Escape.

**Mist** Jeu 24 Déc - 2:22

"Escapisme.De l’anglais to escape (« s’échapper », « s’évader »).
1)Attitude qui consiste à se retirer du monde et de la vie civique, par fuite ou désabusement, par opposition à la prise de parole ou à l’action individuelle ou sociale.
2) Evasion de la réalité. "

J'ai ouvert les yeux.
C'est tout ce que j'ai fait.
N'en attendez pas plus de moi.
Je ne bougerai pas.
Vous n'aurez plus rien de moi.
Pas un geste.
Pas un mot.
Pas une réaction.
Je voudrais être morte.
Mes yeux vides, vidés de larmes, de sentiments et de mots fixent la fenêtre froide.
Dehors il neige.
Dans mon coeur il pleut.
Dans mon esprit il gèle.
Je ne suis plus rien.
Rien de plus qu'un pantin à la peau nacrée, aux cheveux blancs et aux yeux verts, un pantin qu'on a habillé et assis dans une chaise face à une fenêtre.
Rien de plus qu'un pantin avec une perfusion au bras.
Rien de plus qu'une poupée qui ne réagit plus à rien.
Je l'avais dit pourtant.
Les portes de mon esprit sont closes.
Mon mutsime serait volontaire si il n'était pas forcé.
Je ne veux plus parler, bouger, vivre.
Je ne sers plus à rien.
Je ne suis qu'une poupée de porcelaine abandonnée sur un siège face à une fenêtre, fixant de ses grands yeux verts inlassables le paysage de dehors sans le voir.
Rien de plus qu'une poupée vide.

(Ce topic est un peu spécial, ouvert à tous ceux qui connaissent Claw et qui veulent y poster. Elle ne vous répondra pas, je posterai juste après vous, comme si elle répondait dans ses pensées. A vous de voir si vous voulez perdre un post ou deux ici ^^ )

**Karasu** Jeu 24 Déc - 2:43

Lorsque j'étais rentré dans l'infirmerie, j'avais été surpris et inquiet d'y voir Claw.

Elle était assise, près de la fenêtre, le regard tourné vers l'extérieur.

Je m'étais avancé vers elle.

Je l'avais questionné pour savoir ce qu'elle faisait ici.

Pas de réponse.

Je lui avait parlé pour essayer de la faire réagir.

Pas de réponse.

Aucune réponse, aucune réaction de sa part.

Quoi que je lui dise, quoi je fasse.

Elle restait toujours assise, le regard vers l'extérieur mais vide.

Elle restait immobile.

On aurait dit une malade dans un hôpital psychiatrique.

On aurait dit une paralysée.

On aurait dit une poupée.

Elle était là sans être là.

Elle ne semblait plus être parmi nous.

Plusieurs questions avaient tourné dans mon esprit. Aucune ne trouvaient de réponses.

J'étais assis à côté d'elle et la regardai, les larmes aux yeux.

Elle n'était plus avec nous.

**Mist** Jeu 24 Déc - 2:55

Une présence à mes côtés. Une odeur de forêt, de métal. J'ai un goût de fer dans la bouche.
La personne à mes côtés est large d'épaules. Son odeur m'est familière. Ses cheveux bruns pénètres mon champ de vision peu avant qu'il ne se mette à me parler sans que je lui réponde.
C'était comme parler à un pantin brisé retrouvé au fond du grenier.
Ca n'avait aucun intérêt et ça rendait triste.
Karasu.
Tu ne devrais pas être là à t'attrister sur mon sort.
Pars t'occuper de ceux qui t'aiment, ceux qui sont auprès de toi.
Ta bonté te perdra, et en ce moment tu pers ton temps avec une poupée brisée.
Pars, n'use pas tes larmes pour moi.
Je ne les mérite pas.

**Karasu** Jeu 24 Déc - 3:16

Le temps passait et rien ne changeait.

Le temps passait. Et elle ne réagissait toujours pas.

Le temps passait et mes questions se multipliaient.

