Roses blanches et rayons de Lune. (Privé)

**Philos** Mer 24 Fév - 0:42

J'arrivai au tombeau d'Alia sans m'en rendre compte.
Étais-ce encore son tombeau ? Pour moi, oui. L'âme d'Alia, son essence, son parfum, y étaient encore prisonniers, enfermés. Je sentais encore le parfum de son âme flotter dans me sanctuaire, et, alors que je laissais tomber une nouvelle rose blanche au pied du cristal éventré, les souvenirs, les souffles de son cœur m'envahirent tout entier. Je fermai les yeux, inspirant longuement. Les souvenirs heureux entrèrent en moi, sans que je pense à les repousser.
Je savais qu'ils allaient s'en aller, s'en aller dès qu'elle aurait quitté l'île...
Je restai ainsi, immobile, laissant sa voix, son parfum tournoyer autour de moi.

Et soudain tout disparut.

J'ouvris les yeux lentement, ouvris la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Soudain, ma gorge se libéra, et un cri s'en échappa, cri de douleur et de peine, cri de rage et d'horreur. Elle n'était plus là, plus là pour de bon; partie, envolée, disparue, à jamais loin de moi.
Je tombai dans les éclats de cristal et les roses à genoux, frappai des poings au sol, les larmes ruisselant sur les joues, mon cri ne cessant pas, mes yeux douloureusement clos. Mes poings se serrèrent autour des roses, des épines s'enfoncèrent dans mes mains, faisant couler de mon sang sur cette blancheur immaculée.
Mon cri se modula. Un nom. Il retentit sur toute l'île.
"Alia".
Mon cri, son nom furent hachés par mes sanglots, mes sanglots qui devinrent de longues plaintes d'un homme en morceaux.
J'étais seul. Seul et brisé, seul pour de bon, seul au milieu de ces roses sublimes, au milieu de ce qui avait été son tombeau. Seul face à mon échec, seul face à mon passé qui s'en allait enfin, seul face à ma douleur que j'avais enfermée au plus profond de moi.
Seul, face à ces roses, seul sous les rayons de la Lune ...

**Storm** Mer 24 Fév - 0:47

Un cri. Douleur et tristesse. Un cri qui me déchirait le cœur. Je regardai par la fenêtre des couloirs de la tour Or, ne voyant que la nuit sur Terrae, et me mis à courir à toutes jambes vers la sortie. Je n’avais pas pris le temps de prendre mon manteau, sortant seulement avec le corset d’Electra, mais je ne sentais pas le froid mordant ma peau. Je courais vers la forêt, sachant où je le trouverai. Après une bonne demi-heure de recherche, je me retrouvais perdue. Je ne savais plus où aller, et l’obscurité de la nuit ne m’arrangeait pas. Je devais le retrouver …

J’entendis soudain un bruit dans les buissons. Je me retournai et vis une petite louve blanche. Je me figeai.

- Electra … ?

Le seul nom qui me venait à l’esprit en voyant ce petit animal. Elle s’approchait, se frottant à mes jambes.

- Qu’est-ce qu’il y a … Je n’ai pas le temps de jouer …

Elle mordait le bas de mon pantalon, me tirant doucement. Je la regardai, étonnée, avant de la suivre, poussée par une certitude : Elle allait m’aider. La petite louve me conduit jusqu’à une clairière, où un arbre centenaire trônait. Son arbre. Et il était devant. Haletant, les mains pleine de roses, et éclairé d’une étrange lumière. Je compris plus tard que c’était la lumière de la lune reflétée sur les roses blanches devenues immortelles. Je me retournai, cherchant du regard cette petite louve blanche qui m’avait suivi. Mais elle avait disparue. Je m’approchai doucement de lui, avant de m’agenouiller à ses côtés. Je ne savais pas quoi faire, j’étais désarmée en face de sa douleur.

Quand une force naquit dans mon cœur. Une force que je ne connaissais pas. Je fermais les yeux, et de mes lèvres sortirent tout d’abord un murmure, puis un chant. De cette voix qui m’étonnait à chaque fois. Une voix autrefois taquine, mais maintenant si mélancolique et triste … Ce chant se transforma pour devenir autre chose. Un discours aux loups. Des mots qui s’envolaient vers les étoiles. Un chant d’amour à la lune.

Mon Murmure.

