Comme une ombre sous mes pas, Terrae dans mon coeur. (privé)

**Mist** Dim 18 Avr - 13:38

Katmandou. Solitude, froid, liberté. Contrôle de mon corps.
Los Angeles. Bruit, foule, lumières. Contrôle des autres.
Camp expérimental n*3245. Sérénité, vent, sable. Contrôle de ma vie.

Au final, qui suis-je devenue ? J’ai appris à ne devenir personne, dans le but d’enfin devenir quelqu’un, devenir moi. Ai-je réussi ? Je ne sais pas.

Mais je suis devenu quelqu’un de meilleur. Désormais, alors que je foule cette terre que mon corps, mon cœur et mon âme avaient ardemment réclamé, je sens que je suis devenue quelqu’un capable d’assumer ses erreurs, ses doutes, ses horreurs.

Je reviens, oui, je reviens. Pour payer. Je viens me jeter entre les griffes de ceux qui ont voulu ma mort, entre les pattes du Conseil, dans la gueule pleine de crocs des Traqueurs. Je viens, je tends les poignets pour qu’on m’y accroche des menottes, pour subir mon châtiment, pour accepter ma condamnation.

Il m’avait fallu tant de temps. Tant de temps pour comprendre. Pour comprendre que la vraie liberté ne dépendait pas des murs d’une prison, d’une barrière dressée par l’oubli, d’une paire de menottes qui empêchait le moindre mouvement.

La liberté était esprit. Elle était pensée et voyage, elle était dans ma tête et dans mon cœur. J’avais brisé les carcans de mon esprit, de mon corps; je me sentais enfin complète, sereine, sauvage, libre … Master.

J’inspirai l’air chaud de cet après midi éclatant à Terrae. Mon sac en bandoulière sur l’épaule contenait tout ce qu’il me restait, tout ce que j’avais emporté. Des plans, mon ordinateur, quelques rares affaires (presque toutes restées là d’où je venais), et mes clés de voiture.

Vêtue simplement, mes lunettes à la John Lennon retenant mes longs cheveux bouclés ivoire, l’Ankh doré de William autour du cou- on aurait presque pu me prendre pour n’importe qui. En effet, je n’étais personne -si ce n’est celle que j’étais devenue.

Je passai mes doigts sur mon piercing à la lèvre. Je ne l’aimais pas, mais il avait été nécessaire. Pensive, je me dis qu’avec un peu de chance, je pourrai demander à Philos de me faire cicatriser la plaie. Mais pour l’instant, autant garder le bijou. Mes pensées vagabondaient sans cesse, bercées par le rythme régulier de mes pas. Fouler la terre de l’Institut me faisait tellement de bien.

M’avait-on oubliée ? Sans doute. Sinon, je ne serais jamais revenue. Mes pensées flottèrent quelques instants vers Yureka, Yujiro, Karasu, Storm … Mes amis. Une autre figure s’imposa à moi avec force, je la chassai en secouant la tête. Je n’avais pas à penser à lui, je ne devais pas faiblir maintenant. La tête me tourna quelques instants, je sentis ma respiration s’accélérer, mais je me contins. Je ne devais pas faire de crise maintenant.

Je repensai à Yureka. Elle me manquait tellement ! J’avais trouvé ça tellement cruel de devoir la laisser sans aucune explication, si ce n’est des mots bêtes sur une feuille de papier insipide, des mots qui ne voulaient rien dire. J’aurais tellement aimé la revoir … Mais ça aurait été encore une fois, profiter de sa trop grande gentillesse.

Je n’avais pas mérité une amie comme ça, j’en étais désormais plus que consciente.

Je pénétrai dans la Cour, portée par mes pas. J’avais eu envie de marcher, et laisser ma trace énergétique en me téléportant aurait été une sacré carte de visite envoyée aux traqueurs. Mettre ma finesse naturelle dans ma poche serait plutôt une bonne stratégie pour le moment.

Je m’arrêtai un instant, inspirai un grand coup, fis glisser ma main sur mon ventre plat avec un léger soupir de soulagement. Je levai la tête vers le sommet de la Tour Or. Décidemment, je serais toujours impressionnée par la majesté de cet endroit.