Le temps passait et des souvenirs me revinrent en mémoire.

Je revoyais notre première rencontre dans la salle d'entraînement.

Je la revoyais rigoler et sourire à la vie.

Je la revis au moment où elle venait me demander de lui forger son bâton.

Son regard avait changé. On y voyait de la peur.

Je la revis lors de son exil sur l'île.

Son regard avait changé. On y voyait de la tristesse.

Je la revis après qu'elle eut affronté son frère dans l'arène.

Son regard avait changé. On y voyait de la douleur.

Je la revis une fois qu'elle était passée Master.

Son regard avait changé. On y voyait de la folie.

Je la revis lors de la bataille.

Son regard avait changé. On y voyait une lumière prête à s'éteindre.

Je la voyais maintenant.

Son regard avait changé. On n'y voyait plus rien.

Je me mordis les lèvres et m'excusai.

M'excusai de n'avoir rien pu faire pour l'aider.

Elle ne réagissait toujours pas.

Je finis par me lever, la regarder une dernière fois et partis.

Mon regard aussi avait changé.

Avant, la voir comme elle était me faisait sourire. La voir maintenant me faisait pleurer.

**Mist** Jeu 24 Déc - 3:20

Je l'entendis partir.
Merci Karasu.
Merci d'avoir été à mes côtés tout ce temps.
Merci de partir maintenant.
Merci... Mon ami.

**Violette** Jeu 24 Déc - 3:55

Je ne savais plus où me promener. Il fessait trop froid dehors, & puis toute cette neige si blanche... je ne voulais pas la souillé... Alors j'arpentais les couloirs, emmailloté dans un grand t-shirt jaune. Enfin on ne peut pas vraiment dire emmailloté quand on porte un short marron, même si il est accompagné de bottes assortis & d'un collant noir bien collant.
Je m'arrêtais devant l'infirmerie, attirée par une tache blanche au milieu de mur blanc devant une fenêtre donnant sur un paysage blanc.
Je m'avançais vers le siège occupée, souriante.
Je m'arrêtais à côté du fauteuil & la regardait furtivement, pensive.
Je ris doucement.
- Je te l'avais pourtant dis Kasumi, à chaque fois que je te vois tu es soit pensive, sois anéantis. Aujourd'hui tu penses, il faudrait que tu arrêtes, tu vas avoir mal à la tête.
Je fis un pas vers la fenêtre, regardant la neige.
- C'est beau...
Je soupirais.
- Peut être un peu trop froid à mon gout, je préfère les glaces. Désolée de ne pas avoir apportée de coupes toutes colorée, je ne m'attendait pas à te voir là, promis je me rattraperais la prochaine fois. En faite je ne t'es pas vue depuis ta masterisation, désolé de ne pas être venue te féliciter, j'étais un peu bizarre à cette période là. Enfin je le suis toujours, ce n'est qu'un instant de répits.
Je continuais à regarder le paysage & les quelques aventuriers polaires qui rejouaient 'La marche de l'empereur' sous les fenêtres.
- Et ils se croient drôle ?
Lançait-je rieuse.
- Je me rappelle de la dernière fois que l'on c'est vue. C'était dans la forêt bizarrement.
Je ris.
- Tu étais si heureuse d'aller à cette fameuse réunion avec ton destin. Oh ! Je suis vraiment stupide d'avoir oublier la glace. Tu préfères quoi comme parfum ?
J'attendis quelques secondes sa réponse puis me retournais, lui offrant un grand sourire plein de bonheur.
- Tu as perdue ta langue Kasumi ?

