faire mal comme ça.

Je savais que j'étais la dernière personne qui pouvait se permettre de lui dire ça mais je ne supportais pas de le voir comme ça.

Je secouai la tête.

-Je ne t'ai jamais considéré comme quelqu'un d'égocentrique, d'égoïste ou quelque chose de semblable. Si c'était le cas, tu ne serais pas là en ce moment et tu ne te serais pas autant épuisé pour moi.

Je me sentais de plus en plus faible au fur et à mesure que je parlais. Ma respiration se faisait de plus en plus difficile, comme si je venais de courir. Mon corps m'ordonnait de me rallonger mais je savais que si je le faisais, je risquais de me rendormir et il était hors de question que je reste ici.

Je l'écoutai me parler sans chercher à l'arrêter.

Il faut faire son deuil et avancer...

Je serrai davantage mes poings jusqu'à les faire pâlir en entendant ces mots.

Lorsqu'il posa ses mains sur mes poings, je ne pus m'empêcher de relever la tête vers lui, surpris. Lorsqu'il se releva, je baissai la tête, le regard se perdant dans le vide.

-Justement... depuis un moment... moi aussi je me demande si... tu me considères encore ça. Dis-je sans oser le regarder.

Lorsqu'il finit de parler, je restai un moment sans rien dire, sans bouger, laissant les anges passer. Puis je finis par hocher la tête.

-D'abord, je le répète : je n'ai pas cherché à abandonner la vie. Si j'avais voulu le faire, non seulement personne n'aurait eu le temps de tenter quoi que ce soit pour arrêter ça et je l'aurais fait dans un endroit où, si on m'aurait retrouvé, ça n'aurait pas été avant longtemps et pas dans ma chambre.

Je laisser passer quelques instants pour reprendre mon souffle. Je pris une grande inspiration avant de reprendre.

-Justement, le problème c'est que... je n'arrive pas à faire mon deuil.

Je me mordis les lèvres et m'ouvris l'inférieure.

-Je n'arrive pas à me faire au départ... d'Electra. J'ai essayé, j'ai attendu mais... plus le temps passait, plus la blessure grandissait. Je ne m'étais pas encore totalement remis de la... mort de Yuki alors là, c'était trop. Je n'arrive pas à faire mon deuil et en même temps... j'ai peur de le faire. J'ai peur de les oublier. C'est pour ça que je ne voulais pas en parler. Non seulement je connais par cœur le genre de répliques qu'on m'aurait dit et non seulement ça ne m'aurait pas aidé et à supposer que ça m'aurait aidé... je ne veux pas les oublier.

J'inspirai longuement, tentant de garder une respiration normale. Je serrai ma main contre ma poitrine, au niveau de mon cœur.

-Mais du coup, cette douleur. Elle n'a pas disparu, elle ne s'est pas atténuée, au contraire, elle devient plus violente chaque jour. J'en devient presque fou tellement elle est insupportable. J'ai essayé de penser à autre chose, je me suis entraîné tous les jours jusqu'à l'épuisement en espérant que la fatigue m'emporte vite et me permette d'échapper à cette douleur. Mais rien à faire, elle était toujours présente. Alors... la seule façon d'oublier cette douleur que j'ai trouvé c'était d'en ressentir une plus violente ailleurs. Même si ça ne durait qu'un instant, je voulais ne plus ressentir celle-là.

Je regardai la fenêtre, toujours pour éviter de croiser le regard de Dark.

-Mais ça a fini par ne plus marcher. Je devais me blesser de plus en plus violemment pour suffisamment avoir mal et oublier quelques instants cette douleur et je me suis rendu compte que l'adrénaline m'aidait aussi à l'oublier un certain temps mais comme sauter du haut d'une falaise ne me fait plus beaucoup d'effet maintenant, j'ai d'abord essayé de ressentir l'adrénaline en me mettant dans des situations assez risquées mais lors de la dernière, j'ai faillis y rester en me brûlant le dos. J'ai donc décidé de me faire ces injections.

Je serrai les dents et ma main se resserra désavantage contre ma poitrine.

-Mais ça ne durait pas indéfiniment. Cette douleur était toujours là et de plus en plus violente. Et j'en ai assez. J'en ai assez de la ressentir. Elle est constamment présente depuis qu'Electra...

Je donnai un coup de poing contre la barre qui suspendait les poches à perfusions qui recula. Mais j'étais trop faible et le coup ne fit que tirer sur les fils auxquels mes aiguilles étaient reliées sans arracher ces dernières. J'eus une grimace de douleur sous le coup.

-Elle me manque... Je n'arrive pas à me faire à son absence. Je n'y arrive pas... Je ne veux pas.

Mon corps se mit à trembler.

-Et il y a quelques jours... j'ai vu la mère de mon fils, la première fille dont je sois tombé passionnément amoureux, et mon fils... mourir. Finis-je par lâcher.

-Je n'en peux plus de voir mourir ceux que j'aime. Je n'en peux plus. Dis-je de plus en plus doucement.

J'étais tellement à bout de forces que j'avais l'impression que mon cerveau s'était détaché de mon corps et que ce dernier réagissait tout seul.

-Et ça. T'es le seul à qui j'en ai parlé.

