Découverte du plateau de jeu... <Fini>

**kyôden** Dim 31 Jan - 20:59

Je errais dans la cour le nez en l’air, un demi sourire au lèvre pour me donner un air assuré. Mais à vrai dire, j’étais loin d’être calme et mes pensées virevoltaient dans mon esprit comme un millions d’oiseaux jacassant. Je m’efforçais de faire taire ce boucan en inspirant pleinement l’air pur mais celui-ci, implacable depuis le moment où j’avais posé le pied sur Terrae, reprit de plus belle. Je devrai pourtant être heureux du dénouement de ma précédente histoire, mais mon trouble était encore trop grand pour que je me laisse aller à mon entière satisfaction. Bientôt, je le savais, je me rendrai compte de l’immense chance qui m’était offerte. Je savais que j’avais fais le bon choix car rien n’aurait pu être pire de rester chez ce chez-moi qui c’était mué en prison, mais restait encore ce doute. Après tout, je n’avais aucune idée de dans quelle aventure je m’étais embarqué. J’espérai juste que une fois le concert tonitruant de mon esprit se serait calmé, alors ma vie prendrait un cours plus joyeux que ce que j’avais vécu jusqu’alors.

Je cessai d’arpenter le béton pour m’aventurer sur un gazon verdoyant que je foulai sans me soucier de la direction. Le soleil était au rendez-vous et menaçait de me brûler la peau. Je n’ai pas honte de dire j’avais eu si peu l’occasion de profiter de celui-ci que mon teint était encore trop pâle pour le supporter longtemps. Surtout qu’en ce midi ses rayons étaient particulièrement durs. J’allai alors à l’ombre bienfaitrice d’un arbre et m’y adossai. Mon regard parcouru distraitement les alentours. Ainsi, c’était ici que cheminerait ma nouvelle existence… Tout m’était inconnu, tout me restait à découvrir. Autant le lieu que les personnes. Je n’était sûr que d’une chose : jamais plus je ne me laisserai marcher sur les pieds. Mon sourire devint rictus sournois à cette idée si exquise. Non, jamais plus.

Le vent se mit à souffler légèrement. Cette soudaine fraîcheur apaisa tourbillon chaotique qui me ravageait le cerveau. Cette agitation intérieure n’avait pas lieu d’être. Ce n’était pas comme si ce changement de décor était un grand choc pour moi, au contraire. C’était un bonheur. Et puis ce qui était derrière moi n’avait plus d’importance. Au fond, je me persuadais qu’il n’y avait plus rien et que, si je me retournais, je ne verrai que du vide. J’étais né le jour où Terrae était devenu mon monde. A moi de devenir le personnage principal de mon histoire et de la mener comme bon me semblait. C’était incroyable à quel point cette idée que je pouvait prendre les décisions pour moi-même m’emplissait d’ivresse. J’étais libre à présent, et je comptais en profiter. Et comment… J’avais pour moi un immense terrain de jeu. Ne manquait plus que faire connaissance avec quelques uns de mes jouets…

**Rosalee** Dim 31 Jan - 21:29

Je sautillai gaiement sous le soleil de cette fin de janvier. Il faisait froid, mais très beau, et ce temps superbe me rendait heureuse. J'observais les arbres encore nus, écoutai le gazouillis incessant des oiseaux, amusés. Et je sautillais. En effet, sautiller était devenu mon activité principale à Terrae, sans compter penser à Wyatt et Elizabett, et m'entraîner. Je me mis aussi à tournoyer, toute à mon bonheur candide de vivre, d'aimer, de savoir faire quelque chose. Je ne me sentais plus inutile et dissolue comme avant. Himienaï avait raison: Terrae m'avait changée...

Et là, je vis un inconnu. Certes, je n'avais pas tout Terrae dans mon carnet d'adresses, mais je reconnaissais au moins de vue les habitants... Or, celui-là était nouveau, j'en étais certaine. Plutôt grand, svelte, les cheveux blonds... Pas trop mal. Même assez beau gosse. Je me dirigeai vers lui, souriante et accueillante, comme je devais l'être avec tous les nouveaux et comme Karasu l'avait été avec moi.

Hey! T'es nouveau?

Question purement rhétorique.

[J'aime trop ta manière d'écrire! <3]

**kyôden** Dim 31 Jan - 22:21

Un bruit de pas marqué me fit quitter les branchages des yeux. Etait-ce ma future première connaissance qui arrivait ou simplement le bruit d’une branche tapant contre une autre sous la douce furie de la brise ? Non, c’était bien là quelqu’un qui profitait aussi de la magnifique humeur du ciel. Une jeune fille, plus précisément, qui sautillait joyeusement. Une proie facile. Une seconde, j’ai bien parlé de proie ? Et bien oui. Après des années de solitude, j’avais une grande envie de connaître l’autre et pourquoi pas… m’amuser avec lui. Je fis semblant de ne pas l’avoir vu, certain d’après la direction qu’elle prenait qu’elle venait à ma rencontre. Prenant un air rêveur, je fis mine de sursauter légèrement lorsqu’elle m’interpella.

> Hey ! T’es nouveau ?

Je déposai alors enfin mon regard sur elle, qui s’approchait joyeusement, sans montrer trace agacement. Elle était plus jeune que moi, élencée et à la chevelure brune qui ondulait derrière elle. Un air détendu sur le visage, je lui répondis avec un léger mouvement de main qui englobait le paysage devant moi :

> C’est exact, je ne fais que découvrir Terrae !

Je me penchai un peu en avant, me décollant alors du tronc qui commençait à m’irriter le dos à travers mon T-shirt et fis quelques pas vers elle afin de couvrir moi aussi une partie de la distance qui me séparait d’elle. Toujours souriant, sans encore montrer de la moquerie et les mains dans les poches comme si je me sentais à l’aise, je me présentai.

> Moi c’est Kyôden, enchanté…

Je restais tout de même assez à distance, pas tout à fais habitué aux contacts humains. C’était peut-être idiot mais une simple discussion était pour moi presque un défi. Cette première rencontre elle-même était une expérience et je comptais bien trouver là de quoi me distraire. Pour l’instant je me montrais sympathique, mais je pressentais que ma sournoiserie n’allait pas tarder à faire surface… Qu’importe, je continuais comme si de rien n’était :

> Et toi, tu es là depuis longtemps ?