**Mist** Jeu 24 Déc - 4:02

Oui, oui Violette j'ai perdu ma langue.
J'ai perdu mon coeur, j'ai perdu mon âme, j'ai perdu mon esprit aussi, quelque part à la dérive entre ma culpabilité et ma folie.
Désolée, mais pour la glace ça risque d'être compromis.
C'est pas vraiment la bonne saison en plus.
Dans ma tête, il fait chaud, et on la mange toutes les deux, cette glace, tu sais. A la terasse d'un glacier au nom Italien. Il fait chaud, mais beau, le Soleil nous éclaire et fait fondre nos glaces avant qu'on ait pu les finir. On rigole parce que le cornet dégouline sur la table.
Dehors il neige.
Je n'entends rien.
Je ne vois pas, je ne fais que regarder.
Désolée Violette.
Mon imaginaire est à sec.
Je n'arrive plus, même à imaginer l'ombre d'un sourire.
Et la glace dans ma bouche a un goût de neige et de sang.

**Violette** Jeu 24 Déc - 4:53

Elle n'avait pas bouger, pas ciller...
- Kasumi...
Elle était si pâle...
Ce n'était pas le blanc de ses cheveux que j'avais aperçue en rentrant, c'était celui de son corps. Seule ses yeux verts éclairaient sa silhouette. Mais...
Ils étaient vides...
- Qu'est ce qui ne va pas ? J'ai dit quelque chose de mal ? Tu as froid ? Tu... Qu'est qu'il y a ?
Je pris peur.
Mon sourire s'était effacé.
Je m'affolais.
Mon rire s'était tut.
Elle était si mal, si fragile, si anéantis...
J'étais à genoux devant elle. Je posais une main tremblante sur sa joue glacée... je voulais qu'elle réagisse. Un regard. Un murmure. Quelque chose...
Rien.
- Kasumi...
Mon bras retomba sur mes genoux.
Elle était comme morte...
Je restais devant son corps. Son cadavre ? Attendant qu'elle se réveille... Qu'elle cesse de regarder le rien.
Longtemps je la contemplais.
Elle était comme morte.
Je n'en pus plus... De la voir ainsi. De la voir comme morte. De voir cette horreur.
Je me levais. M'enfuis. Loin de tout ce blanc.
Du paysage blanc.
Des murs blanc.
De son corps blanc...
Comme morte.
Je ne voulais plus. Plus de blanc.
Et dehors du blanc...

**Mist** Jeu 24 Déc - 14:15

Des pas tremblants et hésitants, puis précipités, résonnent sur le carrelage froid. Un dernier arrête, une porte qui s'ouvre à la volée, une porte qui claque. La peur résonne encore dans le bruit de tes pas.
La peur et l'incompréhension.
Je suis de nouveau seule désormais.
Le goût sucré et imaginaire de la glace est bien vite, trop vite remplacé par celui, amer, de la solitude.

**Storm** Jeu 24 Déc - 14:55

Il faisait presque nuit. Et pourtant, la fin de l'après-midi s'annonçait. Je m'avançais, hésitante, vers l'infirmerie, ouvrant la porte. Je n'accordais aucun regard aux infirmières, j'avais maintenant appris à les ignorer. Je vis le but de ma venue ici assise sur une chaise, regardant dehors. Je m'arrêtai à côté d'elle, regardant la neige réverbérer les derniers rayons froids du Soleil. Je n'osais pas prendre la parole. Je ne savais même pas pourquoi j'étais venue ici. Ce qui lui était arrivée, j'en étais en partie responsable. Si je l'avais accompagnée, si j'avais répondu à son appel au secours, rien ne ce serait passé comme ça. Je me raclais la gorge, n'osant pas dire quelque chose.

- ... Salut.

Les mots restaient bloqués dans ma gorge, les mots d'excuses, c'était un véritable exploit d'avoir dit quelque chose.

- Je ... Je ne devrais pas être ici, je devrais disparaitre de ta vue. Je m'excuse de ne pas t'avoir écouté, je ne te demande pas de ne pas m'en vouloir, mais ...

Son silence et son stoïcisme me fis peur, et me prouvais un peu plus que je n'étais pas à ma place ici. Désolée ... Je n'arrivais pas à partir, je veillais à rester hors de son champ de vision, regardant par la fenêtre.

