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"Une après-midi comme une autre..." (Kyôden)

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"Une après-midi comme une autre..." (Kyôden) Empty "Une après-midi comme une autre..." (Kyôden)

Message  Usagi Mar 16 Mar - 21:23

Je.
Me.
Fais.
Ch*er.

Ouais, c'est bien ça. Tout le monde c'est b*rré en France, et moi, je tourne en rond. C'est une belle après-midi pourtant, le ciel est bleu, l'air est doux, les oiseaux chantent, la nature est appaisante...Mais j'm'ennuie. Et j'ai la flemme, je crois qu'en fait c'est ça le pire. Je marche sans vraiment savoir où je vais, comme toujours lorsque je me promène en forêt. Sous mes pas, pas une branche ne casse, pas un brin d'herbe ne plie, je ne laisse aucune trace de mon passage et mon propre silence me ravi. Seul un terre peut se promener ainsi sans craindre un instant de dérranger la nature. C'était notre privilège.

J'arrive dans une jolie clairière ensoleillée, l'endroit idéal pour faire une pause, bien que je ne sois nullement fatiguée. Je passe mon sabre par-dessus ma tête pour le poser à côté de moi dans l'herbe, et je m'allonge de tout mon long sur le sol humide. Je suis bien. Souriant, je laisse mon pouvoir filtrer la terre en dessous de moi pour mieux aider la croissance des plantes qui sommeillent encore, et en un instant le sol se couvre d'un somptueux par-terre de fleurs sauvages. C'est niais et romantique à souhait, mais bon, techniquement, personne n'est sensé me trouver là, et au pire...j'les emm*rde, je suis bien.

Un sourire d'une stupidité à faire peur étalé sur le visage, les yeux clôts, je laisse ma conscience se fondre avec celle de tous les êtres qui m'entourent pour ne faire plus qu'un avec eux. Je me rend affreusement vulnérable puisque je ne suis plus capable de distinguer les êtres proches des êtres éloignés, mais je m'en moque, je suis bien. Les arbres centenaires ne perçoivent même pas ma présence insignifiante, mais les animaux m'observent de là où ils se croient à l'abri, et je souris, en communion totale avec mon élément, ennivrée par le subtil parfum des fleurs sauvages et de la terre humide. Je suis bien.


Dernière édition par Usagi le Mer 17 Mar - 22:38, édité 1 fois
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"Une après-midi comme une autre..." (Kyôden) Empty Re: "Une après-midi comme une autre..." (Kyôden)

Message  kyôden Mer 17 Mar - 15:32


    J’avais mon sabre à la main, et n’avais même pas pris la peine d’emmener son étui. Ce n’était pas un oubli, seulement voilà : j’avais stupidement continué ma route une fois le manche empoigné. Sans réfléchir et sans me retourner. Mon cerveau tournait en boucle depuis quelques jours. Enormément d’entraînement, que ce soit avec ma lame ou mon électricité, un peu de repos quand j’étais à bout et de quoi me sustenter quand j’en trouvais le temps. J’étais si nul, s’en était désespérant. J’avais passé des heures et des heures à m’acharner comme un dément mais avais l’impression de régresser. Au fond, à force de marteler mon corps et mon esprit pour atteindre un niveau correct, j’avais eu une progression fulgurante mais ma raison, à son habitude, voulait mieux, toujours mieux. Elle fermait les yeux sur l’évolution, inversait la courbe, et me poussait à reprendre et répéter mes gestes jusqu’à en perdre la tête. Je n’étais jamais satisfait, et ma frustration était d’une ampleur peu commune.

    Mais revenons-en à ce jour là. Il faisait incroyablement beau mais cela n’arrivait pas à adoucir mon humeur. J’allais droit devant, sans chercher à suivre un quelconque chemin. La forêt m’engloutit bien vite, et je levai le nez vers les ramures ombrageant le sol humide. Sans prendre le temps d’un instant de réflexion, je me téléportai sur une branche solide. S’en suivit un parcours acrobatique dans les branches, où je tentais de me couler d’un arbre à l’autre aussi habilement que si mes deux mains avaient été libres. Qu’importe où j’allais tant que j’avançais, telle était ma devise…

    Il me fallut stopper net lorsque les alignées de feuillus s’arrêtèrent pour laisser place à une petite place herbeuse. Mon esprit quelque peu engourdi par la fatigue accumulée mit un moment à me faire parvenir une information capitale : là, cette silhouette allongée… Usagi. Une moue de dégoût fut ma première réaction. Et ce n’était pas seulement du fais de sa présence : l’endroit empestait les fleurs. Je failli passer mon chemin, mais un souvenir de notre dernière rencontre me fit changer d’avis. Elle méritait qu’on la remette en place. Je me demandai un instant si elle serait aussi capable de lire dans un esprit embué puis ne me posai plus aucune question.

    Je me téléportai et, en une fraction de seconde, me retrouvai à quatre pattes au dessus d’elle, genoux au niveau des siens et mains posées de part en part de son visage. Je n’étais pas forcément au meilleur de ma forme et préférais commencer par une attaque surprise de cette ampleur histoire de m’assurer la victoire.

    > Bien le bonjour… je viens te faire un peu d’ombre ! fis-je sournoisement.

    Et cette fois je ne te lâcherai pas avant que tu ne t’inclines devant moi, comme promis. Je suis prêt à tout. Mon poing se serra un peu sur le manche de mon arme à ces mots silencieux. Je pris aussi le sien de l’autre main, tout en continuant à la fixer, ostensiblement décidé à ne pas me laisser faire. Je ne partirais pas sans avoir effacé ce stupide sourire de son visage, bien que ma seule arrivée puisse peut-être le muer en rictus. A mon tour de la déranger.

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"Une après-midi comme une autre..." (Kyôden) Empty Re: "Une après-midi comme une autre..." (Kyôden)

Message  Usagi Mer 17 Mar - 22:33

Le...C*N !!! Serait-il déplacé de mourir d'un arrêt cardiaque en un instant ou cet abruti méritait une si bonne correction ? Oui. En l'espace de quelques secondes mon petit paradi insouciant venait de se muer en un enfer tortueux représenté sous les trait d'une seule personne : Kyôden. Mais il veut ma mort ou quoi ?!...Nan, ne pas se répondre, c'était une question stupide, mieux vallait l'oublier...

Alors que je rêvassais tranquillement, mon corps m'arracha de mon monde télépathie et mon esprit reprit brutalement pied sur terre pour me transmettre deux informations capitales : et d'une, j'étais en danger, et de deux, l'objet de ce danger n'était autre que Kyôden. Rouvrant brutalement les yeux, je sursautais violement, plaquant une main sur ma bouche pour retenir un hurlement de frayeur. Mon cris lui aurait fait bien trop plaisir. Puis, aussi rapidement que mon esprit embrumé l'était capable, je le repoussais pour me tourner sur le côté afin d'échapper au soleil qui m'éblouissait. Appuyée sur un coude, j'essayais de rapidement reprendre une contenance, une main sur la poitrine, le souffle court.

- T'es...c*n ! sifflais-je lorsque je fus sûre de pouvoir articuler correctement une phrase simple.

Me redressant pour m'asseoir, je remarquais soudain qu'il avait deux sabres à la main. Le mien et...un autre. Autre dont je ne doutais plus de la provenance lorsque je remarquais la tsuba du sabre qu'il portait. L'emblème de Tomoe. Made in Karasu, ou je ne m'appelle plus Usagi. Profondément contrariée par sa brutale intrusion dans mon petit paradi, je rétractais les fleurs pour qu'elles retournent au stade dans lequel je les avais trouvées et fusillais du regard l'energumène qui me faisait face. Quand je pense que j'avais osé me plaindre de mon ennui...J'aurais mieux fait de la fermer.

- Rend moi ça, lançais-je froidement en tendant la main pour récupérer mon sabre.

"Et si tu veux que je m'incline devant toi, tu n'aura pas d'autre solution que de me tuer. Tu n'aura le pouvoir de soumettre que mon cadavre", ajoutais-je par télépathie.

Son esprit était étrangement embrumé, comme rompu de fatigue, mais je n'allais pas me laisser avoir aussi facilement. Qui sait ce qu'il était capable d'inventer pour espérer me faire plier...


Dernière édition par Usagi le Ven 19 Mar - 15:26, édité 1 fois
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Message  kyôden Jeu 18 Mar - 22:20

    Ah, l’effet de surprise n’avait pas raté. Usagi sembla passer par toute les couleurs : blanche de stupéfaction, verte d’horreur puis rouge de rage. Un vrai arc-en-ciel. Je lui fus gré de ne pas avoir hurlé comme une harpie : mes tympans en auraient souffert. Je me laissai faire lorsqu’elle me repoussa, car de toute façon n’étais pas tellement apte à me débattre en forcené pour la contrer. Je m’assis alors avec les deux armes à la main et une troisième sur le visage, sous la forme d’un sourire méprisant. C’est vrai que sa réaction me ravit, surtout que la seule chose qu’elle réussit à articuler lorsqu’elle reprit enfin son souffle était pitoyable. Je savourais longuement ce sentiment d’avoir provoqué chez elle un malaise. C’était le premier pas vers la réussite. Mais je ne devais pas m’emballer, mon triomphe n’était pas assuré face à une… garce de la sorte. Son don lui assurait hélas une faveur très particulière, surtout pour un duel de mots et d’arguments. Elle en avait d’ailleurs fait la preuve lors de nos précédentes altercations et j’avais dû goûter pour la première fois à une petite défaite. Mais ce serait la dernière.

    > Pooovrusaaah-guii nasillai-je avec une lourde raillerie.

    La contrariée remarqua que j’avais en main sa propriété. Elle passa au violet du déplaisir. Quoiqu’elle dise, je n’avais aucune intention de gentiment lui rendre. Je lui signifiai avec un air supérieur :

    > On ne me donne pas d’ordre, nigaude !

    Il était clair que réfléchir à des paroles convaincantes ne serait pas non plus d’une grande facilité mais maintenant que j’étais là, autant faire de mon mieux. C’est pourquoi je retirai vivement son sabre vers moi lorsqu’elle tendit la main pour le récupérer. Sa dernière réplique me fit froncer le nez : en un éclair la nuit orageuse me revint en mémoire, surtout son dernier tour du jeu.

    > Juste un conseil. Evite de me parler sur ce ton hautain, car tu ne vaux pas mieux que moi. Et surtout… ne me propose pas de te tuer à la légère.

    Ah, était-ce la lassitude qui me faisait dire n’importe quoi ? Cependant cela n’était pas aussi futile que ça en avait l’air… Mon regard s’assombrit. Car, pour répondre à ta lointaine question… Oui, j’ai déjà tué soufflais-je mentalement comme une menace. Je doutais presque qu’elle soit impressionnée par cela mais… Peut-être serait-elle un peu plus intimidé. Quoique pour que cela se fasse, il fallait que je taise le relents fétides qui accompagnaient cette vérité.