**Rosalee** Dim 31 Jan - 23:09

Rosalee, ravie de te rencontrer!

Je lui souris. Il avait l'air très sympathique, gentil somme toute. Souriant, tout ça quoi.

Ça fait... Plus de deux mois que je suis ici! Enfin, c'est pas bien long, je suis encore une nouvelle, en quelque sorte...

Je me sentis d'humeur à tout lui expliquer, à lui faire découvrir la beauté de l'île, des gens, de cette ambiance cordiale qui régnait entre les élèves. Certes, il y avait toujours des conflits... Mais globalement, tout le monde s'entendait bien. La magie de Terrae ne devait pas y être étrangère...

Dis, Kyôden, on t'a déjà parlé des affinités? Oui, je sais, c'est brusque comme approche.

Je ris.

Mais c'est vraiment un principe de base de l'Institut. Les hommes en noir qui sont venus me chercher m'ont lâchée comme ça, sans infos ni rien... J'espère qu'ils ne l'ont pas fait avec toi aussi, même si ça me semble probable. Ils sont véritablement incorrigibles!

Je croisai les mains dans mon dos, me dressant alternativement sur mes orteils et sur mes talons. J'étais bien, il ne me mettait pas mal à l'aise, il ne me donnait bien sûr pas envie de lui sauter dessus (merci Wyatt), et il ne me donnait pas envie de le frapper. Tout allait bien.

**kyôden** Lun 1 Fév - 0:31

Elle semblait y croire, car au vu de son ton amical mon jeu d’acteur avait parfaitement fonctionné. Elle refléta mon sourire, sauf que le sien était un vrai. Elle m’apprit son nom puis enchaîna sur la réponse à ma question. Deux mois, c’était déjà pas mal… comparé à moi en tout cas. Qui sait ce que moi je serais devenu d’ici là. Peut-être que je serais alors comme les autres, qui sait… ou au contraire, il se pouvait très bien que je me fasse virer de cet endroit, avec tout le bazar que j’allais amener… Oui, ça j’en étais sûr : j’allais être loin d’un élève model. Dès mon arrivée j’avais ressenti cette envie irrépressible d’embêter tout ceux qui se trouvaient sur mon passage. Et Rosalee n’échapperait sûrement pas à la règle. Pourtant elle ne paraissait pas s’en soucier une seconde, toute guillerette et apparemment prompte à faire la conversation.

> Dis, Kyôden, on t'a déjà parlé des affinités?

Cette question fut suivie d’un rire facile. Ma bouche se tordit discrètement. Le rire était bien plus dur à mimer que la gentillesse. Elle semblait très tranquille, comme si tout cela était pour elle absolument normale. Elle reprit en parlant d’hommes en noirs qui seraient venus me chercher… A vrai dire, je haussai un sourcil à cette précision. Non, vraiment cela ne me disait rien du tout, voyons… Je tentai de me rappeler ce moment de ma vie mais dès que je lançai un regard en arrière sur mon passé, un grand vide s’ouvrit en moi. Le sol semblait sur le point de s’effondrer sous mes pieds. Je secouait tout à coup la tête, paniqué un instant pas cette sensation qui devenait familière. Je repris vite mon sans froid sans que mon expression ai trahis cette touche d’angoisse et me concentrai à nouveau sur ce qu’avait dis la jeune fille. J’hésitai entre dire que je ne me souvenait de rien et feindre mon approbation. J’optai pour la seconde solution, moins embarrassante.

> C’est exactement ça ! Et à vrai dire je ne sais pas trop ce qu’est cette histoire d’affinité…

Je décidai de garder mon air sympathique, ne voulant pas tout de suite rompre cette illusion. En faite, ma curiosité avait été éveillée et je préférais qu’elle m’explique plus le fonctionnement de ce mystérieux endroit avant toute chose.

> Tu pourrais m’expliquer plus en détails ?

**Rosalee** Lun 1 Fév - 10:50

Bien sûr! Ça te dirait qu'on se balade un peu, pendant que je t'explique?

Sans attendre sa réponse, je me mis à marcher lentement. J'essayai de retrouver les mots qu'avait utilisés Karasu, mais en vain. Alors, je tentai d'expliquer tout cela moi-même.

En fait, chacun des élèves de cet Institut a un pouvoir, caché au fond de lui. Les pouvoirs sont liés à l'élément que l'on contrôle: Eau, Feu, Terre, Air, et Tonnerre. Je suis Feu!

Je lui souris, et fis apparaître quelques flammèches dans la paume de ma main pour illustrer mon propos.

Et puis, en plus de chaque élément, on est soit Ange soit Démon, et ça nous accorde un pouvoir supplémentaire. Par exemple, je suis Ange Feu, donc je peux me rendre invisible!

Je fis disparaître la main qui précédemment lançait des flammes.

Les Anges / Démons sont le premier niveau, quand on est Initié. Comme tu ne l'es pas, tu es encore Novice, mais je suis sûre que tu seras initié très vite!

Je ris.

Et puis juste au-dessus, il y a les Étoiles, et le dernier niveau, c'est les Masters. Ils maîtrisent totalement leur élément, et leur pouvoir d'Ange ou de Démon. En plus, ils ne vieillisent pas! Ou presque.

Amusée, je lui fis un clin d'oeil.

J'oubliais le plus important: notre élément est lié à notre caractère! Donc quelqu'un de courageux, charmeur et charismatique sera Feu, comme moi! Ou quelqu'un de timide, gentil et loyal sera Eau! Mais toi... Je ne te connais pas assez, bien sûr, mais tu ne seras aucun des deux... Et tu ne seras pas Terre non plus. J'hésite entre Air et Tonnerre, en fait. ^^

**kyôden** Mar 2 Fév - 0:28

[Excuse moi je me suis un peu étalé pour ne pas dire grand chose... Je me surveillerai la prochaine fois xD]

Elle proposa de se balader tandis qu’elle m’expliquait… et bien soit. Elle prit les devants, commençant à marcher avant même que je ne puisse répondre. Je la suivis alors, les mains toujours dans les poches et l’air détendu. Tout se passait comme prévu. Elle m’expliquerait tranquillement le principe de Terrae, chose qui me ravissait, et c’était pourquoi je laissais la conversation prendre cette tournure avant de faire mon malin. Rosalee commença son petit cours théorique par les fameuses affinités. Je l’écoutais avec attention, buvant ses paroles et inscrivant soigneusement les informations dans mon esprit. Dès les différents éléments énumérés, je commençai déjà à m’y interresser. Apparemment, chacun avait ses propres particula- wahou ! Mon regard s’illumina devant le feu qui apparut dans sa paume. Un peu perturbé, son histoire d’Anges et Démons me passa au-dessus de là tête, tout étonné que j’étais par cette soudaine démonstration. Malheureusement, elle ne me laissa pas profiter longtemps de cette visions et fit disparaître la flamme.

