Sweetest Goodbye.

**Light** Dim 19 Déc - 21:31

Et voilà. Terrae était tombée, s’était finalement endormie. L’Appel des Originels n’y avait rien fait, Terrae avait fermé les yeux.

Ce matin, en me levant aux côtés de l’homme que j’aimais, je m’étais mise à pleurer, en silence. Je ne savais pour quelle raison les larmes avaient dévalé mes joues, si ce n’est un vide béant tout au fond du cœur. J’avais perdu, je m’en étais alors rendue compte, les voix de douleur et d’espoir qui chantaient dans ma tête, mais j’avais aussi perdu la force sourde et grondante de la Terre, et celle, fluide et parcourant chacun de mes muscles, de Titan.

Assise sur mon lit, les genoux repliés doucement devant moi, le regard vide, j’avais pleuré. Pourquoi avais-je tellement mal ? Pourquoi Terrae était-elle partie de moi ? Des questions sans réponse. J’avais senti la main de Frost caresser mon bras, tandis qu’il dardait ses prunelles envoûtantes vers moi, inquiet. J’allais lui répondre d’un sourire, lorsqu’il s’était mis à pleurer lui aussi, sans s’en rendre compte. Les perles salées avaient dévalé ses joues, et il m’avait prise dans ses bras, silencieux, laissant ses larmes ruisseler sur ma peau nue, laissant les miennes s’égarer quelque part sur sa peau à lui.

Nous n’avions pas prononcé un mot. Lorsque, de longues minutes plus tard, nous nous étions décidés à sortir de notre lit, nous avions fait notre deuil, le deuil de notre force passée. Nous devions aller de l’avant … Nous savions que, de toute manière, ça ne durerait pas. D’un sourire, il avait de nouveau inondé mon âme de bonheur, et nous nous étions levés, main dans la main, pour affronter notre futur.

Nos valises avaient été faites, après tout, on emportait pas grand-chose. Philos nous avait donné l’argent que nous avions récolté en mission, de quoi démarrer une nouvelle vie, ailleurs. Terrae avait été notre berceau, et c’était en la remerciant du fond du cœur que nous la quittions, pour nous installer tous les deux, vivre une vie normale. Où aller ? Peut m’importait, tant que c’était tous les deux. Si je savais bien qu’il existait quelque chose qui perdurerait au fond de moi pour le restant de mes jours, c’était bien cet amour dévorant, brûlant comme une flamme qui éclairait toute mon âme.

Terrae s’éloignait, déjà. Je repensai à Yureka, un sourire étira mes lèvres, lui souhaitant tout le bonheur du monde. De toute manière, on allait se recroiser, je le savais. On se reverrait, on discuterait de longues heures, avant de se séparer en se promettant de se revoir, encore et encore. Je tenais à elle comme à une petite sœur, comme à une grande amie, bien que nous n’ayons que peu discuté. Elle était tellement attachante que je ne pouvais que lui souhaiter d’être plus qu’heureuse.

Mes pensées dérivèrent vers Light, cette fois-ci, mon sourire s’élargit. Lui aussi, enfin, était heureux. Il avait enfin trouvé son équilibre, cette personne qui lui manquait. Il pouvait enfin nous laisser partir, parce qu’il connaissait la véritable signification de l’amour, de l’envie d’être pour quelqu’un, de l’envie d’exister, simplement pour lui. Je glissai ma main dans celle de Frost, doucement, lui faisant un doux sourire.

La navette faisait petit à petit disparaître Terrae de notre vue. Tandis que je fixais cette île enchanteresse qui se faisait plus petite à nos yeux, plus grande dans notre souvenir, des larmes roulèrent de mes yeux, silencieuses. Frost lui aussi, fixait Terrae en silence, et, bien que pas une seule larme ne coulât sur ses joues, je le voyais pleurer, du fond de ses yeux, à travers ce masque d’impassibilité qu’il arborait toujours. C’était comme quitter le ventre de sa mère, c’était comme tout abandonner pour partir, c’était une séparation pleine de bonheur, mais pleine d’une tristesse déchirante. Nos pouvoirs nous avaient abandonnés, mais ceux que nous étions devenus perdureraient pour toute notre vie. Nous étions toujours des guerriers, des battants … Et Terrae saurait où nous retrouver.

L’île n’était désormais qu’un petit point à l’horizon. N’y tenant plus, je me réfugiai dans les bras de Frost, enfouissant ma tête contre son torse, agrippant sa veste presque convulsivement, pour tenter de contenir les sanglots qui me secouaient toute entière. Je sentis les bras de l’homme que j’aimais m’enserrer, ses lèvres se poser dans mes cheveux, tendrement. Soudain, à travers le brouillard de cette matinée, à travers mes larmes, mes hoquets douloureux, j’entendis sa voix, douce, suave, tendre, brisée, confiante, apeurée, me souffler :

- Nous reviendrons, Noa. Nous reviendrons.

Je ne pus qu’acquiescer, tentant de ravaler mes larmes. Il m’embrassa dans les cheveux une nouvelle fois, me serrant plus fort contre lui. Et je n’entendis ses mots que par miracle, tant ils étaient faibles :

- Au revoir, Terrae... Et merci. Merci pour tout.