Je ne voulus pas savoir qui approchait, et me contentai de dire, presque sûre de l’identité de mon interlocuteur -sans doute un Traqueur plus malin que les autres - :

- Si vous venez pour m’arrêter, venez, je vous en prie. Je ne me défendrai pas.

« Après tout, je suis venue pour ça … » pensai-je avec un léger sourire, un peu amer sans doute mais résigné.

Mon regard ne lâchait pas le ciel, ce ciel si bleu et si beau, ce ciel aux mille teintes différentes qui m’avait tant manqué. Si bien, qu’au final, je ne sus réellement qui était dans mon dos que lorsque j’entendis sa réponse …

**Yureka** Dim 18 Avr - 14:18

Mon coeur était devenu incroyablement léger. Jusque là, je n'avais pas remarqué... Non, je n'avais pas dû tout remarqué que j'avais tant de raison d'être triste, tant de raison de me morfondre et de pleurer. J'avais retrouvé Yujiro, et je pense que c'était grâce à lui que je n'avais pas craqué. Car juste après son retour, tant de gens m'avaient quitté. J'aurais certainement dû mépriser cette bataille, qui était la cause de tous ces départs. J'aurais dû la haïr, lui en vouloir au point d'aller voir les responsables et de les faire payer. Après tout, j'avais failli perdre Yujiro, et les personnes qui m'étaient les plus chères étaient partis... Et tant d'autres personnes à Terrae avaient soufferts.

Mais ça faisait partie de mon caractère... J'étais incapable d'en vouloir, et au fond... Au fond je me disais qu'il y avait eu une bonne raison, derrière cette attaque. Que cette raison qui nous paraissait mauvaise était importante pour eux, voire primordiale.

Etendue dans mon lit, je poussai un soupir. Voilà que j'étais encore en train de rêvasser et de repenser au passé...
Je m'assis, et remarquai avec joie que mon coeur n'avait en réalité jamais été aussi léger. Mais l'était-il tant que ça ? A ce moment là, sans me douter une seule seconde de ce qui m'attendait, j'aurais sans doute répondu oui. J'aurais affirmer que le retour de Noa m'avait fait revivre, et m'avait donné une nouvelle raison de vivre. Les voir réuni, heureux... N'était-ce pas ce à quoi j'aspirais ?

Après tout, c'était moi qui passait mon temps à vouloir voir les gens heureux. Je me répétai sans cesse que mon bonheur importait peu à côté du leur. Il me semblât même par moment que j'étais trop focalisée sur les autres, et que je pensais très peu à moi. Mais il faut croire que je vivais à travers leur bonheur !

Je finis par rire de moi, toute seule dans ma chambre, et je m'assis lentement sur mon lit, toujours perdue dans mes pensées. Je n'avais vraiment rien à faire aujourd'hui, et je me voyais mal aller embêter les gens simplement pour que le temps passe plus rapidement.

Je me levai alors, me décidant à écrire une lettre à Grand-père. C'est que ça faisait longtemps...! Je traînai des pieds jusqu'à mon bureau, et m'arrêtai devant la fenêtre pour observer un peu les gens qui traînait cet après-midi là dans la cours. Et là...

Boum. Mon coeur qui résonne en moi.
Boum boum. Je n'en reviens pas.
Boum boum boum boum boum. Mes pieds qui martèlent le sol avec empressement.

Je me mis à courir dans les couloirs à en perdre haleine, manquant de tomber à plusieurs reprises. Je dévalai les escaliers à une vitesse que je ne m'imaginais même pas avoir. J'arrivai enfin dans la cour, essoufflée.

Je restai immobile, cherchant à savoir si c'était la réalité ou non. J'avançai d'un pas, puis de deux. J'avançai doucement dans son dos, tendant une main dans sa direction comme si je cherchais à la saisir avant qu'elle ne parte à nouveau.

Une voix. La sienne. Elle avait tant changé... Cette voix. Mais c'était la sienne... C'était et ce serait toujours la sienne.
J'avais les pupilles dilatés, une main tendue vainement devant moi... Et Elle qui me tournait le dos, comme si elle fût insaisissable.

Des larmes envahirent peu à peu mes yeux. Elle allait rester cette fois-là. Elle allait rester, pour toujours, toujours...
Le peu de pensées que j'étais capable d'avoir résonnait en moi.
Une larme coula sur ma joue.