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Message  Usagi Ven 19 Mar - 16:04

Je poussais un long soupir de lassitude, laissant retomber ma main tendue en levant les yeux au ciel. Pourquoi est-ce que j'étais sûre qu'il refuserait de me rendre mon sabre ? Je ne comprennais même pas pourquoi je m'étais donné la peine de le lui demander. Il savourait avec un plaisir malsain la peur surprise qu'il venait de me faire, comme si tourmenter les gens méritais une quelconque glorification. Fier de son petit effet, il m'observais de son habituel regard chargé de mépris, un sourire abject plaqué sur le visage.

- Oui, pauvre de moi, ça, tu peux le dire, répondis-je en un souffle. Au fait, repris-je plus haut, confirme moi quelque chose, est-ce que la majeur partie de tes réactions attestent bien de ton age mental moyen, ou est-ce que tu fais exprès d'avoir tout le temps l'air de sortir de la maternelle ? Je ne doute évidement pas de la réponse, mais je pose tout de même la question, histoire d'être sûre...repris-je, blasée par son immaturité.

Je n'étais vraiment pas d'humeur à me battre, que ce soit verbalement ou physiquement, mais lui comptait bien avoir droit à sa petite distraction journalière. Manque de bol, aujourd'hui, c'était tombé sur moi, et lui demander poliment de repasser un autre jour risquait juste de hâter l'instant fatidique où il faudrait que je me défende face au poison qu'il se plaisait à distiller en permanence dans le but de détruire tous ceux qu'il croisait. Allongeant mes jambes devant moi en ne faisant pas plus cas de lui que s'il avait été un brin d'herbe parmi tant d'autres (j'avais déjà pu observer que ce comportement chez moi l'agaçait profondément), je les croisait avant de me caler sur mes paumes pour me pencher un peu en arrière. Je savourais quelques secondes la caresse du soleil sur ma peau, les yeux clôts, avant de baisser la tête pour planter mon regard dans le sien.

- N'est pas plus nigaud celui qu'on croit, répondis-je simplement, complètement impassible.

Enfin, du moins, je l'étais pour l'instant. L'emm*rdeur professionnel qui me faisait face avait le don de provoquer chez moi des sentiments aussi brusques que contradictoires, si bien qu'il finissait par me rendre aussi lunatique que lui. Peuh ! Moi ? Lunatique ?! On aura tout vu. Ignorant royalement ses répliques hautaines, menaces et compagnie, j'appelais mon pouvoir à la rescousse et en quelques secondes de fines lianes jaillirent de terre pour souder mon arme au sol, bloquant la poignée au passage afin de rendre complètement impossible le maniement ou le déplacement du sabre.

- Tu peux continuer à le tenir si tu veux, dis-je en désignant mon sabre du menton, mais tu risques de ne plus pouvoir en faire grand chose, dis-je en penchant la tête sur le côté.

Puis je repris après quelques secondes de silence :

- Pourquoi donc ? Tu réussirais là où j'aurais...échoué ? tu me tuerais, là, maintenant, tout de suite, sans aucune raison, sans aucun motif valable ?...Bien, alors je te retourne le défi.

Me redressant soudain, je bondis pour lui arracher mon sabre des mains, détruisant en une seconde les liens qui le maintenait, avant de reculer de quelques pas. Je dégainais l'arme qui chuinta en quittant son fourreau immaculé, jetais le fourreau derrière moi, au pied d'un arbre, avant de me mettre en garde.

- Vas-y...Tue moi.

Nan mais je rêve ! Me voilà debout prête à combattre, alors que deux secondes plus tôt, je n'aurais pas remué le petit doigt ! C'est lui qui me rend comme ça, il n'y a que quand il est dans les parages que je suis aussi lunatique. Mais en même temps, la seule idée qu'il puisse avoir une quelconque influence sur moi me hérisse. Rahhhhhhh, il m'énerve...
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Message  kyôden Dim 21 Mar - 16:43

    J’allais finir par croire qu’elle me prenait vraiment pour un sombre crétin. Cela aurait été sûrement le cas de toute personne n’ayant pas son pouvoir, mais elle pouvant fureter dans mon esprit… Je ne pouvais m’empêcher d’être certain qu’on n’y trouvait pas que de la bêtise. Il existait sûrement des choses plus noires, plus creusées, beaucoup de ruse et une certaine maturité refoulée derrière un pied de nez. Voilà une bien belle description de mon total déni des règles, tout en les connaissants par cœur (après tout les autres passaient leur temps à me les répéter de manière mécanique). Comment faisaient-ils pour rester sagement sur le chemin tout droit et tout propre qu’on leur avait tracé, sans même chercher à faire des petits détours ?
    Une limite est faite pour être dépassée, une loi pour être désobéie. La vie n’était qu’un jeu, et avec ma chance j’avais perdu les dés. Il me fallait tricher, et personne ne pouvait me résonner là-dessus.

    Usagi sembla désespérée par ma réaction, et il y avait de quoi. Je ne pu m’empêcher de froncer les sourcils, à la fois inquiet de savoir si elle allait tout simplement abandonner pour me priver d’une belle partie d’échec et content de voir que la victoire restait à ma porté même dans mon état d’épuisement. Mais… je ne su comment prendre son air blasé. J’avais connu beaucoup de répercussions possibles de ma présence chez une personne : colère, crainte, et bien d’autres, mais je n’avais jamais encore croisé… l’ennui. Ma première pensée furibonde fut que j‘allais lui en faire voir de toutes les couleurs pour lui prouver que l’on n’avait pas à m’ignorer ainsi. Car c’était exactement ce qu’elle faisait : regarder le ciel en sifflotant sans paraître plus dérangée que ça par ma déclaration de guerre. Elle avait dû comprendre qu’il était facile de me faire enrager ainsi.

    Mais son silence fut de courte durée et elle répliqua enfin. J’en fus presque soulagé, elle n’avait pas été capable de me négliger longtemps, finalement. Je lâchai son sabre lorsque celui-ci fut enchaîné au sol par ses filaments maléfiques, et de toute façon elle bondit dessus pour s’en emparer. La suite me fit écarquiller les yeux de surprise et de déplaisir. Je ne savais trop ce qui lui prit, peut-être n’était-elle pas dans un bon jour, lorsqu’elle me retourna mon funeste ordre. Je me redressai à mon tour, et me mit debout pour lui faire face, sabre négligemment tenu.

    > Est-ce un défi ou une supplique ? sifflai-je doucement.

    Je ne me voilais pas la face : si la bonne réponse était la première, alors je n’avais aucune chance de la mettre à terre. Ce n’était pas seulement car j’étais rompu, non, mais tout simplement car il était évident qu’elle pratiquait l’art des lames depuis plus longtemps que moi. Je pouvais bien évidement utiliser mes autres atouts au combat comme j’en avais l’habitude mais là non plus rien ne disait que cela suffirait pour la vaincre.

    > J’avoue que c’est assez soudain. Tu sais bien que je ne me défilerai en aucun cas alors… que cherches-tu par cette manœuvre ? Ta mort ou la mienne ?

    En faite, cette question revenait exactement à ma précédente. Si elle voulait, elle serait très facilement capable de prendre le dessus. Car elle avait aussi ses lianes… Je serrai les dents à cette idée. Usagi se révélait bien pire que prévu. Il fallait que j’attaque. Parole ou coup d’estoc ?
    Qui donc est le plus lâche ? Lequel est le plus peureux ? Ç’avait été ses propres mots à ma demande. Mais la sienne n’avait pas la même teinte. Là, c’était plus une invitation à combattre qu’à lui trancher la gorge. Une preuve de courage et non… de crainte. Du moins, c’est ainsi que je l’interprétais.

    > La seule façon pour que je te tue, c’est que tu te laisses faire. Je ne suis pas assez aveugle pour me croire meilleur que toi au sabre. Mais qu’est-ce donc que cela, Usagi ? C’est comme si tu cherchais une raison pour te battre… je ne me rappelle pas t’avoir proposé un combat, et voilà que c’est toi qui prends les devants.

    Je me tus, n’y arrivant plus. La situation m’échappait étrangement, comme si la brume de mon esprit m’empêchait de l’analyser avec lucidité. Quoi, que se passait-il ? Quel devait être ma prochaine parole, mon geste suivant ? Les mécanismes de ma fourberie tournaient au ralenti, comme rouillés. Je levai le menton, mais baissai ma garde.

    > Je ne te savais pas… comme moi. finis-je avec un sourire mielleux.
    Si tu le veux, alors frappe. Je te laisse faire le premier pas.
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Message  Usagi Dim 21 Mar - 17:45

Autant de fourberie concentrée en un seul homme, était-ce vraiment possible ? J'étais incroyablement agacée, car au lieu de saisir à pleine main la perche que je lui tendais, il me la renvoya en pleine face. Il...m'énerve !!! Comment parvenait-il à m'agacer autant en ne faisant...rien, justement !! Constatant qu'il n'avait pas l'intention d'attaquer dans l'immédiat, je baissais la pointe de mon sabre pour passer en garde basse. Avec lui, on ne se méfiait jamais assez...

Je goûtais avec délice à son agacement lorsque je fis mine de l'ignorer, voilà un point sensible sur lequel je ne m'étais pas trompée...et avec lequel je jouerais sans pitié. Il fut également désarçonné lorsque je répliquais d'un ton blasé...Note pour moi même : j'avais raison, il ne supporte pas qu'on l'ignore, qu'on le traite comme quelque chose d'insignifiant...Il a vraiment besoin d'exister au yeux des autres, et comme il est incapable de nouer une amitiée, il fait ch*er le monde. Et le pire, c'est que sa technique marche à merveille, alors comment lui faire comprendre que ce n'était pas la solution ?

En l'ignorant. En rendant inutile sa petite tactique. En voyant que celle-ci ne fonctionnait plus, il en choisirait peut-être une autre ? Mouais...à vérifier.

- Ne va pas t'imagner des choses, je ne suis pas assez désespérée par ton comportement pour te supplier de me mettre à mort, navrée...répliquais-je d'un ton neutre sans le regarder. Et il y a quelque chose que tu n'as pas compris lorsque je t'ai demandé de me tuer ? Où tu vois que c'est ta mort que je recherche ? Je croyais pourtant que tu avais compris, l'autre nuit, que ce n'était pas ce que je recherchais...Alors pourquoi poses-tu la question ?...Mais bon, comme je vois que mon petit jeu ne t'interesse pas, je laisse tomber...dis-je en lui tournant hostensiblement le dos pour récupérer le fourreau de mon sabre.

Je rengainais l'arme en l'ignorant une nouvelle fois, dos à lui, tout en sachant très bien que je risquais gros. Son esprit était trop trouble, il ignorait lui même ce qu'il avait l'intention de faire si bien que j'aurais du mal à anticiper une attaque surprise...Il était armé, nous étions assez loin de l'Institut, s'il me portait un coup sérieux, je serais un peu dans la m*rde...