**Mist** Jeu 24 Déc - 16:03

Je ne t'en veux pas.
Comment éprouver de la rancune lorsqu'on éprouve plus rien qu'un vide, un trou béant au fond de son coeur ?
Je ne t'en veux pas, je ne pourrais pas t'en vouloir, tu as fait ce que tu as pu, ce que tu as pu pour m'aider, tout ce que tu as pu pour m'aider à ne pas tomber ...
Mais tu es juste arrivée trop tard, juste pour voir mon esprit éclaté sur le trottoir, juste pour assister aux dernières minutes de son agonie.
Je ne t'en veux pas ...

**Storm** Jeu 24 Déc - 20:28

Je restais là, sans bouger. Je la regardai, avant de partir doucement. Excuse-moi encore Kasumi ... Je suis désolée.

**Himienaï** Jeu 24 Déc - 20:46

Je sortais de la chambre de Rika, toujours prostrée. La nuit n'allais pas tarder à tombait, révélant les ombres de désespoir qui couvrait cette partie de l'Institut.
J'avançais en regardant mes pieds, m'étant enfin résolu à attendre que le temps fasse son œuvre. J'avais mis un certain temps à reconnaitre que j'étais complètement impuissante face au mal être de Rika.
Je n'étais plus très loin de la sortie quand j'aperçus la longue chevelure blonde de Storm qui sortait elle aussi.
Je n'eus pas le courage de la rattraper pour prendre de ses nouvelles, me contentant de me demandais si elle était venu en tant que patiente ou en tant que visiteur.
Passant devant la chambre d'où était elle sortis, j'eus ma réponse.
Assise sur une chaise, le regard tourné vers l'extérieur...Kasumi.
Hésitant un peu, je rentrais et allais me placer à côté d'elle.

"Salut Kasumi...ça fait un moment..."

J'attendis une réponse qui ne vint jamais, alors, les sourcils fronçais, je me décidais à regarder Kasumi dans les yeux et se que j'y vis me glaca le sang.
Ou plutôt, se que je n'y vis pas.
Je m'accroupis, posant mes main sur ses genoux.

"Qu'est ce qui t'es arrivé à toi hein Kasumi?"

Je secouais la tête, tirste de la voir dans cet état.

"Finalement, tu en as fait qu'à ta tête...tu es partie...loin semble-t-il..."

**Mist** Jeu 24 Déc - 20:49

Des pas, encore moins certains que les précédents.
Merci, merci de fuir. La vue d'un esprit en miettes est toujours dérangeante.
Au revoir Etsuko, gentille Etsuko ...
Toi qui a su sortir l'enfant de son champ de neige et de sang.

J'entends d'autre pas, je ne reconnais qu'à peine cette voix et ce timbre.
Je te connais me semble-t-il.
Itaku. Je la reconnais enfin, lorsqu'elle se pose devant moi.
Oui, navrée, mais tu le sais bien, je n'en fais qu'à ma tête.
Je voulais partir, j'ai réussi.
Sur mon fauteil de bois et de tissu, je m'évade, je m'en vais, loin de mes méfaits, de mas crimes et de mes erreurs.
Puisses-tu un jour ne jamais me comprendre...

**Himienaï** Sam 26 Déc - 1:33

Je fermais les yeux quelques minutes devant le spectacle qu'offrait le corps brisé de Kasumi. Préférant ne pas imaginé que son esprit était encore plus de miette à ramasser.
Je me levais doucement, sans la lacher des yeux.

"Au revoir Kasumi...puisse tu nous revenir un jour."

Des mots d'espoir, c'est tout se dont j'étais capable.
des mots d'espor et des beaux discours, c'était tous se que je pouvais offrir à mes amis.
Incapable, impuissante, comme toujours face à leur malheur.
Je tournais les talons, jetais un dernier regard à la chevelure blanche que l'on distinguer à peine dans cette pièce blanche et sortis.

