Cadeau repris, coeur offert.

**Mist** Sam 2 Jan - 1:41

Mon ombre passe dans le couloir. Dans ma poche, une lettre. Je m'arrête devant une porte en particulier, un nom en particulier qui me donne envie d'hurler mais qui ne m'arrache qu'une larme silencieuse et intense. Je me concentre, me téléporte en silence dans sa chambre qui est pleine de son odeur et de sa présence. Je sens la plaie à la place de mon cœur qui s'ouvre brusquement. Je suffoque en silence, comme en quête d'air qui ne me ferait pas autant souffrir. Je m'accroupis quelques instants, reprends mon souffle dans le plus parfait silence.
La chambre est plongée dans la pénombre. Je vois la Larme sur la table de chevet, je le vois, endormi, inconscient de ma présence. Je me surprends à le regarder ainsi de longues minutes, totalement indifférente au danger que je cours si jamais il me trouve ici, se réveillant.
Je me force à détacher mon regard se sa figure rendue douce et paisible par le sommeil, pour me tourner vers la table de chevet où brille encore la Larme d'Asha.

Lorsque je ressors de la chambre, je pleure. Je crois qu'une de mes larmes est tombée sur le papier fin alors que je l'ai déposée sur la table de chevet. Je vais tenir mes promesses.
Je m'éloigne, je m'en vais, je fuis. Je ne laisse derrière moi, encore une fois, que des mots sur le papier.
Des mots pleins d'amour, des mots que je lui laisse, parce que je n'en veux plus, des mots qui ne servent à rien, parce que, égoïste, je l'ai forcé à prendre mon coeur ...

"Dark,

Je ne sais pas comment commencer cette lettre, parce qu’il y a de grandes chances pour que tu refuses de la lire. Je ne veux pas t’imposer mes mots, mes mots qui semblent peser si lourd sur cette feuille de papier qui, en comparaison, semble bien frêle et mince.

Je ne t’écris pas pour implorer pardon, pitié. Ce que tu as fait, je le comprends, et je ne chercherai pas à rattraper mes erreurs. Je t’ai fait tellement souffrir que te voir te détourner de moi serait presque pour moi un soulagement. On ne vit pas avec un monstre … J’ai tant de fois tenté de te le cacher, contournant la faculté mystérieuse que tu avais de lire en moi comme dans un livre ouvert, mais, finalement, la vérité a explosé, de la pire des façons sans doute, pour toi comme pour moi.

J’aimerais tellement pouvoir m’abriter derrière des excuses comme un enfant derrière sa mère, mais j’en suis désormais incapable. Je t’écris juste pour te demander une chose. Oh non, pas une chose, une foule de choses, j’aimerais t’écrire pour une raison banale, pour une broutille, ne serais ce que pour voir sur tes lèvres le petit sourire amusé, désabusé et moqueur que j’aime tellement te voir faire; mais le temps me manque, les mots, le courage aussi. Aussi j’ai décidé de garder, non pas le plus essentiel, mais le plus rapide, le moins dégrossi de ce que je voulais te dire… Pardonne moi au moins pour ce qui va suivre dans ce cas.

Laisse moi croire encore aux mots que tu m’as dits, laisse moi garder les souvenirs que j’ai de nous deux au plus profond de mon cœur. Je sais, je suis ignoble, infâme, égoïste, ajoute même des adjectifs si tu le souhaites. Mais j’ai envie d’être égoïste une dernière fois, aussi j’emporte les souvenirs de toi bien serrés au fond de la boîte de mon cœur. Laisse moi croire que tu les penses encore, laisse moi juste cette conviction pour que je sache que tu m’as aimée, laisse juste ses rêves à la chimère que tu as serré dans tes bras et de laquelle tu as chassé les peurs.

J’aimerais aussi te supplier de me pardonner, j’aimerais tellement pouvoir t’écrire à en trouer le papier que je m’excuse, que jamais je n’aurais tant voulu te blesser, mais il est trop tard pour reculer, trop tard pour revenir sur mes pas. Quand tu étais là, je me sentais invincible; désormais je veux me prouver et te prouver, que ton choix de me quitter a été le bon.

Je ne veux pas te faire de peine, pas te faire de mal. J’en ai tellement fait par le passé que je ne mérite même pas tes yeux qui parcourent ces lignes -si jamais tu le fais, et que cette feuille ne brûle pas en ce moment même dans la cheminée ou dans ta paume de main …

Oh, Dark, je ne veux pas te faire de mal, mais laisse moi dire encore que je t’aime, si cela est possible !… Merci de m’avoir guidé, de m’avoir sauvée, de m’avoir aimée.

Merci mille fois pour tout ce que tu as pu m’apporter. A tes côtés, le monde me paraissait bien plus beau, tu m’as donné tant de choses, et moi, en retour, je te détruits…

Au revoir Dark. Si j’écrivais cette lettre, c’était juste, à vrai dire, pour t’informer de mon départ, mais mes faiblesses à ton sujet ont toujours été les plus apparentes, tu le sais bien.