**Dark** Mer 25 Aoû - 17:13

Je sentis mon coeur se serrer au fur et à mesure qu'il parlait. A chaque nouveau mot, à chaque nouvelle phrase, je me haïssais de l'avoir poussé à bout comme ça, de l'avoir obligé à m'en parler... Je me détestais pour l'avoir engueuler alors qu'il allait mal. Pour m'être emporté alors qu'il avait besoin d'un ami, d'une oreille à son écoute, et non d'un imbécile à bout de nerf. Je m'en voulais d'entendre ses explications, que je n'étais même pas digne d'entendre. Et je l'étais encore moins depuis qu'il m'avait avoué se demander si je le considérais encore comme mon meilleur ami ou non.
Quel con. Mais quel con j'étais ! C'était pas possible d'être aussi borné !
J'attendis qu'il termine de parler pour aller cogner une deuxième fois mon poing contre le mur. Je pestai, et relevai alors les yeux vers Karasu, tentant un sourire nerveux, ramenant mon poing ensanglanté contre moi. Et bah, dire que ça avait arrêter de couler... Tant pis, hein.
Je poussai un long soupir, et passai ma main intacte dans mes cheveux.

-Excuse. C'était pas pour toi... C'était pour m'éviter de m'énerver encore un peu plus contre moi même. Désolé, c'est que j'suis un peu con par moment, alors...

Je me relevai, m'approchai de lui et posai enfin une main sur mon front.

-T'es fiévreux. Je devrais appeler une infirmière, mais... J'préfère attendre encore un peu...

Je lui adressai un mince sourire. Bon, c'était tout c'que j'pouvais faire pour l'instant... Et j'avais toujours pas répondu à son aveu. Mais en même temps, qu'est-ce que je pouvais répondre, hein ?! J'ai même pas réellement connu la mort moi... J'ai jamais connu la mort d'un être cher... Je serrai les dents, tournai la tête, agacé. J'sers vraiment à rien.
Je laissai ma main retomber sur le matelas, et baissai les yeux sur son torse encore nu, se soulevant de plus en plus irrégulièrement. P'tain, s'il me restait un peu plus d'énergie, j'pourrais au moins lui en redonner un peu ! Je fronçai les sourcils et relevai les yeux vers son visage, glissant mes mains dans mes poches.

-Désolé. J'vois pas quoi te dire. Je sais, ça change pas de d'habitude... N'importe qui t'aurait répondu ça, mais... Je peux même pas comprendre ce que t'as ressenti, ou ce que tu ressens.

Je me passai une main derrière la nuque, mal à l'aise, tournant les yeux vers les bricoles posées sur la table de chevet.

-J'me sens con, là. J't'ai engueulé, et maintenant que j'sais tout, j'peux rien faire... J'suis sûr que même un inconnu aurait fait mieux.

Je lâchai ma nuque et glissai ma main sur mon visage, dépité. Quel abruti j'fais pas, sérieux... Je soupirai et relevai mon regard sur lui, glissant une nouvelle fois mes mains dans mes poches.

-Mais... Si j'peux me permettre, je pense que j'te connais un peu, quand même, et... Je doute qu'en essayant d'avancer, tu les oublies. C'est pas ton genre. T'as toujours été trop gentil, bien plus que je ne serais jamais capable de l'être, et... Tu serais incapable de les oublier.

Je le fixai toujours, silencieux, sans trop être conscient des choses que je lui disais, sentant pourtant qu'elles venaient du coeur. Je souris faiblement.

-Par contre, pour le manque... Je comprends c'que tu ressens. Sauf que moi... Moi je pouvais toujours garder espoir, rien qu'un peu, tandis que toi...

Je serrai les dents et détournai le regard. Whoa. Brillant Dark. C'est super pour remonter le moral ça. Lui dire que de toute façon, la femme qu'il a sans doute le plus aimé ne reviendra jamais... Tu sais remonter le moral toi dis-donc !

-Merde ! crachai-je. J'suis pas habitué à remonter le moral, moi...

Je le regardai du coin de l'oeil, passant une main dans mes cheveux.

-Enfin, t'sais... Si ça te rassure, j'ai pas l'intention de mourir moi... M'enfin, ça te rassurera que si tu tiens encore à moi...

Je tentai un sourire amusé. Tentative pratiquement ratée...

-Pis... Si t'as besoin de passer la douleur en t'en infligeant d'autre, je peux l'faire, tu sais... Te frapper, c'est pas un problème... Au moins, je pourrais m'occuper de toi si d'un coup tu t'effondres...

Je poussai un petit soupir, et fixai ses perfusions.

-Je doute que je sois celui qui était le mieux placé pour entendre tout ça, mais... Merci quand même de me l'avoir dit. Et pardonne-moi pour... tout à l'heure.

J'avalai lentement ma salive, observai les nuages par la fenêtre, honteux.

-C'est qu'j'ai... J'ai eu... peur, alors... Excuse-moi. J'veux pas perdre mon meilleur ami...

**Karasu** Mer 25 Aoû - 18:01

J'écarquillai les yeux en le voyant de nouveau frapper contre le mur. Voir sa main blessée me fit avoir une petite grimace de douleur pour lui. Mais je fus un peu soulagé lorsqu'il me dit que cette fois ce n'était pas à cause de moi, enfin pas directement en tout cas.

-Merci. Murmurai-je avec un faible sourire lorsqu'il dit qu'il n'appellerait pas l'infirmière tout de suite.

Je secouai la tête avec un sourire rassurant.

-Ne t'en fais pas pour ça. Non seulement t'avais toutes les raisons de le faire et puis je le méritais donc ne t'en veux pas pour ça. C'est plutôt à moi de m'excuser de t'avoir mis dans cet état.

Je baissai la tête lorsqu'il dit que je ne pourrai pas les oublier. C'est vrai que je n'ai pas passé un seul jour sans penser à Azuka depuis notre mariage, pas un seul jour sans penser à Yuki depuis... ce fameux jour. Pas un seul jour sans penser à Electra depuis... qu'elle faisait partie d'Alia.

-J'espère. Mais j'ai tellement peur que ça arrive tout de même...

Je sentis mon cœur se serrer davantage après sa réplique suivante mais lui adressai un petit sourire amusé, après tout, il ne l'avait pas fait exprès.