Son rire glaça ma fascination et je revins à la réalité, mine de rien. Déjà, les mots Etoiles et surtout Masters me faisaient saliver. Etait-ce l’idée de ne pas vieillir, la puissance, ou le sentiment délicieux de supériorité que cela devait apporter ? Un peu des trois, sûrement. Mon sourire devint un signe de satisfaction. Bien, je venais de se trouver un nouveau but. Qu’importe ce que je devrai faire pour l’atteindre… cela m’enchantait. Mon horizon avait toujours été assombri, comme fermé. Et voilà que s’y traçait un chemin vers un objectif. Non, vraiment, tout cela prenait une belle tournure. J’interceptai le clin d’œil de Rosalee avec amusement, puis elle continua.

Je n’avais jamais entendu parlé du lien qui unissait affinité et caractère. Celui qu’elle me décrit comme lié à l’Eau était loin, très loin, de me correspondre… mais celui du feu déjà un peu plus. Terre, Air, Tonnerre, encore trois voies à étudier. Je me penchai alors sur la question en commençant par la remercier, toujours aussi affable :

> C’est sympa de m’expliquer ! C’est vrai que tout cela m’intriguait fortement et j’y vois un peu plus clair grâce à toi. Il reste de nombreuses zones d’ombres, et je doute pouvoir les éclairer en une seule journée mais si tu pouvais m’en dire un peu plus sur cette histoire de caractères…

Je fis claquer ma langue, lançant un regard en l’air un instant le temps d’y réfléchir pas moi-même et reprit à voix haute, me mélangeant presque dans mes mots :

> Je suppose que la Terre… n’est pas très vive, plutôt calme… L’Air, timide ? Quoique c’est déjà une particularité de l’Eau… Vigoureux alors ? La tête dans les nuages ? Quand au Tonerre…

Etonnement, prononcer ce simple mot m’arracha un sourire. Sa mélodie m’embrasa presque. J’étais bien curieux de savoir ce qu’il recelait !

**Rosalee** Mar 2 Fév - 19:34

[T'inquiète Smile

]

Mais c'est normal! J'ai été novice comme toi, tu sais... Alors forcément, je sais ce que tu ressens. Ce sentiment d'arriver dans un monde totalement inconnu, d'être un étranger sans souvenirs et de devoir reconstruire sa vie autour d'éléments nouveaux...

Je souris. J'avais trouvé les mots pour décrire ce sentiment d'abandon total qui régnait dans mon esprit à mon arrivée... Perdre tous ses repères était ce qu'il m'était arrivé de pire à Terrae, et sans Karasu, je n'aurais jamais pu trouver cette sorte d'équilibre, de douceur et de joie de vivre qui me manquaient tant... Cet Institut m'avait vraiment changée.

Alors forcément, ça me fait plaisir de t'expliquer ça! J'ai vraiment l'impression d'être utile à quelqu'un comme celui qui m'a expliqué ces mêmes choses l'a été pour moi! Tu le rencontreras sûrement un jour, il s'appelle Karasu, un Master.

Je réfléchis aux mots justes, pour définir les particularités caractérisant chaque élément. Après avoir fait la moue, je me décidai.

Les Terres ne sont pas forcément mous, tu vois... C'est juste qu'ils sont réfléchis, posés, en fait ils suivent toujours la voie de la sagesse. Ma soeur est Terre, d'ailleurs, et son caractère y correspond à peu près. C'est vrai qu'elle est prompte à la colère, mais c'est sans doute pour ça qu'elle est Démon. Les Airs sont vifs et rêveurs, discrets, et les Tonnerres sont impulsifs comme les Feux mais beaucoup plus changeants, beaucoup plus lunatiques. De manière générale, les Feux et Tonnerres comptent souvent parmi leurs rangs le genre d'abrutis qui cherchent la baston à longueur de journée...

Je secouai la tête, dépassée. Et après ça, on se demande pourquoi on a une réputation de dragueurs sans cervelles...

Mais c'est vrai que les livres de la bibliothèque pourront t'aider mieux que moi. Alors si tu aimes lire, tu as de nombreuses heures d'étude devant toi!

Je ris, amusée. Je n'avais jamais eu le courage de lire si longtemps... Mais j'avais quand même fait l'effort de me renseigner à propos de l'histoire de Terrae, depuis la bataille. D'accord, pas beaucoup...

Et puis, pour les Anges et Démons... Je ne me suis pas très bien expliquée, je crois. En fait, ça n'a rien à voir avec l'opposition gentil / méchant. C'est juste une ouverture par rapport aux autres. Par exemple, j'ai toujours été sociable, et pas trop méchante je crois... Donc je suis devenue Ange. Par contre, ma soeur, qui est bien plus renfermée et... rude, on va dire, est Démon.

Je souris, marchant de manière assez guillerette. Alors je lui lançai un regard affable, et lui posai une question qui m'en révèlerait beaucoup sur lui, s'il répondait sincèrement... Ou pas, d'ailleurs.

Donc... As-tu une idée de ton affinité future?

**kyôden** Jeu 4 Fév - 18:19

Je sursautai à l’évocation d’une absence de souvenir. Vraiment, cela était normal d’ignorer son passé ? Ce qu’elle me dit me rassura quelque peu : ainsi, je n’étais pas le seul qui, une fois fraîchement arrivé, sentir que ses attaches étaient glissantes comme des rochers lisses et humides. J’espérerais juste que cela ne durerait pas, parce que c’était fichtrement embêtant. Je voulais trouver ma place su Terrae, ainsi j’imposai mon caractère orageux, mais pour l’instant je sentait qu’il restait un long à parcourir, et pas des moindres, vers la totale intégration. De toute façons, et cette pensée me traversa l’esprit avec un goût amère, je n’avais jamais été intégré nulle part. Peut-être était-ce pour cela que… je tournais le dos aux gens avant même qu’ils ne puissent me cerner.