**Philos** Mer 24 Fév - 22:55

Mes cris, mes sanglots se calmèrent pour laisser de la place à la beauté d'un chant tissé à mes côtés. Sans ouvrir les yeux, sans me retourner, sans même chercher à comprendre, je me laissais porter.
Je ne reconnaissais pas ce Murmure.
Je le vivais.
Je sentais, non, je ressentais, du plus profond de mon être, ce Murmure. Il ne me berçait pas comme l'avait autrefois fait celui d'Alia, il me transperçait. Violent mais doux, puissant mais protecteur.
Un Murmure superbe.
Je me calmai petit à petit, calmai les battements désordonnés de mon cœur. Je finis par desserrer les mains des roses qui retombèrent au sol, intactes, belles et immortelles, blanches tachées de perles rouges qui rehaussaient leur beauté tel un bijou macabre. Je regardai mes mains dardées d'épines, mes mains desquelles coulaient cette rivière de perles que je ne cherchais pas à arrêter. Je restai ainsi, à genoux, la tête baissée vers mes mains, la tête baissée vers les roses. Un souffle de vent caressa mon dos et ma nuque, mon front puis ma joue, faisant s'envoler une de mes larmes. Mon élément m'apaisait, cherchait à faire cesser ces larmes qui ne voulaient plus se tarir.
Les rayons de la Lune se firent soudainement plus forts, éclairant le tapis de roses blanches. Je relevai la tête, la tête vers cette belle dame inaccessible qui couvait ses demoiselles et leurs robes de nacre.
Mes yeux grands ouverts ne cessaient de contempler la Lune, cette Lune vers laquelle le Murmure semblait se tourner.
Cette Lune si belle qui avait été la gardienne de mes insomnies.
Des sanglots m'agitèrent de nouveau, sanglots silencieux et plus doux, tandis que mes mains ouvertes semblaient vouloir garder avec elles les perles rouges qui s'agrippaient aux plis des robes blanches des belles en dessous de moi ...

**Storm** Mer 24 Fév - 23:17

Ma voix se fit plus douce, plus faible, pour ne laisser place qu'au silence, brisé par ses sanglots. C'était comme si tout s'était arrêté. Les animaux avaient arrêté leur berceuse nocturne, le vent qui soufflait se gardait d'agiter les branches dépourvues de feuilles des arbres dans leur habit d'hiver, les vagues s'étaient comme calmées sur la falaise non loin d'ici. J'ouvris doucement les yeux vers la Lune et les étoiles, si loin, brillant si faiblement à côté du spectacle qu’offraient les roses blanches à nos pieds ...
Je portais la main à mon coeur et baissai doucement les yeux vers Philos et ce tapis de roses, désormais seules gardiennes du lieu. Je regardais ses mains couvertes de son sang, les pétales sous ses mains teintées d'un fin chemin rouge écarlate. Je pris doucement une des ses mains dans les miennes, l'ouvrant lentement paume vers le ciel. J'entrepris de retirer doucement les épines qui l'empêchaient de se soigner, avec la douceur et la tendresse dont pouvait être capable une mère. Je laissai tomber une à une la défense des fleurs les plus majestueuses à mes côtés, avant de regarder ses plaies se refermer doucement. Une fois sa paume intacte, je l’effleurai de mes doigts avant de déposai un léger baiser au milieu de sa main, puis la reposai doucement sur ses genoux. Je fis de même avec son autre main, après lui avoir jeté un bref regard. C’est tout ce dont j’étais capable de faire pour lui pour le moment …

**Philos** Ven 26 Fév - 1:18

Ses lèvres sur ma peau avaient été comme un papillon se posant sur du marbre. Doux, incertain, léger, son baiser ne m'avait qu'effleuré et pourtant je le ressentais qui me transperçait tout entier. De marbre, cependant, je ne bougeais pas; immobile au milieu des roses blanches, des perles rouges, de ses yeux bleus aux reflets de lune.
Je fis couler mes yeux vers elle un bref instant, avant de regarder de nouveau mes mains. Je ne sanglotais plus, mais les larmes refusaient de s'arrêter de dévaler mes joues froides. Je reportai mon visage vers la Lune.

- Laisse moi ici ... S'il-te plaît, soufflai-je doucement à l'égard de Storm.

Je baissai les yeux vers elle, avec un bref sourire de consolation.

- Quand le Soleil se lèvera, j'aurai cessé de pleurer. Ne t'en fais pas.

**Storm** Ven 26 Fév - 1:35

Je le regardai, inquiète. Je voulais tout faire, je pouvais tout faire sauf le laisser seul. Son sourire, au lieu de me rassurer, ne fis que m'inquiéter un peu plus. Je refusais de le laisser là, seul, sans savoir ce qu'il allait faire ... Si il venait à faire une erreur, une erreur telle que je regretterais de l'avoir laissé là ... Je fermai les yeux et me levai. Mon regard glissa de la Lune aux étoiles puis aux roses et enfin à son visage. Je reculai doucement.

- Alors venez me voir dès que vous avez l'occasion ...

Mes paroles furent emportées par le vent, je ne sus même pas s'il m'avait entendu. Je me retournai et partis doucement, me mordant l'intérieur de la joue. Pourquoi l'avais-je écouté ? Malgré moi, j'étais partie. Je l'avais écouté. Je lui faisais confiance ... En espérant que j'avais raison.

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