-Ne t'en fais pas. Et bien sûr que ça me rassure. Je sais que je suis nul pour te le montrer mais... tu es quand même mon meilleur ami et tu ne m'as jamais trahi.

Je lui adressai un sourire reconnaissant lorsqu'il me proposa son aide.

-Merci. C'est gentil. Mais je préfèrerais que tu me frappes seulement si t'en as envie, pas parce que tu as peur ou pitié pour moi.

Je suivis son regard et fixai à mon tour les perfusions. J'avais tellement envie qu'on me les enlèves. Les avoir fixées sur mes bras c'était comme... si j'étais attaché à une laisse, comme si on me retenait prisonnier, privé de toute liberté.

-Je crois au contraire que t'étais le mieux placé pour entendre ça même si... j'aurais préféré te l'éviter. Tu es mon meilleur.

J'écarquillai les yeux après sa dernière remarque. Les bip, sur la machine bizarre qui aide à savoir si le cœur bat bien, se mirent à accélérer d'un coup. Pendant un instant, j'ai même crus qu'ils allaient cesser.

Il... Il me considère encore comme son ami? Son meilleur ami?

Je sentis un boule au creux de l'estomac. A cause de moi, il a eu peur, il a souffert. Je suis vraiment trop nul. Tu parles d'un meilleur ami. Bravo Karasu.

Je détournai la tête pour éviter de croiser son regard, me sentant rougir de honte.

-Je suis désolé. Vraiment, je m'en veux. Pardon Dark. Dis-je tendis que les bip s'accéléraient de nouveau.

Lorsqu'ils redevinrent normaux, je pris une inspiration.

-Il y a bien quelque chose que tu pourrais faire pour m'aider.

Je me mordis la lèvre inférieure.

-Ne parle de ce qui s'est passé et de ce que j'ai dit à personne s'il te plaît. Lui dis-je d'un ton incertain.

J'avais peur qu'il refuse.

-Je ne veux pas inquiéter les autres et encore moins... reparler de tout ça. Ça fait trop mal d'y penser. En parler, c'est encore plus douloureux.

J'inclinai la tête.

-S'il te plaît.

**Dark** Mer 25 Aoû - 20:44

En le voyant incliner la tête, je ne pus me retenir. J'avais déjà été surpris par sa requête -en même temps, ça me semble logique, nan ? Il me dit que j'suis le seul à savoir, j'vais pas aller le crier sur les toits...- mais là, il me tendait des perches pour que je l'embête.
Je souris, et posai une main sur le sommet de son crâne, ébouriffant ses cheveux.

-Hé, faut que tu te calmes mon gars.

Je souris, et reglissai ma main dans ma poche.

-Déjà, j'te signale que ton coeur est surveillé, alors... Enfin, c'est pas contre toi, mais vu l'effet que j'produis simplement avec des paroles, je vais finir par croire que t'es vraiment gay !

Mon sourire s'élargit légèrement, et je l'observai, amusé.

-Tu préfères quoi comme surnom, Kara-chan ou Kara-gay ?

Sans attendre qu'il réponde, je laissai mon sourire s'étirer en coin. Je lui donnai une pichenette sur le front. Il me prend pour un bleu en matière d'amitié en plus le gamin !

-Et t'étais pas obligé de me demander de pas le répéter. Franchement, je vais être vexé ! Tu me fais pas confiance, c'est ça ?

Je lui adressai un clin d'oeil amusé, et reculai de quelques pas, ramenai le fauteuil près de son lit et m'y assis.

-M'enfin, j'suis rassuré, tu es encore poli... Tu as dit "merci", "pardon", et "s'il te plaît"... Bon, j'ai pas compté par contre. Tu crois que j'mérite vraiment que tu sois aussi poli ? Quand je t'ai insulté, j'ai pas trop été poli moi...

Je pris un air taquin.

-Au fait, arrête un peu de mordre tes lèvres parce que celles du bas va vraiment finir par pisser le sang là...

Je me passai une main derrière la nuque, et désignai ses perfusions du menton.

-Au passage, essaie de pas te les arracher, ce serait mieux... Si t'es sage, tu sortiras plus vite d'ici. Et si t'es sage, je serais pas obligé de te surveiller...

Je grimaçai alors.

-A propos, je crois qu'y a un truc qu'y cloche... J'ai franchement pas pitié de toi... Si j'te frappe, c'est pour me faire plaisir... C'est juste qu'en même temps, ça t'aidera un peu... Mais sinooon... Tiens, d'ailleurs ! J'ai l'impression que j'te l'ai pas dit, vu la conversation qu'on a là, mais... Je déteste vraiment les conversations trop sérieuses. Tu le savais ?

Je lui souris, et me laissai glisser dans le siège.

-Pour l'instant, tu préfères que j'appelle l'infirmière et que j'te laisse, ou alors je reste parce que ma compagnie n'est pas si déplaisante ? Puisque t'es pas encore en train de tomber dans les vapes alors... Si jamais t'as encore des aveux à me faire, genre "en fait je suis pas un mec mais une fille"... Bon, même si là t'es torse-nu, hein... Ca compte pas.

**Karasu** Mer 25 Aoû - 23:02

...

...

Finalement c'était mieux quand il me criait dessus.

-Très drôle, je te signale que j'ai eu des échos sur toi comme quoi tu serais vraiment gay (et je n'y suis pour rien).

Sur ce coup-là, j'ai adoré Bito.

Je rigolai quand il joua le vexé.

-Disons que vu que t'avais l'air parti pour prendre des mesures draconiennes tout à l'heure, je préfère ne pas prendre de risques. Dis-je d'un ton moqueur.

-Ben quoi? C'est bien d'être poli. Tu préfères que je t'appelle... euh...

Mince, c'était quoi déjà?

-Ah oui voilà : l'elfe brushingué? Dis-je en éclatant de rire.