**Yureka** Sam 26 Déc - 13:33

J'arrivais enfin à l'infirmerie. En me dirigeant vers la chambre qu'occupait Yujiro, je passai devant une chambre, où la porte s'ouvrit, laissant... Himienaï maintenant, je crois, sortir. Je regardai furtivement au dessus de son épaule, curieuse, et aperçus alors une chevelure blanche... Une chevelure, une silhouette, que j'aurais presque pu reconnaître les yeux fermés. Mon coeur rata un battement, et mon sang se glaça. Je jetai un rapide coup d'oeil au visage d'Himienaï, mais je ne trouvais aucune réponse à mes questions... Pourquoi était-elle là...? Doucement, alors qu'elle quittait l'infirmerie, je poussai la porte, et entrai dans la salle. Mon rythme cardiaque s'accéléra, encore... Je m'avançai, peureuse, ne la lâchant pas une seule fois du regard. Lorsque j'arrivai à côté d'elle, j'ouvrai la bouche pour la refermer. Que dire...? Que faire...? Enfin, les mots parvinrent à sortir de ma bouche.

-Claw... Kasumi. J'espère que... Que tu ne crois pas que je t'en veux pour Yujiro... Même si on avait l'impression que tu attendais cette colère, tu...

Je m'arrêtai et inspirai un grand coup, me forçant à chasser ces images de la bataille de ma tête.

-Yujiro reste dans le coma... Mais si tu n'avais pas été là... Il... Il serait probablement mort...

Je cessai enfin de la fixer pour regarder mes pieds. En fait, je n'attendais aucune réponse. J'avais bien compris qu'elle ne m'en donnerait pas... C'était la seule réponse que j'avais pu lire sur le visage d'Himienaï. Je reportai enfin mon regard sur elle, et tentai un sourire. Un sourire qui me brisa le coeur.

-Tu sais... J'espère que tu te remettras vite ! Hein ? Comme ça... Comme ça... Je n'sais pas, on pourra passer une après-midi ensemble ! Ca fait vraiment longtemps, tu ne trouves pas ? Moi je trouve ! Alors... Je pense que ce serait amusant ! Tu n'es pas d'accord ?

Même si je m'y étais attendue, son silence me glaça le sang. Mais je devais... Essayer ? Après tout, je commençai à avoir l'habitude avec Yujiro... Parler sans obtenir de réponse. Ca devenait quotidien, non ?

**Mist** Sam 26 Déc - 17:15

Les pas d'Itaku, qui n'étaient plus les siens d'ailleurs, me firent penser à une fuite pleine de désespoir. Pas de pas tremblotants, juste assurés mais douloureux.

Le bruit de ses pas fut remplacé par ceux, légers, d'une personne que je connaissais par coeur. Avant même d'entendre sa voix, l'impression de poids sur ce qu'il restait de mon coeur s'accentua.
Yureka ...
Lorsque ses mots se stoppèrent dans sa gorge, je hurlais à l'agonie, au fin fond de mon esprit.
Une larme roula sur ma joue, translucide, transparente, amère.
Je mourrais d'envie de lui répondre oui ...
Seule ma larme put répondre, illustration parfaite de la douleur qui me rongeait.

**Yureka** Lun 28 Déc - 12:52

Lorsque je vis sa larme couler le long de sa joue, je ne sais pas ce qui me prit. Mais ça me tua. Partagée entre l'envie de la prendre dans mes bras, et celle de partir, je tombai sur le sol, déboussolée, sans cependant la quitter du regard.

-Claw... murmurai-je. Kasumi.

Je sentis les larmes me monter aux yeux mais me retint. Pour elle. Pour Yujiro. Pour Maman. Je ne devais plus... Pleurer.

-C'est... C'est Kasumi qui m'a aidé, hein ? Pour Yujiro. Et... Et là... C'est Kasumi qui pleure ?

Je la regardai un instant, n'attendant aucune réponse, avant d'ajouter.

-Je suis désolée... Désolée de rien n'avoir vu... Pourtant, lorsqu'on était venus te voir avec Yujiro tu... Tu...

Une larme roula sur ma joue, et je l'essuyai rapidement, refusant de me montrer ainsi.