Je tente le coup quand même. Posant mon sabre contre le tronc de l'arbre qui me faisait face, je plongeais mes mains dans les poches de ma veste et me retournais. Passant à côté de Kyôden sans même le regarder, je retournais au soleil et m'immobilisais en plein milieu de la clairière, les yeux clôts.

"Tu ne me fais pas peur...Mais crois-tu vraiment que je resterais bien tranquille si tu m'attaques ? Que je te laisserais m'abattre, comme toi tu m'aurais laissé faire, l'autre nuit ? Tu as vraiment cru que j'allais te tuer. Tu y as cru dur comme fer...A partir de là, tout aurait été si simple pour toi, et pour cause : tu serais mort. Tu ne m'as effectivement jamais proposé de combat...Tout ce que tu voulais, c'était une boucherie ; faire de moi un assassin, et de toi une pauvre victime. Mais ça ne marche pas comme ça. Ou en tout cas, pas avec moi. Non, arrête de prendre tes rêves pour la réalité Kyôden...Je ne suis pas comme toi, et je ne le serais jamais, mais toi, tu es libre de devenir comme nous...Mais le chemin risque d'être long et difficile. Fait comme tu veux."

- Et non, je ne te frapperais pas...repris-je à l'oral en ouvrant les yeux pour le regarder enfin en face. Je ne te frapperais pas, même si j'en suis cappable...Tu as abandonné la partie avant même qu'elle ne commence, alors maintenant, si tu veux jouer, ce sera à toi de faire le premier pas, que ça te plaise ou non...dis-je, toujours impassible.

J'espérais réussir à le mettre en colère sans vraiment savoir pourquoi, juste peut-être pour qu'il goûte un peu à la torture qu'il faisait subir aux autres, juste pour qu'il voit comme c'était rageant d'être mené par le bout du nez...Car même si ce n'était pas l'entière vérité, j'avais l'étrange sentiment que, pour une fois, c'était moi qui avait tous les as en main.
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Message  kyôden Lun 22 Mar - 20:11

    Les paroles d’Usagi avaient le goût acide de celle qui avait depuis longtemps compris qu’il ne servait à rien de me résonner, et que la seule chose qui lui restait à faire était de contre attaquer. C’était déjà une petite victoire de voir à quel point son comportement ressemblait au mien : j’aimais penser que je l’avais changé en ce sens et était bien loin de chercher à lui dissimuler. Au contraire, cette douce certitude aurait peut-être un effet négatif bienvenue lorsqu’elle la détecterait. Le problème à l’instant même c’était que je me savais bien plus énervée encore qu’elle. Et encore, si cet enragement avait été une flamme ardente brûlant l’ennemi cela aurait pu être un atout mais là cela ressemblait plus à un mécontentement las, comme un sentiment d’insatisfaction lancinant. Son comportement était loin d’arranger mon état : grâce à sa capacité haïssable, elle m’avait bien cernée, et se plaisait à jouer la sourde-et-aveugle. J’étais comme un animal attaché dans un coin, qui a beau grogner on n’y fait pas attention car on sait pertinemment qu’il ne peut pas mordre.

    Alors lorsqu’elle me tourna le dos… non seulement cela accentua en moi mon perfide sentiment mais en plus c’était une ouverture si manifestement visible que mon poing se serra instinctivement sur le manche de mon sabre, prêt à agir. Il s’en fallut de peu. Elle eut de la chance que mes réflexes étaient d’une lenteur exécrable. Ma raison eut même le temps de reprendre le dessus et suspendit ma folle idée. Mais la logique elle-même prit feu lorsqu’elle me passa sous le nez avec la provocation d’une souris qui trottine sous le museau d’un chat affamé. Tssss, je penchai la tête sur le côté en fermant les yeux, espérant qu’elle n’arrive pas à déchiffrer les métaphores pitoyables de mon cerveau embrouillé. C’était à mon tour de répliquer, seulement mes les mots ne venaient pas aussi facilement que si j’avais été parfaitement éveillé. Ma première erreur avait été d’avoir été assez fou pour me croire de taille à l’affronter ce jour là. Je le regrettais amèrement, mais fuir me paraissait d’autant plus malhabile.

    > Ce n’est pas que j’y est cru. Je l’espérais. J’espérais que tu aurais le cran. Ce fut une erreur : on ne peut pas avoir confiance en ton audace, enfin si tu en as. Et s’il y a bien une chose à laquelle je n’aspire pas, c’est devenir comme vous.

    J’avais prononcé mon dernier mot comme on recrache un aliment trop acerbe. Voilà, c’est tout ce dont j’avais été capable pour me défendre. Quand à attaquer… cela m’apparut tout à coup comme une tâche absolument hors de portée. La partie était trop inégale, depuis le début. Face aux autres, il y avait toujours quelque chose à tenter. Mais face à elle, quoique je dise, quoique je fasse, elle saurait mes intentions avant même que je n’esquisse ma pensée. Il fallait bien être objectif. Et s’y résoudre… je frémit en voyant cette possibilité arriver de loin. Moi, abandonner ?

    Je me laissai tomber assis dans l’herbe ensoleillée, nez en l’air et soupirant.

    > Jouer, à quoi bon ? Tu es le diable incarné. S’insinuer dans l’esprit des gens… non seulement c’est d’une indiscrétion redoutable, mais ça te donne le dessus quoiqu’il arrive. Comment arrives-tu à vivre avec ça ! Ca me dépasse. Oh, évidement pour quelqu’un comme moi cela serait un cadeau du ciel, mais toi ? Et pourtant tu t’en sers exactement comme je m’en servirais, trouvant les failles avec une facilité déconcertante et maniant les mots comme des flèches acérées destinées à me blesser, hé ! N’est-ce pas bien ça que tu cherches à faire ? Le nier serait mentir. Bien loin de te défendre, tu attaques avant même que je ne fasse une seule chose pour t’atteindre réellement. Dis moi donc, Usagi, qu’ai-je fais aujourd’hui qui mérite un tel traitement ? Je veux bien croire que ma seule présence t’insupporte, mais, comme je l’ai déjà précisé… je n’ai pas dis que je cherchais à me battre.

    J’éclatais soudain de rire, hilare, comme un saoul. D’ailleurs mes paroles elles-mêmes prenaient les formes abracadabrantesques dignes de celles d’être qui n’aurait plus toute sa clairvoyance. C’était sûrement mon cas, qui sait.

    > Ah mais suis-je bête !? Peut-être as-tu tout simplement lu en moi ce désir de vengeance… J’ai voulu le cacher mais… Quel idiot je fais, j’avais oublié que tu n’étais pas humaine ! Alors comme ça tu croises le fer avec quiconque chez qui tu décèle une pensée torve en ta direction… Voilà qui est dis. Plus je te connais, moins je te comprends, et ce n’est pas comme si je cherchais à saisir de pourquoi de tes obscures manigances. Vois-tu, contrairement à toi… je n’ai que 5 sens pour prendre les informations et un esprit pour les analyser. Je n’ai pas ta main démoniaque qui décortique les âmes…

    L’entremêlement chaotique de mes pensées se muait en sons tout aussi désordonnés. Je faisais tourner machinalement mon sabre entre mes mains, comme absorbé par cet étrange monologue auquel je m’accrochais pour ne pas perdre la face. De toute façon, j’avais déjà perdu la tête. Il était certain que quelques minutes après chaque chose prononcée, je ne me souviendrais plus. D’ailleurs, durant le silence qui suivit ma tirade je clignais les yeux plusieurs fois, dépité, incapable que j’étais de ordonner mon assaut. Je lâchai mon arme qui finit sur le sol avec un bruit mat, près de mes genoux en tailleur. Je pris mon visage dans mes mains, effrayé par mon inaptitude à me comprendre moi-même. Même Usagi saurait interpréter mieux que moi ce qu’il m’arrivait. Ma foule d’argument n’avait pas le poids qu’elle aurait du, sans la subtile touche d’assurance qu’elle leur manquait. Si leurs sens seuls ne l’atteignaient pas… j’étais foutu.

    > C’est pas du jeu… soufflais-je dans un élan de découragement.

    Il m’avait fallu 3 rencontres et une bonne dose de harassement pour l’accepter. Et il m’en faudrait bien d’autres pour apprendre à surpasser cette… sorcière.

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Message  Usagi Mer 24 Mar - 16:27

Immobile au centre de la clairière, je le scrutais avec de grands yeux ronds. Il me prenait une fois de plus au dépourvu, et je ne savais plus quoi faire...Il était vraiment doué pour plonger les gens dans l'embarras. Mes sourcils se froncèrent légèrement lorsque je saisis une bribe de ses pensées un peu plus claire que le reste : que mon comportement ressemblait au sien, qu'il m'avait changée dans son sens. Agacée, je serrais mes poings dans mes poches...Avant de laisser tomber. Il était inutile de se voiler la face, sur ce plan là, il avait bel et bien raison, il disposait de cette capacitée à influencer mon comportement de telle sorte qu'au final, lorsqu'il était dans les parages, je lui ressemblais. Mais après tout, pourquoi le nier ? C'était uniquement de sa faute, et tant pis pour lui s'il en faisait aujourd'hui les frais, il fallait y réfléchir plus tôt.

Je saisis une fois encore sa colère lorsque je l'ignorais une fois de plus, colère qui aurait pu mal finir pour moi...s'il n'avait pas été dans un tel état d'épuisement que son corps répondait avec dix trains de retars sur sa pensée. Mais à quoi avait-il bien pu jouer pour se mettre dans un état pareil ? Voulait-il mourir d'épuisement ? Quoi qu'il en soit, je remerciais malgré tout cette faiblesse, car au final, elle m'avait peut-être sauvée la vie. Soit, de toute façon je savais ce que je jouais en me séparant de mon sabre, ce n'était pas comme si j'aurais été complètement prise au dépourvu...Il regrettait à présent d'être venu m'embêter, et je soupirais. Je n'avais jamais voulu ça...J'étais fatiguée de me battre contre lui, lui qui ne m'avait effectivement rien fait...Et maintenant je me méfiais tellement que je lui devenais semblable, plaçant ma défense dans l'attaque avant qu'il ne puisse répliquer. Pitoyable.

- Personne ne devrait jamais avoir à espérer la Mort...Et quant à mon audace, laisse là donc où elle est si tu ne veux pas finir saucissonné pour l'éternité, lançais-je avec un léger sourire, sans réelle conviction dans ma menace.

Puis, toujours immobile, je l'observais peser le pour et le contre, cherchant la bonne réplique, celle qui serait capable de me metre hors de moi comme il l'avait déjà fait...Oh, je ne doutais pas que, même l'esprit embrumé, il y parviendrait...Puis il s'assis dans l'herbe pour me sortir une espèce de discours confu où se mêlait colère, fatigue et simple constatation...Avant d'éclater purement et simplement de rire. La surprise passé, je me surpris en train de sourire à mon tour, nouvelle preuve de l'influence qu'il pouvait avoir sur moi. Et puis quoi encore ? Le rire, c'est communicatif, qu'il vienne de lui ou de quelqu'un d'autre, tout le monde est logé à la même enseigne. Mais...