J’emporte avec moi l’image de ton sourire, le son de ta voix et la couleur de tes yeux. Le reste, je te le laisse. Je ne fais que voler ce que tu m’avais autrefois donné. Pardonne encore cette faiblesse…

Claw.

P.s : J’ai repris la larme d’Asha. Sans doute une erreur, mais comme ça j’ai l’impression que tu es à mes côtés, quoi qu’il arrive. Comme si malgré tout tu continuais à chasser la froide obscurité de mon cœur...

Je te laisse la Larme. Les miennes me suffisent amplement.
Je t’aime. Je te promets que lorsque je reviendrai, j’aurai tout fait pour oublier comment faire."

**Dark** Sam 2 Jan - 16:57

Mon coeur se fane, et, tendant une main vers cette silhouette qui semble s'éloigner à jamais, j'hurle à l'agonie, la suppliant de rester, de revenir même, d'être avec moi pour toujours. Et puis, alors qu'une larme tombe sur le sol glacé, je me réveille en sursaut, couvert de sueur. Je pose une main sur mon coeur, tentant en vain de reprendre une respiration régulière. Le problème... C'est qu'il en faut plus que ça pour m'empêcher de souffrir.
Je finis par fermer les yeux, conscient que même en reprenant un rythme cardiaque régulier, mon coeur n'en sera pas moins démoli.
Je reste assis dans mon lit comme ça pendant un bon quart d'heure, revoyant en boucle avec quelle froideur j'ai terminé ma vie avec Claw, hier.
Je relève enfin la tête, le visage vide, pour observer la fenêtre, où la faible lueur de la lune éclaire encore la cour. Je regarde mon réveil, et me rends compte qu'il est encore bien tôt... Le soleil ne devrait pas se lever avant une heure.
Je me laisse tomber dans mon lit, anéanti, fixant le plafond comme s'il allait m'engueuler, me faire passer les sermons que j'aurais rêvé de recevoir. Mais rien. Rien d'autre que la blancheur immaculée de la peinture qui le recouvre. Je lâche un long soupir, écho de la plainte qui me déchire intérieurement, me réduisant à l'état de pauvre idiot, ayant agi sans réfléchir.
Et puis, mes sens reprennent peu à peu leur fonction, et je perçois, faiblement, presque invisible, cette odeur que j'aurais reconnu entre mille.
Elle était venue.
Et j'étais allé la voir.
J'avais repris la Larme, l'estomac noué.
Elle était revenue la chercher ?
Je finis alors par me lever, allumant la lampe de mon chevet. Je regarde autour de moi, cherchant un indice de son passage, et je vois alors, brillante, étincelante, éblouissante... L'éclat de la Larme d'Asha.
Mon coeur se serre soudain lorsque j'aperçois un papier, à côté. Blanc, couvert de lignes et courbes noires.
Je me leve avec difficulté, lutte pour réussir à marcher jusqu'à mon bureau, et, enfin, je saisis la lettre, tremblant.
Je lis chaque mot sans les lire, mes yeux se tournant à chaque fois sur la trace d'eau présent sur la feuille. Une larme. Sa larme.
Enfin, mon coeur lâche en lisant ses mots. Ses mots qui, je le savais, étaient toujours réciproques. Elle m'aimait. Je l'aimais. J'avais beau nié, je ne pouvais l'oublier.
Mes doigts se crispent sur la feuille, mon visage se décompose, et des larmes, gelées, viennent s'écraser sur le papier, rejoignant la sienne.
Et, je termine de lire. Je relève le regard, la vue trouble, et aperçois la Larme d'Asha. Elle aurait dû... Elle aurait dû la reprendre.
Je la prends dans mes mains, et alors que je m'apprête à la lancer contre le mur, je stoppe mon geste, ouvre ma main, et observe la pierre. Une larme vient s'écraser dessus, créant un reflet sublime. Puis, d'autres, encore et encore, sans jamais s'arrêter.
Mes souvenirs tombent, mes bons souvenirs m'abandonnent, son image me quitte.
Désormais... Désormais je devrais aller de l'avant... Je n'aurais pas le choix.
Pendant un instant, j'hésite à demander au Conseil de supprimer mes souvenirs la concernant. Pour m'aider. Pour aller de l'avant.
Réalisant alors que l'idée est idiote, j'ouvre finalement un des tiroirs de mon bureau, le vide, et y dépose la lettre surmontée du pendentif.
La Larme D'Asha... Tu dois rester avec Claw. Alors... Reste au moins avec ce qu'elle m'a laissé avec le coeur qui lui restait. Pour moi. Pour elle. Pour nous...
Pour mon passé.
Je referme le tiroir en même temps que les dernières larmes roulent sur mes joues.
Je dois aller de l'avant.
Parce que je n'ai plus le choix.

Cadeau repris, coeur offert.

Cadeau repris, coeur offert.

Re: Cadeau repris, coeur offert.