Quand il me dit que me frapper lui ferait plaisir, je marquai un temps d'arrêt. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre.

J'éclatai de rire quand il dit ne pas aimer les conversations sérieuses.

-Oui j'ai vu ça. T'as tendance à vite t'emporter dans ce genre de conversation j'ai trouvé.

Je me contentai de le regarder d'un air blasé à sa dernière réplique. On va faire comme s'il n'avait rien dit.

Je me penchai vers mon katana posé à côté du lit pour l'attraper afin de couper les fils des ces perfusions avec.

-Je préfère surtout sortir d'i...

Je ne finis pas ma phrase. Au moment où j'avais commencé à soulever mon katana, ma main s'était automatiquement rouverte et mon katana tomba au sol. J'écarquillai les yeux en fixant mon katana.

Je ressentais des sortes de picotements dans mes mains.

-Encore? Dis-je, plus pour moi-même que pour Dark.

Je ne sais pas combien de fois ça m'est arrivé ce genre de coup où mes mains semblent ne pas supporter de tenir quelque chose et s'ouvrent d'elles-même accompagnées de picotements. Toutes ces fois-là, ça avait fini par passer et j'avais de nouveau pu tenir des choses normalement. Mais là... cette sensation de picotements ne semblait pas vouloir s'en aller. J'essayai de refermer mes poings. J'y parvins mais ça me fit mal aux doigts.

Qu'est-ce qui se passe encore?

Je me baissai pour ramasser mon katana et... mes mains se rouvrirent une nouvelle fois, le faisant retomber au sol.

Je me redressai pour me retrouver normalement assis et regardai mon katana d'un air inquiet.

-Finalement... appelle une infirmière s'il te plaît. Finis-je par dire à Dark sans lâcher mon katana des yeux.

**Dark** Jeu 26 Aoû - 10:54

Alors de une, je suis vraiment gay (si je lui réponds pas, c'est parce que j'ai pas franchement envie de citer Mist alors que lui, avec Electra, bah...), de deux, l'autre abruti de Bito de mes deux a été dire à tout Terrae le surnom qu'il me donne et qui n'est même pas fondé, de trois...
J'arquai un sourcil. Pourquoi est-ce qu'il relâchait son katana à chaque fois ? Et surtout, pourquoi est-ce qu'il avait l'air si choqué de le faire ? C'est mieux pour ses perf' et pour sa santé, mais d'un autre côté... Si il peut plus prendre son katana dans ses mains, c'est plutôt... Etrange.
Il me demanda alors d'appeler une infirmière. Un peu étonné qu'il aille jusque là, j'en appelais vaguement une, sans trop faire attention à si elle m'avait vu, entendu, ou non, trop occupé à regarder Karasu qui fixait ses mains.

-Y a quelque chose qui va p-...

Je n'eus pas le temps de terminer ma question que l'infirmière était déjà là, me poussant pour s'approcher de Karasu. Une guérisseuse semblait la suivre. Je grimaçai. Super... Sympa de me virer comme ça, vraiment.
Je secouai la tête, tentai de les ignorer pour observer Karasu se faire diagnostiquer, regardant par dessus l'épaule de l'infirmière. C'est sympa, mais avec sa touffe blonde, j'vois rien moi...
Je soupirai. Qu'est-ce qu'il avait encore bordel ?! Des mains qui lâchent un objet comme ça, à moins de jouer une pièce de théâtre et de prendre le rôle d'un malade, c'est pas courant... Surtout que vu son regard, son air au moment où ses mains ont lâché le truc... J'avais l'impression qu'il ne contrôlait même plus ses mains. Juste une impression ou bien...?
Je pestai, reculai mon fauteuil en poussant avec mes pieds, toujours assis dessus.
Ca m'énerve ! J'me sens inutile là ! Elles lui font un contrôle et tout...
Bon, avec de la chance, elles vont lui retirer ses perfusions et il sera tout content...
Maiiiis... Que LUI me demande d'appeler une infirmière... Que LUI, lâche son katana comme ça, la chose qu'il aime le plus au monde. Que LUI... soit étonné par ses propres gestes.
Je crois d'ailleurs qu'à un moment il a serré le poing, mais je suis pas sûr... Et puis même, il l'a pas serré fort !
Putaiiiin, mais j'en ai marre ! C'est injuste en plus ! Pourquoi c'est toujours aux autres qu'il arrive de la merde ?! Pourquoi moi j'suis là que pour les entendre sans les comprendre ? Pourquoi eux, ils souffrent, et pas moi ?
Et surtout, pourquoi est-ce qu'après avoir manqué de mourir, Karasu se retrouve encore avec une merde même pas encore identifiée...?
Y en a marre... Vraiment. J'pourrais pas, juste une fois dans ma vie, penser, croire, espérer pouvoir prendre la douleur et le malheur des autres...?

**Karasu** Jeu 26 Aoû - 17:16

L'infirmière et une Guérisseuse arrivèrent. Je leur expliquai que je n'arrivais pas à tenir mon katana en main.

-Vous sentez quelque chose dans vos mains?

-Comme des picotements désagréables.

J'espère qu'elle va me trouver ce que j'ai et surtout que ce n'est rien de grave, que je puisse sortir d'ici au plus vite.

-Ça vous fait ça depuis longtemps?

-Euh... Quelques mois mais ça n'arrivait pas régulièrement et ça passait très vite alors je me suis dit que ce n'était rien de grave.

En la voyant froncer légèrement les sourcils, il me sembla qu'elle avait peut-être une idée de ce que j'avais.

-Vous ne vous sentez pas reposé même après avoir dormi?

Je secouai la tête.

-Non.

-Des raideurs au lever?

-Oui.

Là à mon avis elle avait trouvé pour poser ce type de question, d'autant plus que mes réponses avaient l'air d'être celles qu'elle attendait.