J'aimais son rire, lorsqu'il riait, il devenait soudain celui qu'il aurait pu être si la vie ne l'avait pas transformée au point d'en faire un vil emm*rdeur, même avec un rire dont il ignorait lui même la provenance. Surement les nerfs. J'allais vraiment finir par lui faire pêter un cable. D'ailleurs, vu son état et ses paroles de plus en plus confuses, ça n'allait pas tarder. Penchant la tête sur le côté, je m'offrais quelques secondes de silence durant lequel je l'observais, son visage caché dans ses mains...avant de n'y plus tenir et de venir m'asseoir en face de lui, en tailleur. Comme lui. Peuh.

- Pas forcément, commençais je en arrachant un brin d'herbe pour le tourner et le retourner entre mes doigts, focalisant mon regard dessus. Dans la vie courante, c'est même plus un handicap qu'autre chose, mais ça, je te l'ai déjà dis. Oui, c'est effectivement très indiscret, mais ce n'est pas comme si j'avais le choix. Te couperais-tu une main ? Là c'est pareil, je ne peux pas me défaire de ma télépathie. Mais je deviens gardienne de secrets que je suis sensée ignorer, j'entend des choses que je ne devrais pas entendre, que je ne voudrais pas entendre...Je dois faire attention, lorsque je discute avec quelqu'un, de ne pas confondre ses paroles avec ses pensées, pour ne pas répondre aux secondes sans le vouloir...La nuit, lorsque je rêve les rêves des autres, quand je n'ai plus aucun contrôle et que ma conscience se mêle à celle des autres, je n'existe même plus...Le pire est de se rendre compte de l'abime ouvert devant nous à chaque nouveau pas, abime où se mêlent toutes les consciences, et si nous y sombrons, nous avons bien trop peu de chances d'en revenir. Il faut toujours savoir faire la part des choses entre ce qui est "nous" et ce qui est "les autres", bien que ce ne soit pas toujours facile...Nous somme dépossédés des propres frontières de nos esprits. Oh, bien sûr qu'il y a pire comme situation, il y a toujours pire...Mais on peut aussi rêver mieux, dis-je en jetant mon brin d'herbe pour en prendre un autre.

Je recommençais à jouer avec, laissant planer quelques secondes de silence.

- Et puis...Si tu ne m'avais pas attaqué le premier, je ne serais pas obligée d'être sur mes gardes au point d'ataquer avant toi. Je ne suis pas comme ça d'habitude, sur ce coup là tu ne peux t'en prendre qu'à toi même. Mais...Rien n'est jamais perdu. Si tu renonces au combat, je n'aurais plus de raisons d'attaquer...Car même si tu n'as jamais eu l'intention de m'agresser physiquement, avoue que tu te complais dans la joute verbale, dis-je en souriant. Je...Non, je ne cherche ni à t'attaquer, ni à te blesser. Enfin...Pas de façon...Tu m'agaces, lançais-je soudain. L'influence manifeste que tu as sur moi m'agace au plus haut point. T'es agressions verbales m'énervent. Ta façon d'atterrir devant moi comme un cheveu sur la soupe me porte sur les nerfs. Mais par dessus tout, ce qui m'agace le plus, c'est que dès le début notre relation c'est basée sur un échange de mauvaises piques qui ne conduit somme toute nulle part, alors à quoi bon ? Parce que moi...Faire du mal, comme ça, gratuitement...ça ne m'interesse pas, mais toi, tu m'y obliges...Je préférerais qu'on se tape dessus, la violence aurait moins de conséquence que la parole, bien que non, je ne "croise" pas "le fer" avec le premier abruti venu qui ne m'encadre pas...

Je ne savais pas quoi ajouter. Il était là, devant moi, son visage dans ses mains, et je brûlais de le serrer une nouvelle fois contre moi, ou ne serait-ce que de poser ma main sur son épaule...Mais je n'osais pas, je n'osais plus...Je ne savais plus quoi faire, il était trop fort pour moi, ses attaques étaient trop subtiles, il parvenait à m'énerver autant qu'à éveiller en moi des sentiments que je ne voulais pas entendre...

"Non, ce n'est pas du jeu..." marmonais-je plus pour moi-même que pour lui, avant de réduire mon brin d'herbe en charpie.
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Message  kyôden Sam 27 Mar - 21:11

    Un silence suivit mes dernières paroles, puis un bruissement devant moi. Je supposai qu’elle s’était approchée mais ne levai pas la tête. Si c’était pour croiser son regard malveillant, ou même pour échapper à un fourbe coup de sabre… à quoi bon ? Je pu deviner qu’elle s’assit à son tour, juste en face. Elle comprenait peut-être qu’il ne servait plus à rien de jouer ou… je m’attendais aussi à une avalanche de réprimandes. De toute façon, je ne connaissais que les conversations qui ressemblaient plus à des joutes verbales qu’à des constatations sur le temps qu’il faisait. Ou alors, ce n’était que tissus de mensonges. Combien de fois dans ma vie avais-je été sincère ? Jamais. Sauf qu’avec cette maudite Usagi, j’y étais obligé. Pourtant au fond, c’était plus une intrusion mesquine de sa part qu’une honnête franchise. Hélas les faits étaient bien là : face à elle, impossible de tricher. J’avais essayé, j’avais perdu, et à présent que mon masque se fissurait, il m’était difficile de ne pas me sentir vulnérable. Qu’y avait-il derrière cette muraille ? Je n’en avais aucune idée, je ne voulais pas non plus le savoir, et c’est bien cela qui me perturbait au plus haut point.

    Le coup des sermons ne loupa pas. Je gardais la même position tout le temps de son long discours. Etonnement, je portais une attention particulière à ses mots : non que j’avais l’intention de réfuter chacune de ses paroles, ce qui était pourtant mon habitude, mais parce que… je désirais en apprendre plus. Sur sa capacité démoniaque, d’une part, mais aussi sur elle en quelque sorte. C’était un moyen comme un autre de répondre à la question qui me taraudait : "mais qui est-elle donc pour me pourrir si facilement la vie ?". C’était pourtant moi qui étais censé tenir ce rôle… Elle exposa longuement sa situation en temps que télépathe, puis changea de sujet pour aborder notre mésentente mutuelle. Soudain, cela éclata en un tu m’agaces qui me fit sourire. J’étais au courant de ça. J’agaçais tout le monde et tous m’agaçaient, c’était ainsi. Et elle plus encore que les autres. Ca allait plus loin : je la haïssais et elle me le rendait bien, que je sache. Apparemment je la changeais en une colérique qu’elle repoussait avec hargne sans pouvoir s’en défaire complètement. Les mots se formèrent dans mon esprit, prêt à riposter. J’avais heureusement réussi à réfléchir correctement, les tourbillons incessants qui m’embrouillaient repoussés par la voix proche d’Usagi. Même si elles étaient ordonnées, mes pensées pouvaient être fausses car je n’arrivais pas à discerner de ce qui était juste ce qui était absurde, mais je n’avais pour le moment qu’elles sur quoi m’appuyer.

    Je frémis à son bredouillage qui conclut ses réflexions, sans pour autant bouger d’un pouce.

    > Au moins là, on est d’accord… soupirai-je.

    Cela n’était plus un échange d’insultes à présent, mais d’idées convaincues dont nous ne parvenions pas à nous défaire. Chacun voulait persuader l’autre… Quoique le doute s’insinuait en moi comme un venin. La mauvaise blague. Se pouvait-il que les mots m’atteignent plus que je ne le pensais ? Les duels avec Usagi avaient cela de différent qu’elle pouvait se pencher au dessus de la table et regarder mes carte, ou pire encore : ouvrir mon crâne en deux et décerner les informations dont elle avait besoin pour me les faire abaisser et dévoiler ma main sans que je ne puisse rien faire à part râler. Mais au moins, elle ne le niait pas.

    > Il ne sert à rien de te plaindre de ton pouvoir, car comme tu le dis si bien cela serait comme déplorer d’avoir des yeux. Pourquoi te forces-tu à vivre en communauté si démarquer ta propre existence mentale et si ardu ?

    La solitude peut être un remède, je pouvais en témoigner.
    Mais cet aspect de son don m’interpella : cela voulait-il dire que… je ne faisais pas face à la réelle Usagi, mais à une personne au coloris de ma propre mentalité ? Cette pensée me sembla aberrante, du moins assez pour que je m’en rende compte, et je relevai soudain les yeux. Je la regardais avec une impassibilité qui cachait mal mes questionnements intérieurs. Se pouvait-il donc que je la dérangeais autant qu’elle enchevêtrait mes raisonnements ? Parce que c’était bien cela qui ressortait de son mécontentement. A mon plus grand bonheur. Peut-être la partie n’avait-elle pas pris fin finalement, et qu’elle se déroulait tout simplement au moment même.

    > Déteste moi tant que tu veux, je ne ferai que te haïr en retour. C’est le cours normal des choses. Ce qui l’est moins c’est cette manière dont je semble t’influencer. Eh, c’est toi qui le dis ! Alors, si tu penses juste… Où t’arrêtes tu ? Que tes arguments controversées soient de toi, c’est l’évidence même, mais quoi d’autre ? Que tu ne sois pas totalement toi-même à ce moment là est un concept assez intriguant. Peut-être ai-je mal compris…

    J’arrêtai soudain mon flot de paroles sans aucun sens, cessant toute recherche d’attaque. Une fois de plus j’eus conscience de cette horrible incapacité à appliquer correctement mes tactiques. Quelle rageante maladresse ! Je mélangeais les pions, me trompais de cases, et sortais mes propres pièces du terrain. Je voulais me convaincre que c’était dû qu’à la fatigue mais une la voix que je tentais en vain de faire taire me soufflait que cela n’était pas la seule solution du problème. Je m’étirai avec un bâillement tout en réfléchissant, tentant de gagner du temps, mais ma stratégie ordinaire tombait à l’eau et je n’avais aucun renfort.

    > Je ne sais même pas pourquoi je m’embête à parler vu que tu sais ce que je vais prononcer avant que j’ouvre la bouche. Tu sais bien que je tente de reprendre contenance, tu sais aussi que je n’y arrive pas.

