Pour de vrai [libre]

Je regardai une dernière dans le couloir, puis fermai la porte. Je restai quelques secondes dos à ma chambre. Je me retournai lentement et la découvris. Un grand lit à baldaquin trônait au milieu de la pièce contre un mur. A son pied, il y avait un coffre. Dans un coin de la vaste pièce, une armoire de marbre se dressait, immense. A vrai dire, cette pièce était quasiement la réplique de mon ancienne chambre. Je fis quelque pas vers le centre de la chambre. Je regardai à travers l'une des grandes fenêtres. Il faisait plutôt sombre.
Je me retournai en entendant frapper à ma porte. Pour la première fois. J'avançai, hésitante et ouvris.

-Oui ?

Je fus surprise par son attitude. Elle faisait presque comme si nous nous connaissions déjà ce qui m'étonnait.

- Bonjour... Euh... Oui c'est bien Norah et vous vous êtes... ?

J'ouvris la porte en grand et l'invitai à rentrer. Laisser quelqu'un, quel qu'il soit, sur le pas de la porte, ne se faisait pas chez moi.

- Nous vous ne me dérangez pas. Je peux faire quelque chose ?

Je me demandai ce qui pouvait l'amener ici. Elle était sûrement une affinité air. Peut-être s'était-elle trompée de chambre ? Mais elle avait bien prononcé mon prénom.

[hrp : Non j'attendais personne ^^. A vrai dire j'avais même peur que personne ne vienne x). Et merci, toi aussi t'écris très bien ! Super bien même !]

Je fus impressionnée par son débit de parole. C'était incroyable tout ce qu'elle pouvait dire en l'espace d'une minute. Je ne pus m'empêcher de lever les sourcils, surprise. Elle me trouvait... gentille ? Elle se faisait rapidement une idée de la personne que j'étais. En tout cas, une chose était sûr pour moi, cette Yureka était une grande gamine. Je ne pus, non plus, m'empêcher de répondre à son sourire. Chose que je ne faisais qu'extrêmement rarement... parce que je n'en voyais pas l'intérêt. Mais elle était tellement adorable ! Donc, un doux sourire étira mes lèvres. Je regardai autour de moi, cherchant une chaise à lui proposer. J'en trouvai une. Une seule. Face à un bureau d'un brun apaisant.
Comme la plupart des personnes ici, elle n'aimait pas le vouvoiement.

- Tu as quel âge ?

Puis je lui désignai la chaise du menton.

- Tu veux t'asseoir ?

[hrp : ^^]

J'attendis qu'elle s'asseoit et m'installai sur un côté de mon lit tout neuf. Il était absolument... parfait. Il sentait le frais, le propre, le neuf quoi ! Malheureusement pour lui, j'étais le genre de personne qui trainait le plus longtemps possible dans le lit aussi bien le matin, le midi et le soir. En bref, tout le temps.
Cette Yureka, on aurait dit une petite enfant. Et dire qu'elle avait mon âge. Je devais faire bien vieille.
Je saisis un des deux oreillers qui trônaient sur le lit et le serrai contre moi. Il sentait la rose, et dieu que j'aimais cette odeur.

- Pareil que toi. Avoue que c'est étonnant.

Je cachai mon sourire dans l'oreiller et poursuivis :

- Tu es ici depuis longtemps ?

J'acquiesçai, le regard souriant à la place de mes lèvres.

- Je n'ai pas à m'en plaindre pour l'instant.

Je regardai par la fenêtre. Aucun nuage à l'horizon. A croire que cette Yureka apportait le soleil avec elle.

- Tu as beaucoup d'amis ?

Je supposai que oui, une personne comme elle ne pouvait qu'attirer les gens. Et les rendre heureux. Sa compagnie était très agréable.

Sans me détourner de la fenêtre, je lui répondis doucement :

- Pas mal en effet...

Un oiseau vola jusqu'à ma fenêtre avant de remonter brusquement à quelques millimètres de la vitre. Il ne serait pas un peu "suicidaire" celui-là ? Ne trouvant plus rien à dire, je me murai dans le silence laissant le temps s'écouler. Je posai mon regard bleu nuit sur elle. Elle avait beau être très sympa, je ne trouvais pas plus de questions que ça à lui poser.
Je me laissai doucement tomber sur le côté.

Je lui souris à mon tour, doucement.

- Non pas vraiment. Ce doit être le tout début qui est difficile...

Ou bien c'était clairement moi qui faisait un blocage.

- Tu t'en est sortis dès le début ?

Je préférais ne pas mettre cette question au présent. Sinon, ça pourrait encore être mal interprété.

Je tentai une petite plaisanterie.

- Je pensais que ça se voyait...