-C... Claw... bredouillai-je. Tu es... rentrée...

**Mist** Dim 18 Avr - 14:30

Sa voix. Impossible. Un sourire étira mes lèvres, un sourire amusé. Tiens, au final je m'étais trompée. Et c'était tant mieux, à vrai dire. Tellement mieux. Je l'entends qui reprend sa respiration, qui déglutis, qui bredouille, qui me parle. J'analyse le son de sa voix comme un ordinateur. Sa voix qui me rappelle tant de choses.

La seconde après qu'elle m'ait parlé, je me retournai. Mes longs cheveux bouclés volèrent autour de moi, je me retrouvai face à elle, surprise, une main encore sur la lanière de mon sac. La surprise dura ne petite seconde, puis finalement ce fut un sourire qui la remplaça. Je lui fis un grand sourire, un grand sourire heureux.

Je restai ainsi, plantée, sans savoir quoi faire. Quatre mois. Quatre mois, ça changeait autant les gens ?... M'en voulait elle ? Elle ne voudrait certainement pas me revoir après ce que j'avais fait à Yujiro. Peut être voudrait-elle se venger ? Mon coeur se serra dans ma poitrine. Si c'était le cas, elle aurait beaucoup trop changé. Et, au final, je ne voulais pas. Je voulais juste qu'elle soit comme je l'ai connue, douce, amicale, souriante, débordante de gentillesse et d'énergie.

Je lui souris une nouvelle fois. Il fallait que je parle maintenant. Il fallait que des mots sortent de ma bouche, sortent de mon coeur. Je n'avais pas prévu cette situation. J'avais prévu des attaques surprise, des enfermements, des injures ... Pas un visage surpris mais doux, un visage qui me faisait couler du bonheur dans le ventre.

- Si tu savais pour qui je t'ai pris, tu m'en voudrais sûrement, soufflai-je, me sentant bête.

**Yureka** Dim 18 Avr - 15:45

Je crois qu'à cet instant précis, ce qu'il me manquait, c'était une réaction. Je n'arrivais tout simplement pas à réagir. La réalité s'imposait bien trop brutalement à moi, et j'avais un mal fou à l'accepter sans penser parallèlement que c'était un rêve. Elle était là, devant moi. Belle comme jamais, souriante et... Changée.
Mais bien là.
Ma meilleure amie.
Je ne compris ses mots qu'après me les être répéter plusieurs fois.
Le problème, c'est que j'étais soumise à trop de sentiments en même temps... Et que j'étais totalement incapable de retenir mes larmes. Seule une petite voix me suppliait d'arrêter, pour ne pas l'inquiéter, pour ne pas qu'elle croit que c'était de sa faute... Mais elle était si vite engloutie par tous mes autres sentiments que j'étais dans l'incapacité totale de l'écouter et de suivre ses ordres.
Au bout d'un moment, je finis par décrocher un sourire, des larmes de joie dégoulinant sur mon visage. J'avançai à nouveau d'un pas, d'un autre, jusqu'à m'élancer en courant dans sa direction pour lui sauter dans les bras. J'enfouis ma tête dans son cou. Peu importe qu'on tombe sous mon poids, j'étais tellement heureuse de la retrouver !

-Désolée... Désolée pour ton t-shirt, articulai-je d'une toute petite voix où se mêlaient rire et sanglot. Il va être trempé...

J'éclatai alors d'un rire mouillé, déversant sur son épaule tous les soucis que j'avais pu me faire pour elle, tout ce que j'avais vécu jusque là, tous ces sentiments que j'avais pu éprouver pendant quatre mois sans elle.

-Tu es tellement belle, parvins-je à bredouiller entre deux sanglots. Oui, tellement jolie...

**Mist** Dim 18 Avr - 16:03

Je vacillais quelque peu sous le choc, mais me stabilisai, mon sac tombé par terre. Je serrai Yureka contre moi, surprise mais heureuse de sa réaction. La voir pleurer m'était difficile, mais le contenu de ses larmes atténuait le reste. Je l'entendis sangloter contre moi, sentis ses larmes dans mon cou, mais ne bronchai pas. J'avais un sourire doux accroché aux lèvres, un sourire un peu stupide qui ne voulait pas partir.