    Cette soudaine franchise était un cauchemar. Oui, elle connaissait ces deux choses, mais le formuler à haute voix leur donnait une dimension plus concrète. Trop concrète. Je me mordis le bout de la langue, frustré par ce qui ressemblait à une erreur de parcours. Parcours… mais pour aller où ?
    …qui ne conduit somme toute nulle part…
    Pour une fois, Usagi avait raison. A cela prêt que je ne voyais pas très bien ce qu’elle recherchait. Omettant de remettre en place le contexte, car elle pourrait de toute façon fouiller mon esprit pour comprendre d’où venait mes propos, je demandais :

    > Quoi, les rencontres sont-elles censées emmener quelque part ? On peut gagner à faire du sur place : au moins, je suis assuré de rester moi-même… Ce n’est pas loin d’une partie de fléchette, ou un banal jeu de société de toute façon. Ça reste au même niveau : chacun ses pions, chacun ses tactiques, la partie commence puis finit, on remballe le plateau et rien n’a changé. En aucun cas cela ne va plus loin, c’est toujours ainsi. Nous sommes tous des joueurs d’échecs et une fois la partie terminée, il suffit d’en commencer une autre. Les pions restent les mêmes.

    Une nouvelle fois, je chassai mon incertitude. Il était incontestable que l’on avait bien plus avancé que je ne le suggérais. Etait-ce bien ou mal ? Je me savais trop têtu pour changer si facilement, mais cette avancée n’était pas négligeable. Je lui lançai un regard glacial, toujours sur la défensive. Peut-être pas autant que je l’aurais voulu mais une subite chape de lassitude m’enveloppa, m’empêchant d’avoir l’expression froide-dure-et-menaçante voulue. Tant pis, ce serait pour une autre fois. Je retins un bâillement, prêt à me lever car il était quasi avéré que si je restais dans l’inactivité j’allais m’endormir, mais restai finalement immobile en la fixant toujours.

    > Te suis-je si insupportable que tu le décris ? Il te suffisait de partir tu sais… tu le peux encore.

    Mon ton était un étrange mélange aigre-doux que je ne me connaissais pas. Sans plus me préoccuper de sa présence en apparence je m’allongeai dans l’herbe sur le côté, tête posée sur ma paume, coude à terre. Ce qu’il y avait de plus terrible dans l’écroulement de ma protection agressive c’est qu’elle m’obligeait à voir la réalité plus clairement. Je me concentrai brusquement sur un brin d’herbe, dans le folle espoir que cela l’empêcherait un moment de décrypter ma conscience, au moins le temps que le malaise passe. Ensuite, il faudrait relever le menton et attaquer à nouveau pour ne pas perdre la face. Mais cela attendrait surement... notre prochaine entrevue...
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Message  Usagi Dim 28 Mar - 15:10

Je cessais de m'en prendre aux brins d'herbes pour ramener mes jambes contre mon ventre et poser ma tête sur mes genoux, le regard dans le vague. Je distinguais son agacement d'être si vulnérable face à ma télépathie, son désir d'en savoir plus sur moi pour comprendre pourquoi nous étions sur un pied d'égalité, sa haine envers moi, ses doutes...Je souris. Au moins, je n'étais pas la seule à voir mes certitudes ébranlées par un parfait inconnu. Car il ne fallait pas avoir peur de mâcher ses mots, mis à part sa peur de...Mais de quoi, d'ailleurs ? De l'enfermement ? De ne plus se sentir libre de ses mouvements ?...Quelque chose de ce genre en tout cas, je ne savais strictement rien de lui, ou en tout cas pas assez pour pouvoir prétendre le connaître...

Il m'énerve. Cette façon de tourner au dérisoire, voir au pathétique ce que je m'autorisais à lui confier me portais sur les nerfs. Comprendra t-il un jour que je ne fais pas ça pour me plaindre, et encore moins pour l'entendre me plaindre, mais bien par sens du devoir ?...Malgré tout, je m'autorisais un léger sourire.

- Comme quoi tout est possible, murmurais-je, avant de me relever pour me dégourdir les jambes.

Rester immobile comme ça m'était imposssible face aux violents remous qui agitaient mes pensées, et je me surpris à remercier le ciel qu'il ne soit pas télépathe. Si ça, ce n'était pas un comble...

- Je ne me plains pas, repris-je un peu plus fort, c'est ça que tu ne veux pas comprendre. Tu réagis exactement comme l'autre nuit, tu es persuadé que je viens de te faire une confidence digne d'être traitée comme une faiblesse, un appel à l'aide, et tu te fait une joie de repousser ce que tu prends pour une "main tendue"...Mais rien ne m'obligeais à te raconter tout ça, je l'ai fait spontanément...C'est un peu ma façon de rétablir un semblant d'équilibre face à mon pouvoir. Je lis les pensées des autres, j'en sais donc toujours un peu plus qu'ils ne le voudraient...Alors moi, je répond aux questions qu'on me pose sur moi, et même lorsque l'on ne me demande rien, ben j'explique...Comme je viens de le faire pour toi. Prend-le comme une définition lue dans un dictionnaire, quelque chose que tu lis sans vraiment y faire attention mais que tu retiens malgré tout, et pour laquelle tu n'as en fait aucune opinion...Oh et puis zut, crois ce que tu veux, fait ce que tu veux, après tout je m'en moque, lançais-je en fronçant les sourcils, avant de démarrer un cent pas rageur, les mains dans les poches. Tu viens de me poser une énième question, et je vais y répondre comme je le fait toujours, après, amuses-toi à interprêter ça comme tu veux, peu importe. Démarquer mon existence mentale n'est pas "ardu"...Ou en tout cas, pas assez pour me priver de la compagnie des gens que j'aime, c'est aussi simple que ça, dis-je en haussant les épaules.

Je me concentrais sur mes allers-retours incessants, traçant progressivement un léger sillon dans l'herbe tendre. Je me tuais à essayer de rétablir la balance entre nous, lui qui me reprochais sans cesse ma télépathie, mais même cela il trouvait le moyen de le tordre pour le rendre inutile...Ou pire, le tourner à son avantage. Encore et toujours. Il ne se fatiguait donc jamais de ce petit jeu ?...Je marchais encore un peu, démêlant petit à petit le fil de mes réflexions pour mieux contrer les siennes...Avant de me figer sur place.

- MAIS JE NE TE DETESTE PAS...IDIOT !! hurlais-je soudain. Mais t'écoute quand on te parles ? Tu le fais exprès ou quoi ?! C'est ça que je ne comprend pas, repris-je en recommençant à arpenter la clairière de long en large. Tu pars du principe que, comme tu hais le monde entier, le monde entier te hais. Mais ça ne marche pas comme ça...C'est toi qui conduit les autres à te détester, personne ne le fait spontanément...Et comme c'est tout ce que tu connais, eh bien c'est tout ce que tu recherche...Mais je te l'ais déjà dit, ça ne m'intéresse pas. Pire, ça m'agace...Mais plus contre moi-même que contre toi. Il est inutile de nier qu'effectivement, lorsque tu es là, mon comportement ressemble au tient...Mais c'est bien la première fois que cela m'arrive, et ça m'en agace d'autant plus...Et c'est bien moi, et moi seule que ça agace, ce n'est pas l'écho des pensées de quelqu'un d'autre que je confond avec les miennes, je sais encore qui je suis, arrête un peu d'essayer de trouver des conclusions tordues à mes explications, ajoutais-je en lui lançant un regard noir.

Je cessais enfin de tourner en rond, poussant un profond soupir. Mais que c'était fatiguant de disuter avec lui...Je ne répondis pas à sa phrase suivante, après tout, ce n'était qu'une simple constatation...Et s'il est fatigué de parler, eh bien qu'il pense, pour moi c'est du pareil au même...Je l'écoutais parler, me mordant la langue pour m'empêcher de lui couper la parole d'une réplique acide. Donc pour lui, la présence d'autres personnes ne servait qu'à entretenir son plateau d'échec ? La vie n'était qu'un jeu où il faut vaincre ou mourir ?...

- Tout ce qui ressort de ton discours, c'est encore et toujours ta peur d'évoluer...Bien sûr que les rencontres doivent mener quelque part, doivent permettre de changer...Pour toi, les autres ne servent qu'à essayer de te prouver que, quoi qu'ils disent, tu ne changera jamais...C'est...bof, il n'y a même pas de mots pour définir une telle aliénation du rôle de l'être humain...Tu ne t'es jamais demandé ce qu'il pouvait y avoir...d'autre ? demandais-je en le scrutant du regard.

Remarque, le monde vu de là où il était devait sembler si simple...Quelque part, je comprennais son obstination à refuser le changement, avoir la certitude d'être toujours le même devait avoir quelque chose de rassurant...Je le contemplais, lui, allongé dans l'herbe en plein soleil, moi, debout dans l'ombre, les mains dans les poches...Il avait raison, il me suffisait de partir, et d'utiliser ma télépathie pour m'assurer de ne plus jamais recroiser sa route, ce serait si simple...Et si lâche...

- Tu m'es insupportable...Mais à chaque nouvelle rencontre un peu moins au fur et à mesure que je te comprend, chaque fois un peu plus, répondis-je d'une voix basse. Tu es bien la première personne à affirmer me détester ouvertement, et ça m'intrigue...Pourquoi ? Qu'ais-je fais qui mérite un tel traitement ? C'est pour ça que je ne pars pas...Je ne partirais pas tant que je n'aurais pas compris.

Pourquoi ton comportement influence t-il le mien ? Pourquoi je tente de te raisonner ? Pourquoi est-ce que je voudrais tant pouvoir converser normalement avec toi ? Pourquoi je ne supporte pas ton agressivité ? Après tout, tu n'es pas le premier...Alors pourquoi es-tu le seul qui m'affecte ? Tant de questions que je voudrais poser, mais que je me refuse à formuler...
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Message  kyôden Ven 2 Avr - 16:03

    [… je pars dans le n’importe quoi c’est terrifiant xD]

    Mon regard s’était décroché la brindille pour suivre les allées et venues d’Usagi. Je crois que jamais on ne m’avait aussi longtemps tenu tête et… parlé. C’était fou la vague surprenante de paroles qui se déversa sur moi, en une argumentation construite bien que quelques fois troublées d’une incertitude ou d’une exclamation. Pourtant, ce n’était que dans la recherche de ses mots qu’elle semblait hésiter car ses propos respiraient l’assurance et la certitude. Cette fille là était bien campée sur ses deux pieds, perchée sur une montagne d’a priori, en grande reine de glace d’un royaume face au mien. Une paire de mondes opposés et en guerre perpétuelle. Ses idées contre mes propres convictions, et aucun des deux souverains ne voulait capituler. Hélas, peu à peu, je sentais que le front reculait. Mes troupes n’étaient pas assez vaillantes pour défendre mon obscure territoire, pourtant je continuais à les lancer en assauts insensés et suicidaires dans l’espoir que les lignes ennemies me tourne le dos le temps de rebâtir des remparts. C’est ces images concrètes qui me vinrent à l’esprit en écoutant sa grande offensive. Le résumé était clair, mais une question subsistait : mon but était de la briser, quel était le sien ?

    Qu’importe je n’allais pas lui laisser le champ libre juste pour le découvrir. J’étais bien loin d’atteindre mon objectif alors autant l’éloigner du sien, quelque il soit.