-Une fatigue persistante?

-Ça dépend les jours.

-Des maux de tête et de fortes migraines?

-Oui.

-Je vois, c'était donc pour ça que vous aviez consommé autant d'aspirine et que vous aviez donc contracté une hématémèse?

J'avalai ma salive. J'évitai de tourner les yeux vers Dark. Pourvu qu'il ne comprenne rien. Je finis par hocher la tête en fixant mes mains.

-Oui.

-Je suppose qu'on peut également considérer que vous avez des états dépressifs ou au moins de forte anxiété?

Je me mordis les lèvres.

-Oui.

-Des difficultés de concentration?

-Oui.

Mais ça, ça a toujours été le cas. Moi et réfléchir ça fait quinze.

-Je sais que les Masters Morphe ont leurs sens qui se développent s'ils se transforment souvent en divers animaux mais en dehors ces développements, vous avez une augmentation de l'acuité de vos sens?

Je hochai une nouvelle fois la tête.

-Oui.

-Un engourdissement et fourmillement aux mains et aux pieds?

-Oui.

Elle finit par hocher la tête et se leva pour s'approcher de moi.

-Très bien, je vais appuyer sur différents points de votre corps. Dites moi si vous avez mal.

-D'accord.

Elle et la Guérisseuse appuyèrent sur dix-huit points différents. Je ressentis une douleur sur quatorze d'entre eux.

L'infirmière revint se placer devant moi.

-Vous avez une fibromyalgie.

...

...

Je restai un moment sans rien dire ni bouger.

-Euh... et c'est quoi?

-C'est un syndrome qui est reconnu depuis moins de vingt ans et qui empêche ceux qui en souffrent de vaquer à leurs occupations quotidiennes. Ce syndrome est caractérisé par des douleurs musculaires chroniques et un sommeil non réparateur. Dans certains cas, le toucher procure des douleurs dans tout le corps. Est-ce que ça vous est déjà arrivé?

Une nouvelle fois, je hochai la tête.

-Oui. Répondis-je faiblement.

Le visage de l'infirmière s'attrista.

-Essayez de tenir ce stylo. Dit-elle en sortant un stylo rangé dans une poche de sa blouse.

Je le pris... mais mes doigts s'ouvrirent une nouvelle fois et le stylo tomba sur le lit. Je me mordis les lèvres de frustration.

-Vous avez mal quelque part?

-A la main et au bras. Répondis-je sans lâcher le stylo des yeux.

Les bip de l'appareil étaient si rapides que j'avais l'impression que la machine allait exploser comme si c'était une bombe.

-Et il... il y a un traitement?

-Malheureusement, on ne connaît que très peu les origines de la fibromyalgie et donc les traitements ne sont pas fiables du tout, la plupart du temps, ils ne fonctionnent pas et vu l'état de votre corps, je ne vous donnerai pas les médicaments qu'on donne aux patients car le risque de dépendance est trop grand surtout pour quelqu'un dans votre cas qui semble avoir ingurgité certains médicaments et en est devenu dépendant.

Je relevai les yeux vers l'infirmière. S'il n'y a pas de traitement sûr et si je ne peux pas prendre de médicaments pour essayer de calmer ça...

-Je suis désolée mais il y a de grands risques que vous n'arriviez plus à vous servir de vos mains.

A partir du moment où j'entendis cette phrase, les oscillations sur l'écran devinrent de plus en plus irrégulières et mon corps cessa de bouger. Je regardai l'infirmière avec une expression à la fois choquée, terrifiée et le regard vide.

**Dark** Jeu 26 Aoû - 18:23

Je sentis un poids peser de plus en plus lourd sur mon coeur à chaque "oui" que Karasu prononçait. Je serrai les dents, les poings, espérant sans doute que ça m'aiderait à y voir plus clair, ou au moins que ça m'aiderait à me calmer.
Je soufflai un bon coup, sentis mon poing trembler au moment où elle annonça le nom de la maladie. Alors qu'elle expliquait ce que c'était, je luttais pour ne pas aller exploser le mur à côté de moi. M'en tape de saigner... Bordel ! Et les "bip" qui s'accélèrent là ! Il pourrait pas se calmer lui ?! Ok, il est juste en train d'apprendre qu'il pourra plus se servir de ses mains... C'est pas un crime !
A plusieurs reprises, je crus que j'allais sauter sur l'infirmière et l'égorger, histoire qu'elle se taise à jamais. Mais je revins à la réalité lorsque Karasu se figea littéralement, la machine... Déraillant complètement. Elle déraillait, hein ? C'était bien ça ? Je me trompais pas ?
Y'avait plein de choses qu'elle avait pu dire que je ne comprenais pas, comme le coup de l'hématémèse ou je ne sais quoi. Mais j'avais complètement oublié. Mes questions n'étaient sorties de la tête. Je fixai Karasu qui dévisageai l'infirmière, comme si c'était une blague ou je ne sais quoi.
Qu'est-ce que j'avais raté ? Qu'est-ce que j'avais manqué qui aurait pu me permettre de sauver Karasu ? Est-ce que j'avais pas été proche ? Est-ce que j'avais mal joué mon rôle d'ami...? De meilleur ami...?
Je serrai les dents, enragé. Je tentai de rester sur mon siège, me retenant d'aller défigurer l'infirmière. Je continuai à regarder Karasu, perdu dans mes pensées.

-T'inquiète Karasu, y... Y'a bien une solution... J'vois pas pourquoi tu pourrais pas prendre ces médicaments ! Et puis... Enfin j'sais pas, tu... T'arriveras à ne pas être dépendant, hein ? Si tu veux, j'veillerais sur toi... Enfin, j'veux dire...