-Je veux que tu saches que... Je... Je t'aimerais toujours...! Je sais que je vais passer pour une idiote... Quelqu'un qui ne réfléchit pas... Qui dit ça sans savoir... Mais je... Tu te souviens ? Tu te souviens de quelle manière notre amitié est née ? Tu m'avais confié un secret... On ne se connaissait pas... Ou peu... Mais tu me l'avais confié. Et puis on s'est rapproché d'un coup. Tu te souviens de... La fois où on a fait une course pour arriver dans la cour ? En plus, avant de tomber sur Dark... Takeshi. Tu m'avais battu ! Je m'en rappelle... Je te dois un croissant, hein ? Depuis un an... Je te le donnerais, je te le promets... Je te le promets.

Je marquai une pause, baissant le regard sur mes mains que je n'arrêtai pas d'entortiller.

-Tu sais, cette Kasumi... Elle me manque en fait... Dans mon coeur, tu es encore là, mais tu n'es plus pareille, dis-je en relevant la tête. C'est Claw, elle, pas vrai ? Excuse-moi encore... De ne pas l'avoir remarqué plus tôt...

Je tournai la tête et observai la porte. Je me relevai alors.

-Je pense que je vais te laisser, hein ? Tu dois avoir besoin de temps... Tu dois avoir besoin de réfléchir, de... Je n'sais pas, articulai-je dans un triste sourire. Mais je reviendrais, je te le promets... Et quand je reviendrais, tu... Tu iras mieux, d'accord ? Quand je repasserais te voir, je serais avec Yujiro, tu verras ! Tu n'auras plus à t'en vouloir, et...

Je la regardai. Je voulais lui dire que je l'aimais. Lui dire que je continuerais toujours à penser à elle. Mais les mots ne sortirent pas. Je n'arrivais même pas à m'approcher pour l'embrasser... Alors je fis volte face, une boule dans la gorge. Puis partis, par la porte qui à mon avis n'allait pas s'arrêter d'être franchie aujourd'hui...

**Mist** Ven 1 Jan - 21:18

Chacun de ses mots arrachait une petite partie de mon esprit chancelant. Kasumi, c'est Kasumi qu'elle voulait voir, à qui elle voulait parler ...
Pourtant je n'étais rien de plus que Claw.
Et cette constatation me tuait, en même temps que la couleur de ses yeux que je regardais sans voir, que je voyais s'assombrir de larmes et de peine, de douleur et d'incompréhension.
Dans le monde que je peignais au fin fond de mon esprit, une silhouette de plus s'effaça. Après Yujiro, Karasu, Violette, Storm, Itaku. Les souries de Yureka s'effacèrent de mon esprit au moment où ses pas résonnèrent sur le carrelage froid et clair de l'infirmerie. Cette silhouette qui s'effaçait, qui partait hors de mon monde laissa une plaie béante quelque part entre ma raison et ma folie ...
Je le voyais tous qui s'effaçaient un à un.
La larme mourut dans mon cou, et seule sa trace resta sur ma joue ... Comme Yureka dont il ne me restait plus que le souvenir.

**Dark** Ven 1 Jan - 23:00

On m'avait parlé d'elle. Je n'sais plus qui. On m'avait dit que son état était au plus bas. Je n'sais plus comment.
Je n'sais plus qui me l'avait dit ni comment on en était arrivé à parler de ça...
Je sais juste que ça avait été déclencheur en moi.
La fin de l'après-midi approchait. Je sortis de ma chambre, et après avoir refermé la porte derrière moi, je glissai mes mains dans mes poches. C'est alors comme ça, décidé et déterminé, et je pris la direction de l'infirmerie.
A chaque fois que je faisais un pas, me rapprochant de quelques centimètres de l'infirmerie, j'avais l'étrange impression qu'on me plantait une aiguille dans le coeur. Et puis, j'arrivai à l'ultime pas. Le dernier. Et lorsque j'eus poser mon pied, je me tins désormais devant la porte de la chambre de Claw. La porte était entrouverte... Elle avait eu de la visite. Et même en le sachant, voir ça le prouvait. Je poussai alors la porte du bout du pied, et la première chose que je vis... Ce fut son coeur. Qui n'était plus du tout pareil qu'avant. Qui ne ressemblait plus à celui que j'avais connu...
Qui n'était plus celui de Kasumi.

