Bon bah alors ! On la répare ?

J'étais venue quelques jours plus tôt, mais il n'avait pas répondu... A vrai dire j'étais déjà venue deux fois. Et deux fois pas de réponse. J'avais la flemme de lui laisser un mot alors je revenais dès que j'avais du temps.
J'avais enfilé une salopette un peu large avec un débardeur en dessous. Habits de circonstance pour ce que je lui avais promis. S'il s'en souvenait...
Je frappai quatre coup à la porte et attendis.

- Toujours pas là ?

A croire qu'il passait sa vie dehors... Je disais ça. Je disais rien !

- Yataaaaa ! lachai-je lorsqu'il ouvrit finalement la porte.

J'entrai en sautillant.

-Tu sais que je suis venue deux fois déjà ?

Je ris.

- Tu sortais ?

J'allai m'installer sur son lit. Ou plutôt me jeter dessus.

Je lui fis une grimace et ris. Avant de prendre un air interrogateur.

- Comment j'aurais pu te louper si tu venais de rentrer ?

Je suis vraiment limitée des fois, mais bon. Je me tournai vers la fenêtre et remarquai qu'elle était ouverte. J'avais la réponse à ma question sans qu'il ouvre la bouche.
Je m'assis correctement sur le bord du lit, gravant dans un coin de ma tête que je le remettrai en ordre après.

- Bah, tu m'avais bien demandé de jeté un oeil à ta moto, non ?

Son regard qui s'illumina un instant, me fit rire doucement. Mais rien de moqueur. Sa réaction était... top !
Je levai les yeux au plafond et comptais deux secondes. Mais il n'était pas de retour de sa salle de bain. A sa place j'aurais dit... dix secondes ?
A son retour, je ris franchement de le voir tout excité comme une puce. Je me levai, refis le lit rapidement et me dirigeai vers la porte que j'ouvris sans attendre.

- C'est parti !

Je descendis les escaliers quatre à quatre... Ah c'est impossible ? Deux par deux alors. Je disais donc que je les descendais deux par deux. Arrivés en bas de la tour, Karasu me posa une question.

- Hein ? Moi ? Non.

J'eus un large sourire.

-Je dois être un danger public dans une machine de ce genre !

Je ris et continuai ma route. Mais dans le mauvais sens, parce que Karasu empruntait un autre chemin.

Il fit une drôle de tête pendant un instant. A quoi il pouvait bien penser ? Quand je disais "danger public" c'était pour plaisanter... ou pas.
Sa voix à sa première réponse se fit quelque peu lointaine.

- Ah bah merci !

Je me retournai et le vis prendre une autre direction. Je sautillai vers lui et le rattrapai rapidement.
Je ris à sa remarque.

- M'aurais-tu sous-estimée ? fis-je sur un mi-ton de défi.

Je ris de plus belle. Je tapotai un rythme sur mes poches, bien remplis d'outils. Je me souvins de la première fois où j'avais réparé une voiture, il y a trèèèèès longtemps. Et puis je n'étais pas tout à fait toute seule. La personne en panne avait pris un air à se tenir les côtes en me voyant vider mes poches. C'était un peu le sac de Mary Poppins.

Je lui tirai la langue et le devança à nouveau.
A sa question, je ris de plus belle, puis me retournai un sourire mystérieux étirant mes lèvres.

- Bah ! Tu veux que je répare ton bijou comment sinon ?

Je haussai les épaules, et ralentis pour me retrouver à marcher à côté de lui.

- J'ai pris que la moitié, fis-je en lui tapotant l'épaule pour le rassurer.

Tout prendre aurait été mission impossible... Il aurait fallu que je mette un pull, pas un t-shirt !

J'essayai de me rappeler quand est-ce qu'il avait pu préciser ça...

- J'ai pas souvenir que tu me l'aies dit ça, fis-je en riant.

Je regardai droit devant nous.

J'éclatai de rire en le voyant douter tout à coup. Je me tournai vers lui, puis demandai :

- Au fait, elle est garée où ta moto ?

Je penchai légèrement la tête. Je le soupçonnai de l'avoir caché au milieu de la forêt, ou quelque chose dans le genre.

Je regardai la porte du garage s'ouvrir, puis les nombreux véhicules, bouche bée. Est-ce que tout le monde les utilisait comme il se devait, ou bien les laissait-il prendre la poussière ?
Je suivis Karasu à travers les motos et regardai sa "bête".

- Ah ouais !

J'allai immédiatement m'accroupir à côté de la moto et examinai le moteur. Tout semblait aller bien de ce côté.

Après examiné la moto de haut en bas, de bas en haut, de gauche à droite, de droite à gauche et même en diagonale... Je pouvais en conclure qu'il s'était fait du soucis pour rien... Je regardais le réservoir et lui demandai, blasée :

- C'est quand la dernière fois que t'as fait le plein ?

J'en concluai que si il arrivait encore à rouler avec, c'était un miracle et que cette moto devait vachement l'aimer pour pas le laisser tomber au milieu de je sais pas où !

J'éclatai de rire, puis repris peu à peu mon sérieux pour lui dire :

- Elle a besoin de manger la petite, pour fonctionner correctement !

Je ris une nouvelle fois. N'empêche, comment on faisait le plein ici ? Y avait une pompe à essence ? Je sortis une clef à mollette de ma poche et jouai avec.

Je le suivis du regard jusqu'au fond du garage. Hé ! En fait, ils avaient de sacrées réserves ! Toutes ces caisses contenaient des bidons d'essences ?!
Je crois que c'était un exploit que cet endroit n'ait pas encore explosé ! Je souris à cette pensée avant de réfléchir à la question de Karasu.
ça faisait tellement longtemps que je touchais à la mécanique. Pourquoi ? J'essayai de me rappeler mon plus ancien souvenir de ça, mais plus je revenais en arrière, plus tout se floutait dans mon esprit. Une image, une seule vint s'imprimer dans ma tête, aussi nette que si je la voyais réellement.

- C'est un ami. C'est bizarre que je me souvienne pas plus de lui quand même !

Je ris, tout en le regardant caresser la selle de la moto.

- C'est un cadeau de quelqu'un ?

Il semblait vachement y tenir.