Lorsqu'elle parla de mon tee-shirt, j'éclatai de rire, joignant le mien au sien. Si elle savait à quel point ça importait peu ! Et puis j'avais vu bien pire qu'un tee shirt humide en quatre mois.

- Je ne te pardonnerai que si tu arrêtes de pleurer, dis-je avec douceur.

Mais pourtant, elle continuait à sangloter, plus doucement, des petits sanglots timides, comme si elle ne voulait pas me déranger avec. J'eus un sourire. Malgré ces quatre mois, malgré les changements que je voyais en elle, elle restait la même. Pleine de sollicitude, alors même qu'elle pleurait. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi altruiste. Je ris doucement, et finis par ajouter :

- Allez, tout compte fait, pleure, si ça te fait du bien. Ça ne me gêne pas. Et oublie un peu mon débardeur, ajoutai-je sur un ton léger.

Sa deuxième phrase, articulée entre deux sanglots, me fit sourire, me surprit, aussi. Je n'avais prêté attention à mon apparence que pour falsifier correctement mes papiers d'identité. A qui plaire ? A quoi bon être belle lorsqu'on aime déjà, à quoi bon plaire lorsque cette personne est loin de soi ?

- Et toi toujours aussi adorable... lui dis-je finalement en resserrant mon étreinte.

Ces changements, je les devais à Eux. Eux qui m'avaient poussé, eux qui m'avaient donné cette motivation pour avancer, pour changer, pour évoluer, pour vivre, pour progresser. Eux. Mes amis. Ceux qui ne m'attendaient plus, ceux que j'avais abandonné. C'était grâce à Eux, pour Eux, que j'avais changé. Et parmi ce Eux, un visage en particulier. Non, deux, trois sans doute, qui rayonnaient avec force. J'eus un bref sourire, caressai ses cheveux.

- C'est grâce à toi. Grâce à toi que j'ai trouvé la force de changer, tu sais, ajoutai-je avec un petit sourire, la regardant alors même qu'elle avait le nez encore dans mon cou.

**Yureka** Dim 18 Avr - 16:24

Je ne pensais pas que la douleur éprouvée par le manque pouvait être guérie facilement. Non, j'étais même persuadée que c'était une douleur qui ne pouvait être guérie que par la personne ou la chose qui était à l'origine de ce manque.
Sauf que je ne savais pas que c'était aussi doux et chaleureux d'être guérie ainsi. Ses paroles était le plus doux de tous les médicaments, et sa voix, le plus tendre des baumes.
Mon coeur battait vite, mais régulièrement. Je me sentais bien, là, dans ses bras, bercées par ma meilleure amie que j'avais tant attendu. Je m'en voudrais peut-être de le dire, et j'en aurais sûrement honte... Mais je crois que j'avais perdu tout espoir. Et d'une certaine façon, je ne regrette pas, même si c'est horrible de dire cela. Car de cette façon, je suis encore plus heureuse de la revoir que je ne l'aurais jamais été.
Doucement, calmant peu à peu mes sanglots, je parvins à articuler :

-J'ai le droit de rester dans tes bras, hein ?

Je marquai une légère pause avant de me justifier, pensant certainement que c'était nécessaire.

-J'ai pas envie de bouger.

Pas envie de risquer de te voir une nouvelle fois partir... Je finis par sourire, sentant son épaule humide sous les larmes que j'avais laissé coulé.
Au fond, je savais bien que Claw, ou même Kasumi, n'avait jamais été très câlin. Mais pour le moment... Je m'en fichais. Je voulais juste m'assurer, même si ça durait longtemps, qu'elle allait rester, et pour de bon. Je voulais être sûre, je voulais que ce soit une certitude, vraiment.
Et puis, tant qu'à faire... C'était ma façon à moi de la faire payer pour m'avoir laissé tomber durant ces quatre mois. Elle allait devoir me supporter, et c'est tout. Et je me fichais d'ores et déjà de toutes les personnes qui allaient passer dans la cour et qui allaient penser à toutes sortes de choses étranges et inimaginables. Je voulais juste... Oh, allez, je laisse tomber. Je n'arrivais plus à m'exprimer correctement, de toute façon.