    > Elle est bien belle, ton excuse. S’ouvrir aux autres pour être sur un pied d’égalité, hein… Personnellement, je ne vois ça que comme une supplique pour qu’on te pardonne de t’infiltrer dans nos esprits. Et bien détrompe toi, ça ne marchera pas… du moins pas avec moi. Tu peux bien me dévoiler ton secret le plus noir, je ne t’en voudrai pas moins. Car oui, je t’en veux et je te hais pour ce que tu oses faire. Et même si ton don agit à ton insu, qu’importe. Si c’est cela alors tu ne devrais même pas accepter de vivre. Et là,c’est le simple fais que tu existes qui est détestable.

    Ce qu’ils étaient terribles, les mots las et envenimé nés de la colère. Natifs de la haine, serviteurs du mal, de véritables obus pour alimenter mes canons. Mais qu’est-ce que sont quelques cratères sur un mont si robuste ? Il fallait espérer toucher une corde sensible… Il m’était vital de rompre le lien qui la reliait à ses principes, mais la corde était solide. Pire encore, elle risquait à tout moment de me lier les mains grâce à celle-ci. Une improbable part de moi ouvrit un œil nouveau sur Usagi. Je me pris à admirer cette manière qu’elle avait de chambouler mon monde. Mon admiration était tachée de dégoût, évidement, mais je ne pouvais nier son adresse dans cet art traître des mots acérés. Après tout, son pouvoir allait de paire avec sa fourberie.

    Une de ces répliques m’avait bien fait rire : crois que tu veux, fais ce que tu veux, après tout je m'en moque. Il était temps de m’expliquer, même si elle devait se douter de mon point de vue là-dessus.

    > Je ne vais pas me gêner ! Et puis même, je n’ai pas attendu ton accord pour être libre. Les règles sont faites pour être défiées, les limites pour être dépassées. Je ne suis pas assez idiot pour m’imposer des barreaux, je me suis affranchi le jour où…

    …j’ai tué mon père. Je retins de justesse la fin de ma phrase, l’effaçant d’un revers de main. Il était possible que le désordre de mes pensées ait dissimulé ce souvenir sanglant aux yeux de la télépathe. Elle l’avait peut-être attrapé au vol, peut-être pas et je m’en fichais bien. Ce qu’il fallait c’était repartir immédiatement sur une autre voie, et vite.

    > Je n’ai jamais eu la prétention de croire que tu espérais une quelconque aide de moi en te plaignant ainsi. De toute façon, tu sais bien que je crache dans les paumes que l’on me tend. Je n’aide pas quelqu’un à se relever : je profite du fait qu’il soit assis pour l’écraser. Et ça, tu le sais aussi. Je ne le cache pas, je ne m’en vante pas non plus. Le monde à raison de me détester pour ce que je suis, et je n’ai pas tord de répliquer que je ne changerai pas. C’est si simple que c’en est ennuyeux.

    Je basculai sur le dos, les mains derrière la tête, le regard quittant cette splendide abomination qui se nommait Usagi pour fixer le ciel d’un bleu monochrome.

    > Et toi, tu t’es vue ? Cesse donc de m’analyser comme un psychologue dresserait le profil d’un cas social et prends un miroir. Je vois bien que je t’agace, et tant mieux ! N’est-ce pas ce que je cherche depuis le début ? Tu dis que mes conclusions sont erronées, mais toi ne vas-tu pas trouver des examens tordus de mes actes ? Vraiment, pour qui tu te prends… je me demande qui arriverait à supporter longtemps une telle étude… j’ai l’impression de passer un examen !

    Je souris avec un amusement étrange. Je me pris à murmurer une comparaison absurde, assez bas pour qu’elle ne m’entende pas bien que cela était inutile :

    > En général quand on décortique un crabe, c’est pour le manger. Et ça me plait pas…

    Mais il me fallait revenir à elle. Notre combat acharné tournait à la peinture de l’autre pour lui renvoyer ses doutes à la figure. Seulement voilà, elle avait un atout majeur. Autant dire que toute réplique similaire de ma part était vaine… sauf si je croyais encore en ma capacité de casse-pieds professionnel.

    > Toi, toi… Tu marches de long en large à en donner le tournis, tente vainement de te convaincre que tu sais qui tu es… Oui car tu sais énormément de choses, Usagi, c’est l’avantage que te confère ta satanée télépathie, mais tu oublies de te pencher sur l’essentiel. Ce n’est pas tout. Tu veux absolument comprendre le pourquoi… alors que tu ne cesses de répéter la réponse à ta question. Je fais ça parce que. Je te hais parce que. Et si même ça tu ne le conçois pas, alors dis-toi qu’il n’y a rien à comprendre. Ou tu risques de rester encore longtemps…

    Je me redressai assis, et fixai celle qui s’était immobilisée dans l’ombre. J’avais ouvertement omis une question. Cette question remuait en moi bien des choses. Elle qui se plaignait de ne pas comprendre avait tout compris…

    > Oui… soufflai-je après une hésitation. Il m’est arrivé de me demander… de vouloir savoir…

    M’interrompant dans cet élan qui menaçait trop à mon goût de me transformer en vaincu, je me repris en redressant le menton.

    > Mais l’inconnu est bien où il est et ce n’est pas moi qui irais le déranger.

    Il ne serait pas étonnant qu’elle n’arrive pas à suivre le fil de mes réflexions parlées. Peut-être irait-elle chercher à démêler ce qui était tus. Non, je me moquais de ce qu’il "pouvait il avoir d’autre ". Jamais je n’avais cherché à connaître ce qui poussait deux personnes à marcher côte à côte. Sans croche-patte, j’entends. L’amitié m’était un concept qui totalement inexploré et que je méprisais complètement. Rien que la gentillesse et la compassion me faisaient grimacer d’incompréhension. Ces sentiments étaient si dérisoires, si pathétiques… les armures illusoires des battus. J’avais connu la cape protectrice de la solitude, l’acier incorruptible de l’agressivité, alors qu’est ce qui me poussait à revêtir des haillons ?
    Seulement voilà, il y avait eu cette nuit où elle avait refusé de me tuer… Cette étreinte… Ce je te hais sans une trace d’amertume…

    Je bondis soudainement sur mes pieds, me giflant intérieurement pour me punir de cette faiblesse. Je ne refusais pas d’admettre qu’Usagi était sortis du rang de mes ennemis habituels : elle était à la fois meilleure et bien pire, c’était un fait. Mais je craignais trop que dans un accès de délire je me laisse aller à l’écouter. Le courroux me parut une réponse appropriée à cette faille.

    > Ça suffit ! Cesse donc de toujours vouloir tout ramener à ton questionnement bancal ! Tu sais tout, Usagi. Du moins tout ce qui est en surface. N’est-ce pas assez ? Qu’est-ce que c’est que cette obsession de vouloir comprendre mes moindres fais et gestes et ton propre comportement ? Et le pourquoi, le comment, le quoi ? On s’en fout ! Si une machine fonctionne, vas-tu la démonter pour chercher où est le faux contact ? Et bien non ! Evidement ! Alors arrête ! ARRETE bon sang !

    J’avais l’impression de ressentir son emprise mentale presque physiquement, et c’était absolument atroce. Je ne savais pas trop ce que je lui hurlais d’arrêter, de parler peut-être ou tout simplement de lire mon esprit. C’était mon extrême fatigue qui m’amenait à réagir ainsi, si furieusement, c’était elle qui laissait échapper des raisonnements qui n’avaient pas lieu d’être, qui laissait la voie libre à des souvenirs enterrés depuis longtemps et qui parsemait mes réflexions de comparaisons improbables… mais l’unique objet à l’origine de mon trouble, c’était Usagi. Je désirais lui faire payer, presque plus par prévention d’un redoutable retour à la problématique universelle que par vengeance. Ce primitif questionnement de tout homme sur sa raison de vivre… était dangereux.
    A cet instant, ma haine pour elle était à son paroxysme.
    Je ramassai mon sabre et lui lançai un regard sombre…
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Message  Usagi Sam 3 Avr - 0:44

(...je trouve ça terrifiant tellement c'est bien ^^ Après tout, sans quelques notes de folie par-ci par-là, nos post seraient vites monotones...)

Je fronçais les sourcils avant même qu'il n'ouvre la bouche pour me répondre...Et me détendis en poussant un grand soupir. Il s'obstinait dans sa vision erronée du monde, s'y accrochant comme au dernier fil de sa vie...Et me prêtant invariablement les traits d'une pauvre créature bonne qu'à se trainer aux pieds des autres en implorant leur pardon...J'avais au moins une partie de ma réponse : il ne me haïssait que pour ma télépathie. Mon pouvoir était la seule chose capable de l'amener à haïr tout mon être...Jusqu'à mon existence même. Oh, comme j'aimerais m'approcher pour le gifler une bonne fois pour toute ! Cela lui remettrait peut-être son demi-quart de neurone en place !! Cette obstination était tout bonnement...frustrante !! Révoltante !! Insupportable !! Allait-il changer de disque un jour ?!

Mais je m'appliquais à détendre mon visage pour qu'il ne puisse pas deviner mon agacement derrière ce masque paisible, et j'allais même jusqu'à m'y plaquer un sourire artificiel...Mais réaliste. Le mieux que j'avais à faire, pour essayer de lui faire comprendre par lui même que son comportement était inutile, était de lui donner l'illusion que tout ce qu'il pouvait me crâcher à la figure passait à des kilomètres au-dessus de ma tête...Mais c'était bien plus difficile que je ne le croyais, et je risquais à tout moment de me trahir, piquée au vif par toutes ses petites piques bien placées.

- Mon "excuse" ? Ce n'est en rien une "excuse", ce n'est qu'un comportement dicté par un soucis d'égalité...Plus de la compation envers votre position qu'un dépit vis à vis de la mienne, je l'aime bien, ma télépathie, je ne vois franchement pas pourquoi je m'en excuserais...Et je ne vais pas me suicider sous pretexte que je te dérrange, au contraire, pour une fois que quelqu'un peut te secouer un peu les puces...ajoutais-je avec un sourire.

Je reculais encore de quelques pas pour m'adosser à un arbre derrière moi. Je restais encore debout quelques secondes, puis me laissais finalement glisser contre le tronc. J'étendis mes jambes devant moi, l'ignorant comme je savais désormais si bien faire, les mains toujours dans les poches.

- Heureusement que tu n'as pas attendu "mon accord" pour être libre, ce serait triste à pleurer...

Je me tus soudain lorsque je saisis vaguement la fin de sa phrase. J'espérais avoir mal compris, perdue dans le chao de ses pensées floues, et ne cherchais pas à creuser plus la question...Cela ne concernait que lui.