-Claw, dis-je alors, impassible.

D'un pas lourd, je m'approchai d'elle, entendant mes pas résonner dans la pièce. Lorsque je fus à côté d'elle, je baissai le regard dans sa direction. C'était inutile de la regarder, nan ? Je la connaissais par coeur... Il me suffisait d'entendre son souffle pour lire en elle... Je n'avais qu'à sentir son odeur pour me l'imaginer toute entière dans ma tête.
Alors je la lâchai du regard. De toute façon, le sien était vide... Et je refusais de voir ça. Je m'assis sur le lit blanc de la pièce blanche, observant avec souffrance ses cheveux blancs...
Le blanc, c'était l'innocence, nan ?
Et pourtant, à travers ce blanc, je ne voyais que du Rouge. Et du Noir.
Le rouge pour le sang. Le noir pour la nuit.
Et les deux pour Claw. Pour son coeur meurtri.
A ce moment-là, je n'entendais plus mon coeur battre. Je ne sentais plus les milliers d'aiguilles qui avaient déjà transpercées mon coeur. Je ne voyais qu'elle, et son faible reflet dans la vitre de la fenêtre.
Je restais alors un long moment, comme ça, à la regarder. Attendant une réaction de sa part, un signe, un mot. Mais après tout, je ne voyais pas pourquoi sa réaction aurait été différente avec moi par rapport aux autres.
De toute façon... Ce n'était plus Kasumi. C'était Claw. Ce n'était plus la petite délinquante des Aigles. C'était la meurtrière qui tuait pour le plaisir. Ce n'était plus celle que j'aimais. C'était celle que je regrettais.
Alors, l'ayant enfin réalisé, je me levai du lit, et quittai enfin Claw du regard pour faire volte-face.
Cette fois, je sentis mon coeur lâcher. Je sentis mon âme me détester. Je sentis ma larme glacée couler le long de ma joue.
Mais je n'avais pas le choix.
Dos à elle, silencieux, impassible... Je soufflai alors, froid et détestable :

-Désolé...

Ce n'était qu'un mot... Mais il résumait tout ce que j'éprouvais.
Et je n'avais pas eu le choix.
Mes pieds reprirent la direction de la porte, et je sortis de l'infirmerie. Maintenant... Maintenant il fallait que je l'oublie. Que j'essaie de continuer ainsi. Que je refasse ma vie comme je le pouvais... Sans elle.
Car je n'avais plus le choix.

**Mist** Ven 1 Jan - 23:28

Alors que je divaguais, toujours plus loin, toujours plus profond dans mon esprit sombre, j'entendis des pas. Des pas à la fréquence que j'aurais pu reconnaître entre mille.
Dark.

Un souffle.
Une odeur.
Une inspiration.
Un nom. Le mien.
Un mouvement.
Son odeur de nouveau.
Une autre inspiration.
Un mot.
Mon coeur brisé en mille morceaux sur le carrelage.

Je le connaissais par coeur. Je connaissais chacune de ses mimiques, chacune de ses intonations, la valeur de ses gestes, de ses regards, de ses sourires. Je savais pourquoi. J'avais compris. Son ton avait été froid, cassant, sombre.
A l'image de mon coeur de poupée dont j'imaginais les ressorts et les pièces éparpillées sur le sol.
Je ne pensais pas que je pouvais souffrir encore plus que désormais.
Je ne pensais pas que je pouvais appréhender la chute de mon coeur en même temps que celle de mon esprit.
Mais je pensais, au fond, que je le méritais.