-Tu m'as manquée, lâchai-je alors.

**Mist** Dim 18 Avr - 16:49

J'eus un sourire amusé. Je finis même par rire de nouveau. Qu'il était naturel, mon rire, en sa compagnie ! Il avait été absent de mon voyage, comme si je l'avais laissé avec elle. J'avais laissé mon coeur à ... Lui, et à Elle j'avais laissé mon rire et ma bonne humeur. Et les récupérer me faisait un bien fou... Tellement de bien que j'en oubliais toutes les raisons qui m'avaient poussé à rentrer. Si elle savait ...

- Bien sûr que tu peux. Tu m'as manqué aussi, tu sais. Énormément... ajoutai-je un peu plus faiblement.

C'était la vérité. Elle, ainsi que tous ceux que j'avais laissé, avaient créé un gouffre béant tout au fond de mon coeur, gouffre qui se comblait déjà, avec la plus grande des facilités. La présence de Yureka me donnait juste envie de m'asseoir dans l'herbe des plaines, de m'y allonger même, de lui raconter toute mon histoire, de rire avec elle, de discuter jusqu'au soir. De dormir à la belle étoile, même, si le temps le permettait. Tout lui raconter. Tout lui avouer aussi. Je me mordis la lèvre.

- Il faudra que je te dise quelque chose. Mais pas maintenant. Ce n'est pas encore le moment, soufflai-je, énigmatique, le regard au loin.

J'eus un sourire, la regardai, peu importait si elle ne me voyait pas. Au diable les Traqueurs, qu'ils aillent se faire voir, histoire de. J'étais avec ma meilleure amie, ma punition pouvait bien être repoussé de 5 petites minutes.

- Ça te dirait que je te raconte ce qu'il m'est arrivé ? C'est pas très intéressant, mais ça pourrait faire passer le temps, dis-je avec un rire.

Un bruit, soudain. A la lisière des bois. Un bruissement des feuilles, un infime changement dans les couleurs du paysage. Comme un chat, mon visage se tourne par réflexe vers la source de ce bruit. Je jurai en silence.

- Toujours là quand il faut pas eux, grognai-je pour moi-même.

J'en voyais trois. J'activai ma greffe, et mon oeil droit devint celui d'un Aigle, doré. Pas de traces de griffes, ni de pulsations meurtrières. Seule restait une immense sensation de vide. Mais peu m'importait.
Ils étaient bien trois. Trois hommes. Parmi eux, les deux qui avaient failli me trouver dans le campement. Je serrai les dents, désactivai ma greffe.
Le tout avait duré trois bonnes secondes de silence.

Je reportai mon attention sur Yureka, inquiète pour elle. La trouver ici, avec moi, allait lui causer des soucis.

- Ce sera pour une autre fois, j'en ai bien peur, annonçai-je d'un ton léger destiné à ne pas l'inquiéter.

Je reportai mon attention sur les Traqueurs sombre. Je sentais d'ici leur aura tant redoutée, leur ombre trop noire pour être portée par des Masters ordinaires. Les Traqueurs étaient l'envers du décor.
Et j'avais plus d'une fois appris à les détester.

**Yureka** Dim 18 Avr - 20:14

Je profitai pleinement de ce temps qui ne semblait plus écoulée quand j'étais dans ses bras. J'avais l'impression d'être protégée de tout, d'être à l'abri des dangers et de toutes ces choses extérieures qui auraient pu m'atteindre si je n'avais pas été nichée au creux de ses bras.
Et puis, je la sentis soudain tendue. Mes yeux auparavant clos s'ouvrirent doucement. Je n'avais brusquement plus envie de savourer ce moment, et seul un sentiment d'inquiétude perça au fond de moi, écrasant tous les autres qui m'habitaient jusque là.
Je m'écartai doucement d'elle, les sourcils froncés, alors qu'elle se détendait petit à petit. J'écoutai sa voix douce qui au fond de moi résonnait amèrement.
J'avais laissé tombé mon visage de douceur et de joie, et j'arborai à présent un air sérieux. Je ne voulais plus... Qu'on tente de me rassurer.

-Claw... murmurai-je.