Il allait croire que j'avais pitié. Alors que c'était pas le cas ! C'était pas le cas, je m'inquiétais juste pour lui ! Je voulais l'aider, je voulais aider mon meilleur ami !
Mais au fond, est-ce que j'avais pas pitié...? Non, non, non ! Il fallait que j'arrête d'y penser ! Il fallait que j'arrête de penser à ça !

-Hé, vous ! m'écriai-je à l'intention de l'infirmière. Ca va pas de dire des choses comme ça ?! Et pourquoi refusez-vous de lui donner ces médicaments ?! Il saura être raisonnable ! Il faut y croire, même si ça ne marche pas à chaque fois... Il pourra se retenir de faire une connerie, et... Et p't'être qu'il guérira de ses mains... Il y arrivera, c'est sûr...

**Karasu** Ven 27 Aoû - 1:54

L'infirmière se retourna vers Dark.

-Pourquoi? Parce qu'il se trouve que ces médicaments n'ont qu'un effet limité. Pour les personnes chez qui ces médicament marchent, l'effet ne dure pas indéfiniment et la douleur finit par revenir. Les médicaments qu'on utilise sont des anti-inflammatoires, des antidépresseurs, des anticonvulsivants, des sédatifs et des relaxant musculaires. Or les anti-inflammatoires sont efficaces lorsque la personne souffre également d'une maladie inflammatoire, ce qui n'est pas le cas de votre ami, quant antidépresseurs, les anticonvulsivants et les sédatifs, leur principale action est d'améliorer le sommeil. Or on a repéré dans son corps des traces de consommation importante de somnifères. Bien qu'il semble qu'il n'en prenne plus, il a eu un moment où il en prenait beaucoup trop et ça ne remonte pas à si longtemps. Je ne veux pas qu'il recommence cela, d'autant plus que s'il est dans cette pièce, c'est suite à l'injection d'un produit dont il est également dépendant si je ne me trompe. D'autant plus qu'il y a quelques semaines, il a failli mourir suite à une trop grande consommation d'aspirine qui lui a provoqué des saignements à l'estomac qui li faisaient vomir du sang. Il avait besoin de se faire opérer pour s'en débarrasser et s'il l'a été c'est grâce à son frère sinon, une heure d'attente plus tard et il mourait donc je ne partage pas votre avis quand vous dites qu'il saura être raisonnable. Il n'est physiquement pas en état de supporter ces médicaments sans qu'il y ait de risques et enfin le mélange de tous ces médicaments entraînerait des réactions chimiques dans son corps qui le détruiraient plus qu'elles ne le soigneraient.

Elle finit par s'arrêter et adressa un regard désolé à Dark ainsi qu'à moi.

-La seule chose que je peux vous conseiller, c'est d'éviter tout sujet de stress, de vous reposer le plus possible et surtout de vous détendre. Si vous pouvez, essayez des exercices comme le yoga afin de détendre vos muscles. Peut-être que votre ami a raison et que vous finirez par retrouver l'usage de vos mains mais si vous restez dans cet état, je peux vous affirmer que vous n'y parviendrez jamais. Vous savez, les médicaments ne sont pas les seuls remèdes pour guérir une maladie. Me dit-elle avec un sourire encourageant.

Je lui adressai un mince sourire et hochai la tête.

-D'accord. Merci. Lui dis-je faiblement.

-Bon courage à vous. N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quelque chose et n'oubliez pas : reposez-vous et détendez-vous le plus possible. Dit-elle avant de partir.

Je finis par me tourner vers Dark et lui souris.

-Merci pour ton soutien tout à l'heure. Lui dis-je doucement.

J'avais peur. J'avais vraiment peur. J'avais peur de ne plus jamais pouvoir me servir de mes mains. Sans elles, qu'est-ce que j'étais? Elles ont fait toute ma vie. C'est grâce à elles que j'ai pu tenir un katana, c'est grâce à elles que j'ai pu tenir un marteau pour forger, c'est grâce à elle que je pouvais me servir à manger. Ne plus pouvoir me servir de mes mains, c'était comme me tuer. Je n'étais plus rien sans elles.

Je me tournai vers Dark, le regard suppliant.

-Je... Je vais m'en sortir hein?

**Dark** Ven 27 Aoû - 13:16

Je me figeai à l'instant même où l'infirmière déclara qu'il y a quelques semaines, Karasu avait déjà manqué de mourir pour avoir pris trop d'aspirine etc etc... Il me l'avait pas dit, ça... Il me l'avait pas dit.
Je tournai les yeux vers lui, comme si je cherchais à ce qu'il la contredise. Mon regard revint sur l'infirmière, et j'écoutai vaguement ses dernières paroles. Elle le conseilla, tenta de le réconforter. A cet instant, je découvris que si je devais un jour retourner dans la vie professionnel, je ne pourrais jamais me tourner vers la médecine. Annoncer à quelqu'un quelque chose de définitif, comme ça... Annoncer à une famille la mort d'un proche et j'en passe... J'en étais sûrement incapable. Et pour le coup, j'admirais son air calme, doux, serein. Si naturel, quoi.
La voix, faible, de Karasu lorsqu'il la remercia me tira une grimace. Je tournai la tête, me sentant incapable de le regarder. L'infirmière s'éloigna, après lui avoir dit de l'appeler au moindre problème. Je sentis le regard de mon ami sur moi, et je me résolus finalement à le regarder, observant son sourire avec une pointe de tristesse dans le coeur. Il se forçait là, c'était obligé... Nan ? Il baissa la tête sur ses mains, un silence envahissant à nouveau l'espace. Alors que j'allais lui dire que c'était pas la peine de me remercier, il releva à nouveau les yeux vers moi, suppliant. Je sentis mon coeur se serrer à la suite de sa question.
Je hochai lentement la tête, tentai un sourire rassurant.