- On tourne en rond, chantonnais-je, vaguement amusée par la situation. Visiblement, chacun de nous a une vision du monde complètement opposée à celle de l'autre, et bien que nous soyons mutuellement en train d'essayer de nous convaincre l'un l'autre, il semblerais qu'aucun de nous deux n'ai l'intention de céder du terrain pour l'instant...Eh oui, contrairement à toi, je me pose des questions sur le monde et les gens qui m'entourent, le pourquoi m'interessera toujours autant que le comment, à l'inverse de toi qui te contente de passer sous le nez des gens en piétinant tout sur ton passage...J'analyse en effet ton comportement pour essayer de te comprendre, un mot qui ne fait visiblement pas partie de ton vocabulaire borné de manière à toujours te rassurer, sauver les apparences...Je n'ai pas besoin d'un mirroir, Kyôden, j'ai depuis longtemps fini ma propre analyse...C'est maintenant celle des autres qui m'interesse, et la tienne plus particulièrement, parce que je ne comprend pas comment quelqu'un d'aussi étroit d'esprit a pu survivre si longtemps dans ce monde...Et je resterais aussi longtemps qu'il le faudra, ne t'en déplaise. Quelque part, j'envie ta façon de voir les choses, tout doit te paraître si simple...

Je poussais un long soupir, fatiguée de toujours répeter la même chose. Je baissais les yeux sur l'herbe nette autour de moi, redressais la tête pour scruter le vert feuillage auréolé de soleil, et je fermais les yeux pour me laisser envahir par le doux murmure de la forêt...Avant de les rouvrir brusquement. Qu'avait-il...essayé de dire ?! Avais-je bien entendu ? Je me redressais et posais un regard nouveau sur lui, un regard emprunt de tristesse...et d'espoir. Pour la première fois depuis que je l'avais rencontré, il avait ouvertement abaissé sa muraille de glace sans le concours de violentes attaques de ma part...J'entrevoyais déjà une nouvelle lueur en lui, une lueur qu'il s'efforçait d'étouffer mais qu'il ne pouvait détruire totalement...Mais il s'en rendis compte également, et se défendit une nouvelle fois de ce bon vieux bouclier : l'attaque. Sa colère roula en lui comme une vague éteignant un feu mal placé, et je fermais les yeux, vaincue...Pour cette fois.

- Eh non, c'est là qu'est le problème...Tes réponses ne me satisfont pas, alors j'essais de gratter un peu la cuirasse, histoire d'obtenir mes propres réponses...et je te l'ai dit, je n'arrêterais pas tant que je n'aurais pas compris, tu peux dire ou faire tout ce que tu voudras, une fois de plus, ça ne changera rien, alors arrête tout de suite ton petit cinéma, ça ne te mènera nulle part avec moi, lançais-je, implaccable.

Je me tus enfin, consciente qu'un mot de trop pourrait le rendre définitivement fou. Je n'accordais pas d'importance à son regard noir, et j'attendis quelques secondes avant de me lever à mon tour, prenant le temps d'épousseter mon jean avant de venir me planter devant lui, vrillant mon regard dans le sien sans une once d'agressivité.

- Aurais-tu changé d'avis ? chuchotais-je en désignant son sabre d'un vague mouvement de la main. Désires-tu combattre ? demandais-je encore en faisant un nouveau pas vers lui. Tu ne me fais pas peur. N'essais pas de prendre les commandes d'un jeu que j'ai moi même lancé, ça ne te mènera à rien, toujours rien...Pourquoi rien ? Pourquoi pas quelque chose ? De quoi as-tu peur ? Tu dis que tu n'es pas assez stupide pour t'imposer des barreaux, mais c'est exactement ce que tu es en train de faire...Tu es donc le seul à pouvoir les briser...Qu'est ce qui te retient ? Cette cage dont les barreaux te semblent si dorés et si brillants de l'intérieur sont en fait ternes et rouillés de l'extérieur, mais pour t'en rendre compte, il faut sortir...Allez, vient Kyôden, on ne va pas te manger, chuchotais-je en souriant sans plus me préoccuper de ses regards noirs, du sabre qu'il tenait, du soleil qui m'éblouissait ou même de la splendeur de la forêt qui m'entourait...

Même cette clairière n'existait plus à mes yeux, seul les yeux cristallins de Kyôden et sa silhouette à contre-jour occupaient mon champs de vision et mon esprit...Je cherchais vainement à forcer le cadenat de la chaîne qui maintenait la porte de sa prison solidement fermée de l'intérieur, cadenat dont lui seul possédait la clef...Aide moi à t'aider, je ne peux pas faire ça toute seule, l'implorais-je du regard tout en sâchant qu'il ne pourrait que repousser une main tendue...
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Message  kyôden Dim 11 Avr - 0:29

    Je fis un pas. Un simple petit mouvement, insignifiant en apparence, un pied qui se lève et se repose plus loin dans l’herbe tendre. Mais cette enjambée était bien plus primordiale qu’elle ne le laissait paraître. Tout d’abord parce qu’elle allait danssa direction. Ensuite parce que j’avais dans mon poing serré à m’en faire blanchir les phalanges le manche de mon sabre avide. Et enfin, ce qui avait déclancher cet infime mouvement avait été une réplique. C’était ainsi : à chaque parole qui me revenait et faisait vrombir ma colère apparente, je m’approchais d’elle.

    Pour une fois que quelqu'un peut te secouer un peu les puces... Un pas. Et ce sourire si méprisable, ah ! Jamais depuis ma sanglante libération je n’avais connu une telle haine. Ce n’était plus une simple flamme mais un incendie tout entier, un soleil embrasé d’écarlate malveillance qui éblouissait mes sens. Ma raisons en était obscurcie, et ma folie enivrée. Usagi c’était assise. Mais non, elle ne méritait même pas d’avoir un nom. Elle ne valait pas mieux qu’un moustique bourdonnant. Celui qui vous empêche de dormir et qui finit généralement en tache microscopique sur le mur. Elle aussi finirait écrasée. Je me devais d’éradiquer cet insecte.

    Je n'arrêterais pas tant que je n'aurais pas compris…[i] Un pas. Mais quelle plaie ! Qu’y avait-il à comprendre ? Rien. Et si explication il y avait, elle n’avait pas à le savoir. C’était ma vie. Et non une espèce d’histoire policière où le lecteur enquête à la recherche du criminel. De toute façon pour mon cas, l’assassin était bien connu. Elle qui se plaignait que les choses semblaient tourner en rond… elle allait voir. J’avais déjà tué. Je connaissais cet horrible état de transe meurtrière et n’avait aucune arme pour lutter contre. Ou si : en éliminer la cause. Mon regard flamboyait d’une ardeur sauvageonne en la fixant. L’[i]éliminer. Toujours cette même idée à laquelle je m’accrochais. Plus rien n’existait : ni les arbres ni le vent, juste cette obsession savoureuse. J’étais aveugle tout.

    Aurais-tu changé d'avis ? Un pas. Le verbe "changer" me faisait presque grimacer de dégoût. Elle tentait de me résonner mais les mots glissaient sur moi sans m’égratigner. Il lui faudrait souffler fort pour éteindre ma haine.

    > Je t’ais dis d’arrêter. Et tu continues. sifflais-je en tentant tant bien que mal de calmer le tremblement rageur de ma voix. Qu’es-tu pour répéter inlassablement ce que je sais déjà ? Car je suis au courant de tout cela, vois-tu. A force de l’entendre après tout… Ton combat est perdu d’avance, je resterai cramponné sur mes positions et toi sur les tiennes. Ça aussi c’est une évidence. Alors dis moi, qui se trompe ?

    Je levais ma lame à l’horizontale, pointée sur elle avec un air de défi diabolique.

    > Je ne suis pas un chien qu’on peut amadouer. On ne transforme pas le démon en ange, c’est tout. L’inverse est bien plus probable, c’est même assez amusant à essayer… fis-je avec un rire succinct assez inquiétant pour ma santé mentale. Enfin bref, tu m’as compris. Trèves de plaisanterie, je te laisse une minute pour choisir tes derniers mots. Après ça, je te tranche en deux.

    Le ton banal de conversation que j’avais adopté sur la fin renforçait son côté sadique. Le pire c’est que j’étais sérieux au moment de le prononcer.
    C’est soudainement que les flammes s’éteignirent en un nuage de fumée. Avec la même brutalité de son arrivée, la vague de haine se retira, comme si tout s’était entièrement consumé. Quelle était la cause d’un tel phénomène ? Je restai figé, sabre en avant, colère évanouie. Totalement. Mes yeux s’étaient ouverts comme une toute nouvelle fois. C’était non seulement le fait de libérer ma vision de l’ombre des paupières mais aussi et surtout cette clairvoyance momentanée qui me plongea dans une perplexité désagréable. Je regardais Usagi sans comprendre. Des taches miroitantes de lumières, rayons furtivement échappés des couverts des ramures, dansaient sur l’or de ses cheveux. Méritaient-ils d’êtres tachés de sang ? J’abaissai mon arme en détournant les yeux. Une certitude incommodante s’imposa en moi : j’étais incapable de la tuer. Cette nouvelle faiblesse que je ne me connaissais pas révélait un début de transformation qui, bien que mince, me fit froid dans le dos.

    > T’as de la chance… persiflai-je en reprenant un semblant d’assurance. Je suis pas d’humeur.

    C’était comme un caprice de ma folie qui s’était violement réveillée pour s’effacer quelques instants après. Lorsque mes yeux avaient recommencé à voir. Ou non, lorsqu’ils l’avaient vu pour la première fois… Le silence qui suivit me fit un peu paniquer. Usagi était différente : je ne pouvais pas mentir en face d’elle. En faite, j’étais obligé d’être moi sans mon masque de hargne. Une appréhension préoccupée planait sur mon âme en sa présence, c’était un fait certain. Ce que je craignais ? Changer. Face à elle. Le problème c’était que c’était déjà fais, à partir du moment où j’avais renoncé à aller au bout de mon geste assassin. Peut-être même plus tôt. Un pas en arrière.

    Mon regard se perdait dans les feuillages frémissants. Je restais silencieux. Une réflexion s’envola vers Usagi. On n’aurait pu y déceler ni agressivité ni colère : simplement une franchise hésitante qui devint assurée au fil des mots.

    Tu n’as pas le droit de me manipuler… Je ne désir pas savoir, tu comprends ? Contrairement à toi… Pour moi, seuls les résultats finaux ont du sens. Lorsqu’ils me touchent, évidement. Quelle importance a le reste ? J’ai cessé depuis longtemps de croire en l’avenir. Alors qu’importe le "pourquoi" d’aujourd’hui car il n’y aura sans doute pas de demain. La réalité est complexe quand on y regarde de prêt. Elle est laide. Je n’ai pas besoin de difficultés en plus que ma propre survie. Si cette simplicité apparente de l’existence échappe à mon contrôle, c’est ma raison elle même qui flanchera. Je me bats sur deux fronts. La vérité devient un simple jeu, et je si je refuse de m’y confronter, c’est mon choix. C’est pour ça que je te demande tout simplement… de cesser de vouloir me faire changer.