Rosalee parlait d’un ton enjoué, visiblement ravi de partager ce qu’elle savait et de m’aider, tout simplement. Elle était sympathique, et c’était une normalité. C’était moi le méchant original, si l’on peut dire… Je m’intéressai à ce qu’elle m’expliquait avec tant d’intention, assez passionné par le schémas qu’elle me dressait des liens de personnalité. Le calme ne me correspondait pas, la discrétion encore moins, mais pour être impulsif, ça oui je l’était ! Et lunatique… une étincelle malicieuse brilla dans mon regard quand je me répétai ces deux mots. Oui, réfléchi et changeant, c’était tout à fais moi, j’étais terriblement fier de l’être.

Elle secoua la tête en traitant les Feux et Tonnerres, celons ses propres mots, des abrutis qui cherchent la baston à longueur de journée... Mon sourire s’étira imperceptiblement, trop ravi que j’étais à m’entendre dire que d’autres turbulents comme moi composaient les rangs de la population de Terrae. Elle ne se rendit pas compte de l’imbécillité qu’elle proféra en supposant que j’aimais lire. Pour moi, déchiffrer des mots était une perte de temps incroyable et je ne concevais pas que l’on puisse se passionner pour ça… Personne ne pourrait jamais se vanter de m’avoir imposer de lire un livre. Sauf si celui-ci parlait des Démons Tonnerres parce que, de toute évidence… je frémi de bonheur à celle idée. Elle me demanda ce que je pensai devenir :

> Hé ! C’est plutôt indiscret quand on sait quelle importance de l’affinité…

Il n’y eut aucun reproche dans ma voix, plutôt de l’amusement. Je fis un pas de course pour m’arrêter devant elle et ainsi la stopper nette, lui faisant face les mains sur les hanches. J’affichai à présent un air quasi-carnassier, n’ayant plus aucun intérêt à présent qui me forçait à jouer les gentils.

> Sympa pour les infos, petite… sache que le Tonnerre risque fort de guider mes pas ! Mais dis moi aurais-tu quelques noms "d’abrutis" à me donner ? C’est pas très marrant d’embêter le monde tout seul…

**Rosalee** Jeu 4 Fév - 19:42

Mon sourire se figea en voyant ce... brusque revirement de situation? Bref, je réfléchis quelques secondes avant de reprendre mon air enjoué. Bien sûr que j'avais une idée derrière la tête... Il venait de me traiter de "petite"! Alors que je ne l'étais même pas, d'abord! Je suis moyenne!

Oui, finalement, tu sembles Tonnerre. Et bien ça dépend si tu parles des abrutis pervers ou pas... Après, je ne les connais que de vue, je ne leur ai jamais parlé. Ça ne me tente pas...

J'approchai doucement mon visage du sien, l'air pervers mais contrôlé. Enfin, évidemment que je ne pensais pas à ça... Je faisais semblant. Il avait beau ne pas être laid (jeu de mots! *sort*), Wyatt le surpassait très largement. Je passai une main dans ses cheveux, vers son torse, et lorsque j'arrivai à son col... Je l'attrapai sauvagement. J'avais acquis une force nouvelle grâce à mes nombreux entraînements, force dont je ne savais pas si elle était supérieure à la sienne, mais au moins suffisante pour le tenir en respect quelques temps.

Écoute mon chou... Une des règles à respecter avec les Initiés, c'est de ne pas les provoquer, surtout lorsqu'ils sont Feu ou Tonnerre... Or, je viens de te prouver que je peux être... brûlante.

Je m'approchai encore plus, menaçante.

Alors maintenant tu te calmes, et tu ne penses même plus à embêter le monde, d'accord? Parce que si tu continues comme ça, tu risques d'être réduit en charpie avant de passer chez Philos.

Je le lâchai, dédaigneuse. Je n'avais évidemment pas été aussi sûre de moi que je l'aurais voulu, mais j'avais tout fait pour que cela ne se voit pas. Replaçant calmement une de mes mèches de cheveux, je continuai.

D'ailleurs, ma soeur était - bon, d'accord, elle l'est encore - assez hautaine, elle pense que tout le monde est à son service. Résultat, elle s'est faite remonter les bretelles par une Master, et tous les gens qu'elle rencontre doivent la détester. Si c'est ça que tu veux, continue sur cette voie. Par contre, sinon change d'attitude immédiatement. La même Master qui a remis ma soeur à sa place m'a dit que Terrae changeait tout le monde. Alors j'espère vraiment que tu vas changer. De toutes les manières, il n'y a pas d'exceptions.

**kyôden** Ven 5 Fév - 21:51

Je décelai son agressivité soudaine dès ses premiers mots. Apparemment, elle comprenait enfin mon malin petit jeu et jetait son vrai regard sur moi. Elle aussi semblait avoir fais de la comédie, car elle changea du tout au tout. Finis les sourires niais et les explications affables ; la gentille Rosalee avait enlevé son masque accueillant pour dévoiler une petite démone furieuse que je m’étais mis à dos avec habilité. Moi qui cherchais la bagarre, j’allais être servi… et j’en étais étonnement ravi.

Elle osa même me frôler de sa main avec provocation, son regard doux ayant radicalement changé lui aussi. Je me laissai faire, plutôt amusé par cette réaction qui allait au-delà de mes espérances, mais quand elle m’agrippa le col je ne rigolai plus du tout. Ma peur irraisonnée de l’enfermement, allant jusqu’à ce genre de contact qui m’empêchait d’avoir accès à mon entière liberté, se réveilla en sursaut. Sans le laisser paraître, je l’étouffai sous un sentiment mi-amusé mi-furieux. Le pire, c’est qu’elle osait m’appeler son "chou " et ça, c’était hors de question.

Et voilà qu’elle osait m’imposer des règles. Ma moue se fit dédaigneuse. Elle ne m’impressionnait pas, loin de là. Quelques soient les menaces qu’elle proférait, je m’en fichai assez. Qu’un Master veuille me faire la leçon ? Qu’il vienne. Au contraire, cela ajoutait du piment à la situation. J’aimais le risque, alors si elle m’en offrait c’était le bienvenu. Lorsqu’elle me lâcha enfin, je n’avais toujours pas réagit à son attaque. Mon assaut attendrait qu’elle baisse la garde. Ce qu’elle fit juste après, se taisant après une fin de tirade qui me fit rire sournoisement.