-Oui... Oui, tu vas t'en sortir, t'inquiète pas ! C'est certain, on va trouver un truc ! Elle doit bien avoir raison, rien qu'un peu !

Je me passai une main derrière la nuque. J'aurais aimé être sûr de ce que je disais. Pour le coup, là, j'aurais plus qu'adoré être Eau, Ange, et pouvoir voir l'avenir. Pouvoir voir ce qu'allait devenir Karasu, pouvoir le voir dans un futur proche en train de se servir de ses mains comme s'il n'y avait rien eu. Comme si ce qu'elle avait dit n'avait pas été vrai, comme si... Tout pouvait encore changé, après une nuit de sommeil, ou...
Je poussai un petit soupir, relevai les yeux sur lui.

-T'essayeras de commencer le Yoga, hein ? Pis on espèrera que tout passera, que t'arrivera à t'en sortir ! J'suis sûr que ça le fera. Il le faut de toute façon... Et puis, t'en es capable, j'en suis persuadé ! Tu vas avoir droit de retrouver le vrai bonheur, c'est certain. Je te l'promets, ok ? Il suffit juste d'y croire ! Tout va s'arranger. Tout va s'arranger...

J'eus beau répéter cette dernière phrase, je me demandais si l'infirmière avait été sincère. Si elle n'avait pas dit ça pour être gentille, pour tenter de le réconforter...
Je forçai un sourire. Soit plus joyeux Dark, bordel !

-Tu vas avoir droit à ton miracle toi aussi !

**Karasu** Ven 27 Aoû - 15:23

Mon sourire s'adoucit et je le regardai avec un air reconnaissant sur le visage. Je hochai la tête.

-Merci. Finis-je par lui dire.

Je détournai le regard.

-Je suis désolé que t'aies dû assister à ça. Dis-je, gêné.

Le pauvre. Je ne sais même pas s'il a pu résoudre ses problèmes, s'il n'en a pas eu d'autres entre temps et il a dû assister à ça alors que j'aurais dû entendre ces paroles seul. Non seulement il les avait entendues aussi mais en plus, il a eu peur à cause de moi. Si seulement je pouvais remonter le temps et empêcher ce qui vient de se passer. Mais égoïstement, je suis content qu'il ait assisté à ça. Ça aurait pu tomber sur n'importe qui d'autre mais c'était tombé sur mon meilleur ami. J'avais eu de la chance dans un sens.

-Et oui, je vais me mettre au yoga. Enfin, ce n'est pas vraiment du yoga mais ça a les mêmes effets en plus de m'entraîner. Lui dis-je avec un sourire.

Je regardai un instant les perfusions puis Dark. Je lui adressai un regard suppliant.

-Tu... Tu pourrais m'aider à sortir d'ici s'il te plaît? Je te promets que je veux simplement aller me reposer dans ma chambre et rien d'autre. Si t'as peur que je recommence, je te laisse la fouiller pour emporter tout ce qui te paraît suspect mais je t'en prie. Laisse-moi sortir d'ici. Lui dis-je, le regard suppliant.

-Surtout qu'à côté, c'est la chambre où... Elle était quand elle ne pouvait plus se déplacer...

Les bip recommencèrent à s'accélérer.

**Dark** Ven 27 Aoû - 17:37

Alors qu'il me demandait de détacher les perfusions et de le faire sortir d'ici, j'observai ses yeux brillants, la gorge nouée. Faut qu'il arrête d'être comme ça... Ca m'énerve de le voir si mal ! J'aurais beau essayé de lui remonter le moral après, ça servira à rien...
Je me mordis la lèvre inférieure en entendant ses derniers mots.

-Ok... J'm'en occupe. Mais reprends-toi, parce que si tu bip rapidement, les infirmières vont débarquer et j'pourrais rien faire ! dis-je, tentant de détendre un peu l'atmosphère.

Je lui souris, espérant qu'il ne verrait pas la lueur de tristesse qui baignait dans mes yeux. Je m'approchai de lui, et retirai les perfusions, m'assurant de temps en temps que personne ne regardait par ici.
Une fois Karasu libéré de tous ces trucs médicaux, je posai une main sous son bras et le redressai.

-Bon, t'arrivera à marcher au moins ? Ou tu veux que j't'aide ? T'es un peu faible alors...

C'est pas pour tes mains que j'dis ça, Karasu, hein, t'sais ? J'veux pas qu'tu penses des conneries, alors... Deviens télépathe juste pour quelques minutes au moins.

**Karasu** Ven 27 Aoû - 19:15

-Merci. Lui dis-je avec un sourire lorsqu'il eut retiré tous ces fils.

Je croisai son regard mais regardai aussitôt ailleurs. Je ne supportais pas de voir cette expression de tristesse dans son regard, encore moins quand j'en étais la cause.

-Attends, je vais te dire ça...

Je me relevai doucement et fis quelques pas. Je me sentais vraiment faible. Je me sentais de pouvoir marcher un peu mais certainement pas jusqu'à la tour Or.

-Pour le moment ça va mais je veux bien que tu m'accompagne s'il te plaît. Je ne pense pas tenir jusqu'à ma chambre. Lui dis-je avec un sourire désolé.

-Et puis...

Je me mordis les lèvres.

-Est-ce que tu pourrais... prendre mes armes jusqu'à ma chambre s'il te plaît. Dis-je en fixant le sol, sentant mon cœur battre à toute vitesse.

**Dark** Ven 27 Aoû - 20:22

Je fronçai les sourcils en le voyant se lever, hésitant à m'approcher pour le soutenir ou non. Je poussai un petit soupir lorsqu'il me dit que pour l'instant ça allait. Bon, j'étais toujours inquiet, mais hein... Je me mordis pourtant la lèvre quand il me dit de prendre ses armes. Une fois merci... Deux fois s'il te plaît. Le ton de sa voix à chaque fois... Je serrai discrètement le poing, et partis prendre ses armes, me tournant ensuite vers lui avec un sourire.