    Cette quasi-supplique était la preuve impalpable que c’était déjà trop tard. J’avais échoué. Ma demande n’avait même plus de sens. Elle pouvait presque s’adresser à Terrae tout entier. Usagi c’était montrée égoïste, indifférente à ce que je voulais, moi, et continué ses sermons. Cela je lui fis comprendre un soupir excédé et de pensées claires. Cependant la situation me troublait trop pour que cela se transforme en réelle agression. J’étais las à mon tour de ce combat sans fin. Depuis le début sa victoire était évidente. Je n’étais pas différent d’avant : toujours ce même diable. Mais voilà : Usagi avait eu le don d’insinuer du poison dans mon dernier sanctuaire. Elle se prenait pour une sorte... d’ange gardien destiné à me sauver d’un enfer qu’elle ne faisait que supposer. Un ange avec des cornes. Oui, grâce à elle j’avais quitté un temps ma prison, je ne pouvais pas le nier. Mais je m’étais échappé des barreaux pour connaître ses chaînes. Je restais prisonnier. Non seulement je n’étais pas libre, mais en plus j’étais sous l’emprise d’un autre. Ce que je voulais savoir avant de tenter un retour en arrière, c’était quelle condition était la pire.

    Je tentais de la regarder à nouveau. Tressailli, soufflai ardemment. Me forçai à lui faire face. La minute d’avant, j’avais voulu la tuer. Et maintenant ? Ce qu’il y avait de beau dans cette mystérieuse mutation, c’est que je n’avais plus à dresser murs et barbelés entre nous. Cela me rendait à la fois plus vulnérable et plus apte à faire chanceler ses idéaux. Les mots vrais ont toujours plus d’impact.

    Un pas. J’avais déposé mon sabre. Je me passai la main dans les cheveux avec un regard triste. Pas la peine de cacher mon réel sentiment d’accablement. C’était une manière simple de lui faire comprendre que de nous deux, ç’avait été elle la plus cruelle au final. Et ça, elle ne semblait pas s’en apercevoir. Son sourire nié trahissait son ignorance.

    > Je capitule.





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Message  Usagi Mar 13 Avr - 21:53

Un silence plein de vie s'abattit sur notre clairière ensoleillée lorsque je me tus enfin, attendant de voir si, pour une fois, il entendrait mes suppliques. Une douce brise secoua le jeune feuillage des arbres qui nous entouraient, faisant danser des taches de lumière sur la mousse et l'herbe à leurs pieds. On entendait des disaines d'oiseaux chanter joyeusement le retour du beau temps, invisibles à nos yeux sous les épaisses frondaisons. La forêt murmurait une douce mélodie à nos oreilles tout en nous charmant de ses effluves de bois humide et de rosée, mais je ne voyais plus rien si ce n'est les yeux de glace de Kyôden, je n'entendais plus rien si ce n'est les battements affolés de mon coeur, qui c'était soudain emballé sans même que je sache pourquoi. Il me semblait, à moi, momentanément privée de mes sens, que toute la forêt retenait son souffle dans l'attente de son verdict, comme si c'était soudain la seule chose qui importait vraiment dans le monde.

Je frissonnais au souvenir de la colère qui avait embrasé ses sens quelques secondes auparavant, déluge foudroyant qui avait anihilé les derniers vestiges de raison et de lucidité qui hantaient encore en vain sa conscience. Je l'avais observé bouillonner de colère et de haine, et j'avais suivis sa lente progression dans ma direction avec une pointe d'inquiétude, que la ferveur de mes discours avait bien vite remplacé. Non, il ne me faisait pas peur...Alors que c'était bien dans le but de me tuer qu'il s'avançais, plongé dans une transe que la fatigue qui l'accablait favorisait, la main crispé sur la poignée de son sabre avide de sang - de mon sang.

Mais ce silence si bref et qui me parut pourtant une heure, je me pris à souhaiter qu'il ait duré éternellement lorsque Kyôden reprit la parole, contrôlant de son mieux les tremblements que la haine faisait vibrer dans sa voix. Mes sens me semblèrent rendus d'un coup lorsque mon échec me devint évident, mais le brutal retour de sons et odeurs ne parvint pas à masquer le murmure rageur que Kyôden m'adressa. Qui se trompe ? Bonne question...Très bonne question...Très, très bonne question. Je m'interrogeais soudain, perplexe. Et si jamais...il avait raison ? Et si...ma solution n'était pas la bonne ? Oui bon, d'accord, il est peut-être un peu tard pour réfléchir à la question...Mais...

Un doute affreux s'insinua dans mon esprit, si bien que j'en reculais d'un pas lorsqu'il pointa son sabre sur moi. Et si effectivement je cherchais depuis le début une solution à un problème qui n'existait pas ? Et si, depuis tout ce temps, mon simple plaisir résidait dans le fait de lui faire la morale, comme s'il était coupable de quelque chose ? En le harcelant ainsi, ne violais-je pas les règles de Terrae, la principale étant d'avoir droit à une seconde chance qui que l'on soit ? Une chose était sûre, il était clair qu'en agissant ainsi, je nuisais clairement à sa liberté...

Mais, après tout, c'était lui qui m'avait agressé le premier ! Ce jour là, dans la Tour Or, je l'avais à peine bousculé...Bon d'accord, je lui étais carrément rentré dedant, mais il n'y avait pas franchement de quoi en faire une maladie...Mais lui avait développé une "Usaguite" aigue, et les symptômes semblaient aussi dangereux pour lui que pour moi...Je me figeais, mon regard d'émeraude perdu dans l'azur des siens, et une vague de colère gronda en moi, prête à se déverser à la moindre alerte de sa part. Je lançais un coup d'oeil derrière lui, là où mon sabre reposait, appuyé contre un tronc d'arbre, et calculais rapidement une diversion assez brutale pour l'occuper le temps de le contourner pour réccupérer mon arme.

"Tu veux me trancher en deux, hein ? Très bien, je t'attends...tu ne me fais pas peur", sifflais-je par télépathie, déjà prête au combat, tout mon être s'emplissant de cette sérénité qui précède toujours la montée d'adrénaline propice au combat.

Détendue en apparence, les jambes fléchies prêtes à me propulser vers mon sabre, je le fusillais du regard...Avant de le gratifier d'un regard étonné. Toute sa haine et sa colère venaient de s'évaporer en quelques secondes, et Kyôden semblait au moins aussi surpris que moi. Croyant d'abord à une quelconque ruse, je me redressais lentement, méfiante, toujours prête à défendre chèrement ma peau. Puis il abaissa son arme, lentement, et je quittais ma posture de combat sans comprendre, cherchant son regard, qu'il détourna. Comment ? Pourquoi ? En quel honneur renonçait-il soudain à la haine rassurante qui le consumait ?...

Je me retins soudain d'éclater de rire. Une euphorie indéfinissable m'envahie lorsque qu'il m'anonça qu'il n'était pas d'humeur. Comme si l'acte infame qui consistait à prendre la vie d'autruit nécéssitait un quelconque état d'esprit.
Nan, en fait, c'était vraiment pas drôle.
Mais alors pas du tout.

Les mots muets qu'il m'adressa ensuite furent comme une véritable révélation, car pour la première fois, sa franchise était réelle, et, si on peut dire, ni contrainte, ni forcée. Cette franchise appela en moi des larmes que j'empêchais de couler de mon mieux, comprenant soudain à quel point mon comportement avait été égoïste. Il avait lancé le jeu, mais tous les as étaient dans ma manche depuis le début...La partie avait été plus qu'inégale. Son comportement n'était dicté que par la douleur passée, la haine présente et la peur de l'avenir, qui étais-je pour venir en contester les lois ? Sa supplique finale m'effleura avant de s'enfoncer dans mon coeur comme la plus affutée des lames. Je croisais à nouveau son regard, et eu soudain honte de mes larmes. De nous deux, j'étais celle qui c'était montrée la plus cruelle, celle qui avait ravagé ses certitudes et brisé son assurance comme s'il n'avait été qu'un fétu de paille promené par une tempête. Je comprenais enfin...Ce n'était pas à moi de pleurer.

Je levais les yeux, droite et fière, mais il était plus grand que moi à tous les niveaux...J'avais perdu. Il semblait pourtant si misérable dans sa victoire...Perdu, sans savoir que faire de cette fameuse liberté que je lui offrais sans qu'il n'en ait jamais voulu, hésitant, troublé...Il ne parvenait même plus à me regarder en face. Cette victoire était la plus grande de toutes mes défaites.

> Je capitule.

...Hein ?! Quoi ??!! Mais que...????
Je le scrutais sans comprendre, allant de son sabre - au sol - à ses yeux - baissés - complètement paumée. Comment ça, "je capitule" ?! De quoi ? A quel sujet ?...

Je l'examinais des pieds à la tête, cherchant quelque chose à comprendre là où il n'y avait plus rien à chercher. Je penchais la tête sur le côté, détaillant son accablement en plissant les yeux, dont toute trace de larmes s'était évaporé. Puis soudain, mue par un sentiment violent et impétueux que je ne reconnaissais pas, je franchis en quelques grandes enjambées le mince espace qui nous séparait encore pour me planter fermement devant lui, passais délicatement une main derrière sa nuque et, me hissant sur la pointe des pieds, déposais un baiser sur ses lèvres, plus léger qu'un battement d'aile de papillon. Durant une folle seconde, je laissais ma conscience se mêler à la sienne, lui offrant un bref instant où il pu bénéficier de ma télépathie, sentir et percevoir le monde autour de nous aussi clairement que moi. Durant une folle seconde, je laissais mes sens exacerbés prendre connaissance de tout son être, la courbe de sa machoire volontaire, le velouté de sa peau, la finesse de ses cheveux...Durant une folle seconde, je passais mes doigts dans les mèches soyeuses et cuivrées de ses cheveux qui descendaient dans son cou, caressant au passage la peau lisse et douce de sa nuque. Durant une folle seconde, je sentis la chaleur de son corps au travers de mes vêtements, et j'inspirais son parfum chargé d'éléctricité telle la plus affriolante des drogues. Durant une folle seconde, j'appréciais la douceur de ses lèvres contre les miennes...

Puis je le délivrais vivement de mon emprise en reculant de quelques pas, horrifiée. Cette fois, j'avais dépassé les bornes. Rien ne pourrait pardonner ce que je venais de me permettre. Je caressais mes lèvres du bout des doigts, là où le souvenir des siennes semblait imprimé au fer rouge. Il fallait que je m'excuse, que je dise quelque chose, que je fasse quelque chose...

Non.

J'en avais bien assez fait. Assez. Je m'élançais sans vraiment comprendre ce que je faisais, passais près de Kyôden en effleurant son épaule, saisis mon sabre en passant et m'enfonçais en courrant dans l'ombre de la forêt, une main toujours plaquée sur ma bouche. Je ne voulais pas savoir. Je ne voulais plus savoir. J'en savais déjà trop...
Usagi
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