> Je n’ai aucunement l’intention de changer, et rien ne m’y obligera.

Je pris son menton sans délicatesse pour l’obliger à me regarder, puis continuai d’un ton acerbe :

> Il y a toujours exception à la règle. Et je le prouverai.

Rosalee m’avait montré qu’elle était capable de sortir de ses gonds. Et c’est ce que je voulais, entre autre.

> Ceux qui veulent me "réduire en charpie" peuvent bien venir, ce n’est pas comme si je les craignais. Je resterai le même. Je suis bien conscient qu’ils peuvent s’en attaquer à moi mais jamais, jamais ils ne pourront entamer qui je suis.

On pouvait découper mon corps en rondelles, mon esprit resterait toujours le même. Il était impossible d’éteindre des flammes si démoniaques et imprévisibles par les coups. Après tout, elles avaient vaillamment résisté jusque là… pour ne pas dire que cela avait empiré. Je la lâchai d’un geste vif puis lui posai un doigt sur le front, menaçant :

> Et ça, même Philos sera obligé de l’admettre.

**Rosalee** Sam 6 Fév - 11:26

Lorsqu'il me prit le menton, je sentis cette voix revenir. La voix de la bataille, la voix qui aurait pu me pousser au meurtre de Kendra. Sauf qu'au lieu de s'éteindre comme la dernière fois, ce que je voulais de tout mon coeur, elle ne fit qu'augmenter de volume, elle prit totalement possession de mon esprit. Je ne voulais pas... Je fis brutalement sa main pour enlever son doigt de mon front. Ce contact me paraissait impur, et il avait fait monter ma colère d'un cran. Il n'était pas Wyatt, je ne pouvais donc pas supporter qu'il me touche.

Tu crois?... Tu crois vraiment que tu es aussi exceptionnel que ça?

Ma voix était sifflante de rage, et dédaigneuse. Je crois qu'à ce moment, je le détestais vraiment d'avoir cette même attitude qu'Elizabett.

Même Philos, qui pourtant est le directeur de cet endroit, le plus puissant des Masters, celui qui a le plus souffert... Et bien même lui a changé en arrivant à Terrae. Il est devenu un autre homme, meilleur ou pire? Peu importe. Mais il a changé. Tu changeras aussi, parce que tu n'es rien. Tu n'es qu'un pauvre petit novice qui se croit plus fort que le monde sous prétexte que... Sous quel prétexte, d'ailleurs? J'ai beau te détailler, je ne te vois rien d'exceptionnel, aussi bien physiquement que mentalement.

Je le toisai, soigneusement hautaine.

Ah! si. Tu as réussi à m'énerver, ce qui est en soi un exploit, et tu es la personne la plus arrogante que j'aie jamais croisée ici. Quoique, j'en ai vu de pires que toi en Angleterre...

Et je me mis à rire. Un rire incontrôlable, nerveux, qui extériorisait cette colère. Elle me faisait peur, et la voix qui me donnait envie de le frapper me terrorisait d'autant plus. Je ne voulais pas lui faire de mal, parce qu'il n'était qu'un être humain, qu'un pauvre novice débarqué dans un monde nouveau. Mais la voix me poussait à m'énerver encore plus. Une fois une partie de ma fureur canalisée, j'essuyai les larmes qui avaient perlé aux coins de mes yeux, et je respirai un peu mieux.

Philos n'admettra jamais rien du tout. Il y a des centaines d'élèves, ici. Alors, qu'il y en ait un qui fasse son rebelle n'est en rien étonnant, d'autant plus que tu vas changer. T'as pas le choix, Kyôden, on ne te demande pas ton avis. Ça se fera, point final. Donc Philos n'en aura jamais rien à faire. Ce n'est pas comme ça que tu te feras remarquer...

Je lui souris, calmée. J'avais toujours une certaine agressivité planquée tout au fond de moi, et j'avais aussi toujours l'air hautaine, mais je gardais le sourire. Il ne m'aurait pas sur ce coup-là...

**kyôden** Sam 6 Fév - 14:14

Je perçu comme un second changement dans son attitude. Évidement que je ne me pensais pas exceptionnel. Je me savais juste moi-même, et c'était largement suffisant pour affronter ce avec quoi on me menaçait. A nouveau, elle abattait sa carte de Philos. J'émis un rire sarcastique en la toisant d'un air arrogant. Car oui je l'étais. C'était une preuve de ma force : je ne dépendais de personne et personne ne décidait pour moi. Ça aussi rien ne pouvait le modifier. J'en étais totalement convaincu. C'était même plus que ça : je le savais. Le répliquai avec une ironie glaciale :

> Même Philos a changéééé ? Oh, mille excuuuses je ne savais pas que même ton Grand Manitouuu avait été atteint par la Lumière Diviiiine de Terraeeee !

L'évocation de mon état, un "pauvre petit novice", me fit serrait les poings. Encore un peu et le la frappais en plein visage, ce qu'elle aurait largement mérité. Je ne su même pas ce qui me retint... Peut-être avais-je envie de savoir quelles idioties elle allait encore me cracher à la figure avant de l'envoyer au tapis une bonne fois pour toute. Rosalee rit. Je compris. Non, en faite je voulais que cela soit elle qui frappe en premier. C'était non seulement un duel de mots, où chacun de nous deux tentait de blesser l'autre ou de défendre sa cause, mais aussi de sang froid. Le premier qui s'en prenait à l'autre avouerait sa faiblesse mentale. Malheureusement pour elle, je me sentais parfaitement capable de canaliser toute ma colère dans mes paroles. Mon ton se fit encore plus cassant, mais aussi plus sérieux :

> Tu parles de choix comme s'il était évident qu'il se présenterait à moi. Mais je n'aurais même pas à décider de rester le même, c'est écris et c'est tout. Personne ne peut aller à l'encontre de de ça, même pas ce Philos que tu sembles vénérer.

