Un carnet. Un coeur.

**Karasu** Sam 26 Déc - 1:48

J'arrivai à l'infirmerie.

Je n'étais toujours pas certain de vouloir y aller mais... mon corps avançait tout seul.

Peut être que j'hésitais à y aller mais mon corps le voulait.

Il en ressentait le besoin.

J'en avais besoin.

Je rentrai dans la chambre qu'avait occupé Electra.

Elle était maintenant rangée et aérée.

Pourtant, je ne pouvais pas ne pas penser à sa dernière occupante.

Je ne pouvais pas ne pas sentir son parfum qui y régnait toujours.

Je ne pouvais pas ne pas avoir l'impression de sentir sa présence dans toute la pièce.

Je fermai les yeux et respirai à pleins poumons, savourant les dernières traces de son odeur que je pourrai respirer de ma vie.

Je finis par m'approcher du lit et m'assis sur la chaise posée à côté.

Je la revoyais allongée.

Un sourire triste et douloureux se dessina sur mes lèvres pendant que je sentais les larmes me monter aux yeux.

"Tu me manques tellement." Dis-je doucement en posant ma main sur les draps avec douceur, comme si je la posai sur SA main.

Je continuai de regarder le lit.

Ça n'aurait sûrement pas été son cas mais... j'aurais tellement aimé la voir ici.

Je secouai la tête.

Non. C'était trop égoïste de ma part.

Elle y aurait été trop malheureuse. Elle y a été trop malheureuse... à cause de moi.

Je me mordis les lèvres et laissai retomber ma tête, mes cheveux pendant dans le vide cachant mon visage et ma douleur.

Je finis par la redresser.

Je refoulai de nouveau mes larmes qui menaçaient d'envahir mon visage.

Les souvenirs commençaient à envahir mon esprit.

Dans chacun d'eux, ELLE était là. Dans toute sa splendeur.

Je revoyais sa silhouette si féline, sa démarche si sauvage, insaisissable.

Un petit sourire se dessina sur mon visage.

Au bout de plusieurs heures qui me parurent être des secondes, je commençai à me lever pour partir lorsque mon regard tomba sur la table de nuit.

Un carnet était posé dessus.

Ce serait...

Ma respiration commença à se faire irrégulière.

Je tendis une main tremblante vers le carnet.

Je le pris délicatement dans mes mains, comme s'il était en cristal.

J'ouvris la couverture et regardai la première page.

Ma respiration se coupa. Mon cœur loupa un battement. Mon corps entier se mit à trembler.

C'était bien le sien.

C'était bien celui de Electra.

Je tournai la page et commençai à le lire en admirant son écriture, sa façon d'écrire.

Je m'imprégnai de chacune de ses phrases, chacun de ses mots, chacune de ses lettres.

Lorsque je fermai le carnet, mes larmes avaient remporté leur bataille contre mes tentatives de les refouler.

Ma respiration était silencieuse, je ne bougeais pas, je ne disais rien.

Seules mes larmes et mes yeux trahissaient mon état.

Mes larmes trahissaient ma tristesse.

Mes yeux trahissaient à la fois ma joie et ma douleur.

J'avais mal. Terriblement mal au cœur. Horriblement mal au cœur.

Pourtant, pour une fois, je me fichai de cette douleur. Cette douleur que je ressentais en permanence depuis... depuis la dernière fois que je l'ai vue et qui grandissait de jour en jour sans que je ne la montre à personne.

Lors de la fin de ma lecture, cette douleur était pire encore.

Je posai le carnet sur le lit et posai ma tête dans les draps en attrapant ces derniers violemment.

Je poussai un cri de douleur. Un cri de désespoir. Un cri perdu. Un cri pour Electra.

"Tu me manques tellement." Répétai-je entre deux sanglots incontrôlés.

Electra...

"Je t'aime."

En cet instant, mon cœur saignait. Mon cœur était glacé. Mon cœur mourrait.

Et pourtant...

Mon cœur voulait vivre. Mon cœur voulait se battre.

Parce que c'est ce qu'elle m'avait demandé.

Il n'y avait qu'une chose qu'elle m'avait demandé et que je ne pouvait pas faire.

"Je ne t'oublierai jamais... Jamais." Articulai-je, les larmes perlant sur mon visage.

Je plongeai la tête dans l'oreiller.

Son odeur était toujours là.

Un nouveau cri de douleur retentit.

Je redressai la tête.

La pièce semblait toujours baignée de sa présence.

Un nouveau cri de douleur retentit.

Mon regard se posa de nouveau sur le carnet.

Ces pensées étaient toujours là.

Ma voix se tut.

Je le repris délicatement dans mes mains.

"Sois sans crainte. Je l'ai trouvé." Dis-je alors que deux larmes tombaient au sol.

Je me dirigeai vers la fenêtre que j'ouvris.

L'endroit par où elle était sortie.

Je rangeai bien soigneusement son carnet, mon trésor dans un poche intérieure de mon manteau, contre mon cœur.

Je regardai une dernière fois l'ensemble de la chambre, la vue brouillée par mes larmes.

J'avais l'impression de toujours sentir sa présence.

"Je t'aime Elena. Electra."

Puis, je me laissai tomber dans le vide après avoir enjambé le rebord de la fenêtre.

Je fermai les yeux pendant ma chute.

Je posai mes mains sur le carnet. Sur mon cœur.

Mes larmes perlèrent de nouveau sur mon visage avant d'être emportées par le vent.

Il restait encore deux mètres avant que je ne touche le sol.

"Electra..."

J'écartai les bras et me transformai en un grand corbeau.

J'abaissai mes ailes et pris mon envol.

Je dépassai vite le sommet de la tour Or.

"Grâce à toi, je suis libre."

Electra...

"Merci."

Electra...

"Je t'aime."