Je la regardai, plantai mes yeux dans les siens. Ils étaient si verts... Mais la réponse n'était pas là. Je ne savais toujours pas ce qui allait arriver... Car c'était évident. Il allait se passer quelque chose.
Et je n'osais pas me retourner. Je ne voulais pas lâcher mon amie du regard. J'avais un horrible pressentiment...
Je fermai les yeux, et lorsque je les rouvris, je les sentis virer au gris. Sûrement le trop plein d'émotions...

-Dis-moi... Ce qu'il va se passer. Je veux savoir.

Je baissai la tête un instant, puis la relevai, déterminée.

-Je... Je ne veux plus qu'on me cache la vérité pour ne pas me faire souffrir.

**Mist** Dim 18 Avr - 20:26

Je regardai Yureka, relevai les yeux vers les Traqueurs qui approchaient, fiers et méprisants. Je regardai de nouveau mon amie, et, pour la première fois, mon masque détendu et serein se brisa. Quelques secondes.
Un éclat de peur passant dans mes yeux verts. Un éclat qui ne pouvait échapper aux siens, plein de puissance, sereins. Puis plus rien. Je regardai Yureka.

- Je ne suis pas revenue pour repartir à zéro.

J'inspirai, puis fermai les yeux, secouai la tête, résignée.

- ... Mais pour accepter ma punition.

Je fronçai les sourcils douloureusement.

- J'ai fait des choses horribles, et je suis venue payer. Ils m'ont recherché, et je leur ai échappé le temps que je pouvais, mais ...

La suite se bloqua dans ma gorge. Mais mes rêves, mais ce que j'avais désormais en moi m'avait poussée à revenir. J'ouvris les yeux, fixai de nouveau mon amie.

- ... Mais désormais, je suis revenue. Je profitais sans doute de mes derniers instants de liberté. Je suis revenue pour payer.

Je fixai les Traqueurs qui n'étaient plus qu'à une dizaine de mètres de nous.

- Et ils le savent, complétai-je, dure, mon masque impassible ayant recouvert de nouveau mon visage.

Je lui tendis mon sac. Tout ce qu'il me restait.

- Je te le confie. Prends en soin, je ne sais pas si je pourrai venir le chercher.

Je fis un sourire rassurant à Yureka. Il fallait qu'elle comprenne.

- Je suis revenue de mon plein gré. Et, quoi qu'il se passe, je vais te demander de leur obéir sans broncher. Ce sont des monstres. Surtout, ne leur montre pas tes faiblesses et obéis-leur.

Je la serrai brièvement dans mes bras.

- Je suis désolée, soufflai-je. Voilà que je t'attire de nouveau des ennuis ...

**Yureka** Dim 18 Avr - 21:28

J'écoutai ses paroles d'un air grave, et ce fut à regret que je pris son sac dans mes mains. J'avais peur... C'était comme si ce geste signifiait un nouvel adieu. Je ne voulais pas la laisser endurer seule le prix de ses erreurs... Je voulais pouvoir l'aider, être avec elle, la soutenir... Mais il allait falloir que je me résigne aux ordres de ces... "monstres", comme elle les avait nommé. Je ne savais même pas clairement qui ils étaient, mais je ne pouvais que leur en vouloir de me voler ainsi les si précieux instants de retrouvailles auprès de ma meilleure amie.
Le pire, cependant, restera, je crois, l'instant où je vis une lueur de peur dans son regard. Parce que jusque là, j'avais toujours considéré Claw comme une personne incroyablement forte et courageuse. Pour moi, elle n'avait peur de rien, et pourtant, là...
Je souris tristement, et hochai la tête.

-Je ferais attention, je te le promets... Mais toi... Toi aussi, fais attention. Je t'en prie... soufflai-je.

Je la regardai tristement, effrayée à l'idée de la perdre à nouveau. Je venais tout juste de la retrouver qu'on me l'arrachait déjà ! Pourquoi ? Pourquoi...?

-Je t'attendrais... Parce que j'aurais ton sac à te rendre... Alors tu viendras le chercher, hein ? Je veux que tu me le promettes...

Au moins, j'aurais le sentiment de ne vivre qu'un au revoir et non un adieu... Je terminai alors nos derniers instants en articulant doucement un "Et tu ne m'attires pas d'ennuis...". Puis, ces gens qui devaient l'emmener arrivèrent, tous vêtus de manière si sombre et sinistre...