Je mourrai d'envie de lui arracher d'autres larmes, des larmes de rage ou de détresse cette fois. Cela promettait d'être compliqué, mais au cas où je n'arriverais pas à mes fins le jour même, alors je remettrai ça au lendemain. Sa colère était retombée, elle souriait même presque sereinement. Je refusais d'abandonner si facilement :

> Tu sembles avouer toi même que tu as changer. Je suis curieux de voir quel mollusque tu étais en arrivant ici...

A vrai dire l'une de ces réparties m'avait touché bien plus que le reste. En faite, c'était la seule phrase qui avait réussi à m'atteindre. Celle où elle disait que Philos n'en aurait rien à faire de moi. Car, de sa bouche, on pouvait très facilement remplacer ce nom par "tout le monde".

> Tu oses affirmer que je resterai dans l'ombre. Détrompe toi. On entendra parler de moi, quoiqu'il arrive et qu'importe les moyens que j'utiliserai pour y arriver. Je me fous de savoir si l'on prononcera mon nom par dégout ou par crainte, je ne resterai pas dans l'ombre.

J'avais répété par deux fois cette idée qui m'effrayait tant. Mes mots avaient été prononcé comme un acide brûlant. Je n'avais auparavant jamais réfléchi à ma place dans ce monde nouveau, mais je le savais à présent. Elle n'était pas dans l'obscurité. Je craignais celle-ci comme la proie fuit le chasseur. J'en avais assez d'être insignifiant, assez d'être derrière les barreaux de l'anonymat, assez d'être enfermé entre les quatre murs de mon passé. Assez de n'être personne, comme elle n'avait si bien dis.

> Et bien sache que si je change, tu le regretteras amèrement car cela ne sera qu'en mal. Tu as pointé toi même du doigt la cible que je devais atteindre. Je prends ça pour un défi...

Une lueur quasi-maléfique étincelait dans un regard, comme si j'étais sur le point de la dévorer. Je n'étais plus la victime, j'étais le prédateur. Elle osait soutenir que ce monde ne m'appartenait pas ? Soit, je prouverai le contraire.

> ... et je l'accepte.

**Rosalee** Sam 6 Fév - 15:06

Je l'écoutai discourir, amusée. En fait, rien de ce qu'il m'avait dit ne m'avait vexée / énervée... Il ne m'aurait pas comme ça. Les seuls mots qui firent passer une ombre sur mon visage furent "vénérer" et "mollusque". Je me mis en tête de répondre à cela, et uniquement à cela, d'une voix tendue mais relativement calme.

Je ne vénère pas Philos. Il s'avère simplement qu'un jour, je suis entrée dans son bureau avec la ferme intention de le tuer, et que j'en suis ressortie en pleurant de compassion. Pas de pitié, entendons-nous bien.

Je croisai les bras sur ma poitrine en souriant. J'avais compris. Ce pauvre enfant n'était ainsi que parce qu'il avait peur... Mon attitude se fit plus douce. Je n'étais plus du tout en colère.

Et avant, je n'étais pas un mollusque. Plutôt une jeune fille aux moeurs dissolues, qui noyaient son malheur dans l'alcool, le sexe et les achats compulsifs. Tout ce que la richesse peut apporter, en fait...

Il me regarda avec l'air d'un prédateur, et je ne lui répondis que par un sourire. Il ne pouvait rien contre moi, il ne connaissait pas mes points faibles... Mais si. Je lui avais parlé d'Elizabett. Heureusement qu'elle était Initiée et capable de se défendre. Ma poitrine, qui s'était momentanément serrée d'angoisse, se libéra du poids qui l'encerclait.

Tu sais... Si ton but est de te faire remarquer - et il l'est, ne dis pas le contraire - et bien ce n'est pas comme ça que tu y arriveras, je te le répète. Les gens ne se diront pas "Oh, voilà Kyôden le méchant!". Ils s'en fichent, qu'un connard soit venu s'installer à Terrae. Il y en a eu d'autres, avant toi. Et il y en aura encore. Quand je suis arrivée, personne ne s'est dit "Tiens, Rosa la salope!". Tout simplement parce qu'il y en a eu d'autres et qu'il y en aura encore, voilà tout. C'est pareil... Tu n'es en rien différent de moi, ni des autres.

Je lui souris à nouveau, un peu cruelle cette fois-ci.

Après tout, tu n'es qu'un pauvre petit novice...

J'avais remarqué à quel point son attitude s'était crispée la première fois que je l'avais dit.

Alors tu ne connais pas assez bien Terrae pour savoir le nombre de conneries que tu débites à la seconde. Tu sais quoi? Va t'instruire un petit peu, ensuite tu reviendras me parler de ton histoire de pari. Parce que j'attends avec impatience ce fameux changement en pire... Vraiment, j'aurais une distraction supplémentaire.

Je ris, sadique. Je savais que cette arrogance était vaine, et qu'il allait finir par admettre son erreur, même si ça lui prendrait du temps. Seulement voilà... Cela m'amusait. Mon caractère d'avant revenait...

**kyôden** Sam 6 Fév - 23:01

Rosalee niait vénérer Philos mais elle pleurait de compassion pour lui… Cherchez l’erreur. Déjà que chouiner était l’attitude humaine que je trouvais la plus pitoyable… Hélas sa colère était totalement dissipée, elle me souriait même gentiment. J’eu une grimace déçue : moi qui cherchais un peu d’animation ! Et évidement que mon but était de me faire remarquer, c’est ce que je venais de dire par "ne pas rester dans l’ombre". Par contre, les phrases qui suivirent me firent écarquiller les yeux intérieurement. Oui je dis bien intérieurement : il n’était pas question que je montre mon écoeurement. Elle avait visé juste.

Son sourire cruel était accompagné de nouvelles flèches ajustées au niveau de ma fierté. Cette fois, je m’étais armé d’un bouclier qui se lisait sur mon visage dur et impassible. La hargne s’était muée en glace. Elle semblait bien s’amuser, la vicieuse. Je haussai les épaules en affichant un sourire rogue :

> Je me fou de ce que tu penses, pauvre arrogante ! Qu’importe si d’autres impertinents ont foulé Terrae avant moi.

Je levai les yeux au ciel, comme si ce que j'allais dire était une évidence même :

> Je ne suis pas eux, ils ne sont pas moi. C’est toujours au même point que tu te trompes lourdement : non, je ne suis pas comme les autres. Tout le monde est unique, et mon seul orgueil est de penser avoir moi aussi cette particularité.