L'oreiller que je tenais toujours dans mes bras, roula jusqu'à mes pieds. Je l'empêchai d'atteindre le sol en mettant ces derniers en angle droit avec ma jambe. Tout en précisant ma réponse, je tendis la main vers l'oreiller :

- Je suis ange... Comme toi en fait.

Je marquai une seconde de silence avant de continuer :

- C'est vrai que les autres ont l'air plutôt doués... En fait, ils ont plus de facilité à croire à ce monde.

Terrae était tellement irréel que pour certains, comme moi par exemple, il fallait un temps "d'adaptation" pour croire à tout ça.

Ce que je voulais dire par là ? ça me semblait évident. Qui aurait un jour pensé qu'on viendrait vous voir dans la rue pour vous dire qu'il y avait un ailleurs où se reconstruire, un ailleurs merveilleux où l'on peut contrôler les éléments de la nature et surtout un ailleurs qui semblait rendre les gens heureux et meilleurs ? Moi en tout cas, si je n'avais pas eu d'autre choix que de venir ici, je n'y aurais pas cru. Parce que le monde est horrible, et même avec les meilleures volontés on ne pourra rien y changé parce qu'il y aura toujours des gens pourris jusqu'à la moêle qui n'auront rien d'autre à faire que de gâcher la vie de ceux qui essaient de vivre une existence paisible. Mais ici, à Terrae, c'était différent.
Il y avait des gens comme Yureka qui se souciaient des autres, pas pour se croire meilleurs mais parce que ça leur faisait plaisir.

- Ce que je veux dire... c'est que c'est trop beau pour être vrai... Mais c'est vrai quand même.

Je levai les yeux au plafond. Il y avait vraiment des jours où je faisais des choses contradictoires !
Je suivis son regard jusqu'à travers la fenêtre et l'écoutai conter son arrivée ici. Nous nous tournâmes en même temps l'une vers l'autre. Elle continua tout en me souriant. Elle ressemblait à une grande enfant, et elle était adorable. J'avais du mal à visualiser une Yureka triste.
Lorsqu'elle rit doucement, je lui répondis d'un sourire.

- Crois-moi, je serais bien bête de ne pas vouloir de ton aide.

Les nuages obscurcissaient lentement le ciel, mais je gardais l'espoir que la journée soit belle. Je me demandai si Yureka avait des choses à faire. En même temps, si je lui demandais, elle allait se dire que je voulais qu'elle me guide dans Terrae... Sauf que là, je n'avais pas du tout envie de sortir... Mais je n'avais pas non plus envie d'être toute seule dans ma grande chambre. Décidement je ne savais même plus ce que je voulais.

- J'espère que tu ne comptais pas aller te baigner, fis-je en désignant le ciel du menton.

Je la regardai, prenant soin de ne pas laisser transparaître la tristesse que je ressentais à sa question sur mon visage.

- Non, pas du tout. J'ai même cru qu'on me prenait pour une folle lorsqu'on m'a décrit cet endroit pour la première fois.

Mon regard se posa sur la porte d'une salle adjacente à la pièce principale. Il y avait deux pièces ? Je n'avais pas encore eu le temps de visiter, et encore moins de décorer. Je me rendis compte à quel point ma chambre était vide. Je retins un soupir, avant de reporter mon attention sur Yureka.

- Et toi, tu y aurais cru si on ne t'y avais pas amenée ?

Je souris. Elle au moins avait réussi à garder sa part enfant sans problème. Au contraire, j'avais toujours difficilement cru aux miracles, et le Père Noël n'était plus un mystère depuis l'âge de quatre ans, c'était pour dire. Mais mes parents n'avaient pas tellement aidé à sauvegarder mon innocence. L'on m'avait accablé de responsabilité trop tôt. Je devais être parfaite à tout prix.
Plus je passais de temps en sa compagnie, et plus j'appréciais Yureka. J'avais même envie de lui donné un surnom. Mon sourire s'élargit à cette pensée. Terrae et Yureka, le grand n'importe quoi !

- Pas vraiment partout...

J'essayai de me remémoré les différents lieux que j'avais visité. J'en avais vu pas mal en vol avec Akira.

- Pourquoi ? Tu veux me servir de guide ? fis-je souriante.

Je me mordillai la lèvre inférieur, pendant que je réfléchissais.

- Bien sûr. Tu veux m'emmener à un endroit précis ?

Je gardais dans un coin de ma tête qu'il fallait que je me rende au végétarium pour y cueillir des roses et égayer ma chambre, trop austère à mon goût. Je me levai, tout en souriant à Yureka. Je voulais voir ce qui se cachait derrière cette porte à l'autre bout de la chambre...

- Une... salle de bain ? m'exclamai-je doucement en ouvrant la porte.