-Par contre, sortir dans les couloirs aussi peu couvert...

Je m'arrêtai. Il arriverait à se rhabiller ou pas, avec ses mains...? Je ne savais même pas ce qu'il pouvait ressentir. La douleur qui le prenait quand il serrait quelque chose dans ses mains. Je n'avais aucune idée de jusqu'où allait la contrainte de cette maladie...
Je poussai un petit soupir. S'il avait besoin d'aide, il me le dirait... Je m'avançai et me dirigeai vers la sortie, ouvris la porte et la tins, attendant que Karasu sorte.

-Tu viens ? J'te prête mes mains et mes épaules pour t'appuyer quand tu veux...!

**Karasu** Ven 27 Aoû - 22:42

Je baissai la tête sur mon torse désormais réellement soigné de toutes blessures puis relevai la tête vers Dark.

-J'ai pas de tee-shirt de rechange ici et... je ne me sens pas d'essayer d'en faire apparaître un maintenant.Je hochai la tête avec un sourire reconnaissant.

-Merci. Lui dis-je en franchissant la porte.

J'avançai doucement, probablement trop pour Dark. Malheureusement, je ne pensais pas pouvoir marcher plus vite et je voulais autant que possible lui éviter la corvée de me soutenir.

-Au fait, c'est vrai que... tu as une nouvelle copine? Finis-je par lui demander.

J'avais essayé de trouver un sujet e conversation qui lui ferait un minimum oublier ce qui s'était passé et je venais de repenser à la dernière fois où j'avais parlé de Dark avec Mist. Je me demande s'il ignore toujours qu'il va être père. Mais là, il a beau être mon meilleur ami, il n'y a que Mist qui puisse lui annoncer cette nouvelle, pas moi.

-Enfin... si tu veux pas en parler... c'est pas grave. C'est vraiment personnel et je ne t'en voudrai pas. Lui dis-je avec un sourire rassurant.

**Dark** Ven 27 Aoû - 23:15

Je baissais les yeux. Je n'ai même pas de veste à lui prêter... Et si c'est pour me mettre torse nu alors que j'dis ça pour que lui n'y sois plus... Bon, tant qu'il me dit pas qu'il a froid, c'est bon j'pense... Il a pas franchement envie que j'lui enfile mon t-shirt... Il... me traiterait de gay, c'est sûr...
Ouais, bon, c'est naze de faire de "l'humour" dans ce genre de situation.
Je poussai un petit soupir pour moi, et relevai la tête vers lui lorsqu'il me demanda si c'était vrai que j'avais une nouvelle copine, écarquillant les yeux.

-Heu...

Je levai les yeux aux ciel quand il repartit sur son coup de "t'es pas obligé" etc etc... Je souris, et approchai ma main de son épaule, ralentissant au dernier moment en me rappelant que son état, je lui donnai une tape légère.

-Genre, j'vais pas te parler de ça, alors que tu viens de me déballer ta vie ! lançai-je sur un ton que j'espérais engageant.

Je passai ma main libre derrière ma tête et levai les yeux vers lui, un léger sourire étirant mes lèvres.

-Disons que pour le coup, je m'en veux... J't'ai même pas parlé de tout ce qui a pu m'arriver pendant ce temps là... Ce que j'peux être borné.

Je me grattai le crâne et l'observai avec nervosité.

-Je suis sorti avec Léonie pendant l'absence de... Mist. Et puis, elle est revenue et... Disons que j'me suis rendu compte que j'étais impossible de vraiment aimer une autre fille alors...

Je poussai un long soupir.

-Il faut que j'arrête les shojo moi...

Je ris avec nervosité.

-Je l'ai quitté et... Maintenant j'suis à nouveau avec Mist. A propos, c'est sympa de pas m'avoir dit que j'allais devenir père, lançai-je avec un faux air de reproche.

**Karasu** Sam 28 Aoû - 0:09

Je lui adressai un sourire gêné.

-Peut-être mais ça, c'est assez intime mine de rien. Dis-je en me passant la main derrière la tête... avant de vite la retirer.

Elle avait raison : le toucher me provoque des douleur dans le bras. Mais je fis un sourire amusé et rassurant à Dark.

-On va dire que ça compense que j'ai fait pareil et l'engueulade ça compense pour la différence de temps.

J'ouvris grand les yeux quand il répondit.

-Léonie?

Je ne les ai jamais vu ensemble, ni avant, ni pendant, ni après (peut-être que le après ça découle de la rupture aussi (bon ben je n'aurais pas eu l'occasiond de voir s'ils formaient un beau couple ou non)). Mais dans un sens, j'étais content pour lui s'il était revenu avec Mist. J'avais du mal à imaginer Dark avec quelqu'un d'autre (peut-être parce que je ne l'ai vu avec personne d'autre qu'elle) mais en même temps avec Léonie, peut-être qu'ils faisaient un beau couple. Enfin bon, ce ne sont pas mes affaires.

J'écarquillai les yeux quand il me fit la remarque pour son enfant. Je regardai aussitôt ailleurs.

J'ouvris la bouche pour essayer de dire quelque chose mais.. rien. Vite dis quelque chose sinon tu vas avoir l'air idiot.

-Ile flottante!

Ah tiens ce n'est plus "banane flambée" cette fois.

-Et... et puis, je t'ai pas revu après que je l'ai su!

Ça, c'était vrai par contre. Bon il n'a pas l'air de trop m'en vouloir de ne rien lui avoir dit (de toute façon, je n'en ai pas eu l'occasion).

-En tout cas, félicitations. Lui dis-je avec un sourire en coin.

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