J’avais bâti ma défense, il ne me restait plus qu’à attaquer en retour.

> Oh et puis laisse tomber, je n’ai pas de leçon à recevoir d’une geignarde. Si tu veux te déshydrater pour un autre, libre à toi. Mais moi, j’ai un minimum d’estime envers moi-même vois-tu.

Comme si j’allais me retrouver à larmoyer sur le sort de Philos ! C’était tout bonnement lamentable. Je ne verserais pas une larme pour un enfant écrasé devant mes yeux. Ah bien sûr que cela me dégoûterait, mais mort pour mort… J’étais bien inhumain de penser ça, mais sur l’instant j’étais comme aveuglé. Par quoi ? Peut-être par ce dégoût. Une répugnance qui m’était bien familière : celle de la vie. Je m’en étais sorti, étais arrivé sur Terrae… et un par un, Rosalee écrabouillait mes espoirs entre ses doigts perfides. J’espérais devenir quelqu’un tout en restant moi-même ? Elle me riait au nez. Pourtant, je savais que j’étais tout bonnement incapable de changer. Ca revenait à dire que je restais sur le même chemin cabossé que j’avais cru quitter. Le cadre était différent, voilà tout.

> Qu’importe.

C’était la seul chose que je fut capable de dire, tant ma réflexion précédent ma parole m’avait plombé le moral. Evidement, cela ne voulait pas dire que j’avais changé. C’est juste que j’avais ma part de désillusion. Elle ne s’éveillait que lorsque j’étais seul, mais les évocations de la fourbe jeune fille avaient suffis à me rappeler sa présence. Je relevai brusquement la tête.

> Ce n’est pas la peine de penser que tout le monde échouera comme tu l’as fais. En devenant quelqu’un d’autre, es-tu restée toi-même ? Te sens-tu fière quand tu affirmes avoir lâcher les armes pour pleurnicher ? Mais non, tu as joué et tu as perdu.

Peut-être que je disais n’importe quoi, mais je m’en foutais bien. Il fallait que je parle. Que je parle pour ne pas me taire.
Parce que moi, je refusais de perdre.

**Rosalee** Dim 7 Fév - 16:38

Échouer? Est-ce que j'avais vraiment échoué? Je ne pus m'empêcher d'y réfléchir, même si je savais qu'il cherchait à me déstabiliser par tous les moyens et qu'ainsi, je le faisais gagner.
J'étais arrivée d'Angleterre joyeuse, dissolue et inconsciente. Maintenant, j'étais émotive, amoureuse, fidèle, moins superficielle et plus gentille, tout en étant torturée par des sentiments contradictoires. En fait, mon évolution n'avait rien eu de bénéfique. Pire encore: j'étais devenue une geignarde, comme il le disait. Je me déshydratais pour les autres.

J'eus soudain beaucoup plus de mal à respirer. En fait, il avait raison. Je n'avais pas à lui donner de leçons, à essayer de le convaincre qu'il allait changer, puisqu'au contraire, il risquait de suivre le même genre d'évolution que moi. Mes mains se mirent à trembler assez violemment. J'étais en colère, je lui aurais volontiers mis mon poing dans la figure. Au moins je n'éclatai pas en sanglots, c'était déjà ça.

Malgré tout, je tentai de lui répondre, la voix basse et faiblarde.

Non, tu n'es pas différent des autres Kyôden... Personne n'est unique, ceux qui croient ça ne font que se chercher désespérément une raison de penser qu'ils le sont, c'est tout... Mais tu es comme les autres. Et sache que je n'ai pas perdu. J'ai simplement évolué d'une manière que tu trouves pitoyable, certes, mais...

Je ne pus pas continuer ma phrase. Mais quoi? Je savais très bien qu'il venait de remettre en cause mes deux mois passés à Terrae, ma relation avec Wyatt, tous ceux que j'avais rencontrés et de manière générale, tout ce que j'avais dit et fait depuis que j'étais ici. Il avait touché juste.

Je n'ai pas lâché les armes... Quoi qu'il arrive, je continue de ma battre. Ne me sous-estime pas, Kyôden: je suis plus forte que ce que tu crois.

Cette fois-ci, j'avais parlé toujours aussi bas mais avec une telle haine dans la voix que ça en devenait effrayant.

**kyôden** Dim 7 Fév - 23:07

Enfin, une réaction en ma faveur ! Sa respiration, déjà, un peu plus difficile, puis elle se tendit. Je sentais sa colère, et pourtant je n’eu droit qu’à une faible réplique, sans trop de sens. Sa voix sembla même se briser à un moment, comme si elle n’était plus capable de défendre son argument vain. Sa défense me parut plutôt dérisoire… ma flèche avait été bien ajustée, apparemment.

> Je ne pense pas te sous-estimer. Tu te vantes d’être forte et de te battre, mais à pars perdre ton sang-froid, qu’as-tu fais ?

Elle n’attaquait plus, mes remparts étaient solidement battis. Mon armée cruelle allait à la conquête de sa personne et, mot par mot, comme s’il s’agissait de coups, je tentais d’y percer des failles.

> Ouvre les yeux. Qui es-tu ? Es-tu cette haine qui tremble dans ta voix ou ces larmes que tu as honteusement laissé couler ?

Je joignais les gestes à la parole, jouant à l’orateur assuré de l’emprise de ses paroles sur son auditoire. Je posais des questions, et encore des questions, et je voulais qu’elles s’enfoncent en elle pour aller tournoyer dans son esprit troublé.

> Est-ce vraiment se battre que d’ignorer que tu es devenue ainsi, lamentable ? Regarde-toi. Quoi que tu dises, et tu le sais, j’ai raison. Tu luttes, oui, mais contre quoi… tu luttes contre celle que tu étais au lieu d’effacer tes pleures nouveaux. Trop sensible, trop dévouée, et bien d’autres sentiments neufs encore.

A nouveau, je plongeais mon regard sans pitié dans le sien pour y déloger le trouble.

> Si je veux moi aussi me trouver déchirer par des émotions qui n’ont jamais été miennes ? Si je veux me convertir en geignard et devenir comme toi ? Si je veux laisser un autre moi prendre ma place ? Tout ça "parce que de toute façon sur Terrae tout le monde change" ?