**Mist** Dim 18 Avr - 22:02

- Ne t'en fais pas, soufflai-je simplement.

Je la regardai avec un sourire reconnaissant, un sourire que je voulais également rassurant. Puis je me plaçai instinctivement entre elle et les Traqueurs qui venaient d'arriver, hostile envers eux, qui me dardaient de leurs regards fiers.
Vêtus de leurs capes rouge sombre, ils me fixaient tous, un sourire narquois aux lèvres. Le blond, avec les cheveux attachés en une queue de cheval, s'avança vers moi.

- Alors demoiselle, fière de ton petit tour de passe passe au Sahara ? me dit-il en me tournant autour.

Son ami aux cheveux marrons en piques s'avance à son tour.

- Tu nous as sous-estimés. On est revenus plus vite que prévu mais ... Oh ! (un sourire étira ses lèvres.) Voilà que l'agneau vient se jeter entre les pattes du loup. Comme c'est étrange ... (son expression changea soudain du tout au tout.) Je croyais que tu n'étais qu'une putain de fugitive ! Alors comme ça on se décide enfin à rentrer ?! Dis nous pourquoi ! cracha-t-il avec violence.

Le troisième Traqueur, aux cheveux rouges, retint le brun qui s'apprêtait à me frapper. Sur la peau de ce dernier, un courant électrique crépitait. Je ne bronchai pas, restai silencieuse et digne, la tête haute, ne leur accordant à peine qu'un regard.

- Du calme ... dit le rouge en contenant sans trop de difficultés son ami déchaîné.

Le blond reprit :

- Pourquoi ?... demanda-t-il en prenant une de mes mèches de cheveux.

Je regardai le blond, impassible. Puis je me décidai enfin à agir, réfrénant ma colère et ma haine, ma peur et ma fierté. Je tendis les poignets devant moi, paumes vers le ciel.

- Jugez moi. Je me rends, dis-je alors, les regardant de haut.

Un sourire étira les lèvres du blond, un sourire mauvais. Il attacha deux bracelets larges marqués du pentagramme inversé des Traqueurs. Un filin d'énergie crépita entre les deux, me les reliant, comme par magnétisme. Inutile d'essayer d'utiliser mes pouvoirs, je le savais.

- Avec plaisir, souffla le blond en me prenant par le bras pour me faire avancer.

Le rouge libéra le brun qui s'approcha de Yureka.

- Toi, tu viens avec nous, lui dit-il en la saisissant par le bras.

Je me dégageai violemment de l'emprise du blond pour me retourner.

- Ne lui faites pas de mal ! dis-je en perdant mon sang froid.

- Alors tu viens avec nous, dit le blond. Mike, relâche la petite. Elle vient, mais tu ne la maltraites pas, pigé ? Elle est élève ici. Élève, et innocente.

Je me retournai, et marchai, seule, vers la salle des Masters, en compagnie des Traqueurs qui nous escortaient, Yureka et moi. Et un pieu se ficha dans mon coeur lorsque j'entendis la voix d'un des Traqueurs résonner dans tout l'Institut, demandant à tous les Masters de se regrouper pour un Conseil inopiné ... Un Jugement.
Mon Jugement.

**Yureka** Dim 18 Avr - 22:51

Je ne pus qu'admirer la façon avec laquelle Claw parvenait à s'exprimer alors que ces gens...
Alors qu'elle s'éloignait, je la suivais, entraînée par ce dénommé... Mike. J'avais peur.
Encore une fois je n'étais capable que de ça : avoir peur.
J'étais effrayée rien qu'en m'imaginant ce qui allait suivre, et la vue de Claw, dos à moi, avançant en silence, ne m'aidait pas à me sentir mieux.
Mais j'avais décidé de ne plus être un poids. Et je ne voulais pas en être un... Alors je suivis ces gens jusqu'à la salle des Masters où Claw fut escortée.
J'avais dit que je voulais l'aider à payer ses erreurs ?
Je pense que je ne pouvais pas faire mieux.
Je posai doucement mon regard sur mon amie, alors que tous les Masters se faisaient convoqués ici pour son... Jugement.

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