J’eu un rire moqueur, pour la forme, avant de continuer sur cette voie, le visage sombre tout à coup :

> Et bien non.

**Rosalee** Lun 8 Fév - 0:40

"Perdre ton sang-froid." Voilà la seule chose que j'avais réussi à lui montrer. Non, je n'allais pas me laisser faire... Au moins, cette discussion m'avait appris quelque chose. Il fallait que je redevienne comme avant, au moins un peu. Je devais quand même me prévenir de mes anciens défaut, mais surtout chasser les nouveaux, c'était important. Je relevai la tête, une expression neutre sur le visage. Je n'avais plus l'air triste, plutôt fière, et je comptais lui montrer certaines choses. J'ouvris ma main droite, en souriant, laissant quelques flammes s'en échapper.

Voilà ce que j'ai appris, ici. Terrae m'a tirée d'un univers impitoyablement condescendant et indifférent, pour me donner des amis, une raison de vivre, de nouvelles connaissances et bien plus encore.

Je refermai subitement la main, toute trace de flamme envolée. Je l'ouvris, mais plus de feu, rien. Juste ma peau blanche.

Toi, tu en es encore à ce stade. Tes pouvoirs sont en toi, et quand tu les libéreras, certaines choses que tu as refoulées émergeront. Tu verras, tu changeras.

Je lui souris. Même s'il s'agissait de la personne que je détestais le plus à Terrae, et ce après une unique entrevue, je ne voulais que son bien. Après tout, peut-être qu'il était bon, au fond...

C'est le but de Terrae que de nous changer. On vient là pour ça. Parce qu'en fait, on nous donne des pouvoirs, mais nous devons aussi donner aux autres élèves ce que nous sommes capables de leur donner. En l'occurrence, de l'amitié ou de l'amour. Je sais, ça fait très "dessin animé moralisateur", mais ce n'est que la vérité. Nous quittons notre malheur pour trouver de la joie ici, et la solitude ne peut nous en apporter. Voilà pourquoi il est indispensable que nous contribuions au bonheur des autres, pour qu'ils en fassent de même avec nous.

Tout en lui parlant, je m'amusai à jeter quelques flammèches et à les éteindre, pour le plaisir de sentir cette énergie si turbulente traverser mon corps.

Donc tu ne seras jamais heureux tant que tu contribueras au malheur des autres. À bon entendeur...

Je lui fis un geste de la main et me retournai, prête à m'en aller.

**kyôden** Mar 9 Fév - 0:11

Elle sembla étonnement reprendre du poil de la bête, mais je refusais de croire que mes paroles ne l’avaient un minimum pas atteinte. On se rassure avec ce qu’on peut. Non en faite j’avais vraiment envie d’y croire. Ce n’était pas le moment de perdre pied… A nouveau, elle tenta de m’enfoncer à coups de "tu changeras". A nouveau, j’y répondais par un regard froid et déterminé qui voulait tout dire. Puis, après son petit discours, truffée de belles morales à vous faire verser une larme (avec ironie), elle fit mine de partir.

"Nous quittons notre malheur pour trouver de la joie ici, et la solitude ne peut nous en apporter."

Seule cette phrase parut rester en suspend dans l’air. Je la goûtais. Elle me semblait si amère… Mon passé tout entier était une mésaventure, mais était-ce pour cela que Terrae serait un immense champ de roses ? Bon, d’accord, cela ne pouvait pas être pire. C’était impossible. Mais était-ce si mal d’être seul ? Je le vivais très bien.
Je fermé les yeux fort, secouant la tête.
Oui, je le vivais très bien…
Je me redressai en la toisant, bien qu’elle ne me faisait plus face, cherchant simplement à faire peser mon regard sur son dos. Comme si j’arriverais, par la féroce force de celui-ci, à la faire se courber.

> Tu t’en vas comme ça ?

Je ne savais pas quoi avancer, je n’avais plus rien à dire. A peine avais-je posé le pied sur Terrae que tout était remis en question par une petite insolente. Quoique… je l’oublierais vite. Oui, j’oubliais toujours ce qui ne me plaisait pas. Comme j’avais oublié cet "avant". Je sortais à nouveau la tête de l’eau, dédaignant ces pensées absurdes pour me concentrer à ma tâche :

> C’est comme ça que tu te bats alors… en tournant le dos aux problèmes ?

Je tentais de reprendre l’air assuré et méprisant qui me caractérisait. Mais au fond… j’avais bien envie qu’elle s’en aille. Fuir est parfois si facile. Mais je n’en tirerais aucune dignité, au contraire. Si c’était elle qui décampait et bien… je m’en sortirais indemne, dans les deux cas. J’aurais gagné ce petit duel de mots sans chercher à l’éviter, du moins, en apparence.

> Vas donc pleurer dans un coin en pensant à ce que j’ai dis.

Aucune une parole sur moi : pas question de laisser paraître qu’elle avait réussi à me troubler, du moins un peu.

**Rosalee** Mar 9 Fév - 18:33

Toujours dos à lui, je tournai la tête sur le côté, sans le regarder. Ça, c'était de la provocation pure et simple, bête et méchante. Cela ne m'atteignit donc pas plus que ça, et je lui répondis avec de l'indifférence dans la voix et le même froideur que celle qu'il avait affichée précédemment.

Tu ne m'auras pas, Kyôden. Je ne pleurerais pas à cause de toi. Et je ne tourne pas le dos aux problèmes.

Je me tournai brusquement vers lui, une nouvelle lueur au fond des yeux.

Attends... Mais si, si, bien sûr que je tourne le dos aux problèmes. Mais dans ce cas, toi aussi.

J'ouvris les mains en signe d'évidence, un sourire plaqué sur le visage.

Tous les habitants de Terrae tournent le dos aux problèmes! En fait, si nous y faisions tous face, nous aurions préféré rester face à eux et les résoudre plutôt que les fuir et nous réfugier ici! CQFD, mon cher.

J'agitai la main, soudain égayée.

Au revoir, Kyôden! Et courage avec les Initiés que tu rencontreras en tant que Novice! Parce que j'attends avec impatience que tu te prennes une bonne raclée qui te remette les idées en place.

Je lui envoyai un baiser et m'en allai en sautillant gaiement.

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