J'avais tué celle qu'il aimait pour en prendre la place. J'avais tué l'âme de la poupée pour la remplacer par une âme de fer, huilée de sang, qui avait fini par se briser. J'avais tué les sourires, les regards qu'il avait aimé. J'avais tué le coeur pour le remplacer de la même manière. J'avais tué Kasumi...
Et pourtant, pourtant, j'avais tellement espéré.
Tellement espéré qu'il m'aimerait.
Tellement espéré qu'il me sauverait.

Quelle imbécile. Je n'étais qu'une imbécile. Les larmes roulèrent sur mes joues.

Dans mon monde intérieur, la dernière silhouette qui faisait tout tenir, qui était le pilier central de mon être, de mon "moi", finit par se dissiper doucement, comme ces silhouettes de brume rouge qui avaient hanté mes rêves les plus fous et mes cauchemars les plus atroces. Chaque particule de Lui qu'il reprenait, qu'il faisait s'en aller, que je voyais disparaître laissait place à un grand gouffre, une plaie immonde et monstrueuse qui me faisait mal, tellement mal ... Alors que je le voyais disparaître, je me rendis compte que mon monde intérieur s'effondrait.
Tout ce que j'avais imaginé se délavait, disparaissait en même temps que Lui.

Mes lèvres froides remuèrent faiblement, tandis que je hurlais à l'agonie, tout au fond de mon monde qui mourrait. Tout au fond de mon Moi qui partait avec lui, parce que je lui avais tout donné et qu'il s'en allait avec.
Je clignai soudain des yeux. Je venais de me réveiller.
Dans mes yeux, une lueur faible, ténue, une lueur qui luttait péniblement pour me faire vivre.

La porte claqua doucement. Je tentai de me lever, je ne fis que tomber au sol, sur ce carrelage froid qui me semblait trop familier. Mes lèvres remuaient toutes seules, tandis que je tentais de me relever, entre hébétude et chagrin.

- Non ... Non ... Non ... Non ... ne cessais-je de répéter.

Assise sur le sol que je ne pourrais pas quitter, je tendis un bras faible vers la porte, comme si je pouvais l'ouvrir par la simple force de mon chagrin. Alors que je ne pleurais plus, mon corps s'agita soudain de sanglots silencieux, de soubresauts douloureux. Mon visage se déforma, ravagé par les larmes, tandis que je laissais retomber ma main au sol.
Un sanglot, un cri s'éleva dans l'infirmerie au bout de quelques secondes. Une plainte déchirante.
Comme le grincement d'une poupée qui s'arrête de fonctionner.

Alors que je réalisais que je l'avais perdu, le temps s'arrêta dans mon petit corps en morceaux que je voulais si fort.
Mon petit corps en porcelaine si froid désormais.
Si vide.

**Light** Sam 2 Jan - 0:08

Je venais de quitter le chevet de Noa que je ne quittais presque plus pour aller voir Claw, porteur de mauvaises nouvelles. Philos m'avait expliqué ses actes, m'avait confié son état. Et il m'avait confié la plus lourde des tâches.
Annoncer à mon ancienne élève et à mon amie qu'on allait lui retirer ses pouvoirs. Le même châtiment que celui infligé à mon frère.
Le châtiment qu'on réservait aux monstres. Aux criminels. Le retrait des pouvoirs s'accompagnait généralement d'un retrait de mémoire. On oubliait Terrae et on retrouvait une vie normale, comme si on avait refusé de suivre les Masters qui proposaient un chemin différent.
Mon cœur se serrait, se tordait, mais Philos avait raison.
Elle avait besoin d'un nouveau départ, d'une nouvelle vie.
Une nouvelle vie sans pouvoirs, une nouvelle vie sans l'ombre de Terrae.
Je croisai Dark dans les couloirs, je ne lui dis rien, lui adressant cependant un long regard qu'il ne sembla pas voir. Quelques secondes après s'éleva un cri, un hurlement de douleur et de perte, une plainte de chagrin et de mort.
Je fermai les yeux quelques secondes.
J'avais compris.
Je poussai à mon tour la porte pour découvrir la silhouette brisée de mon ancienne élève sur le sol. Sans plus bouger, je dis de la voix la plus neutre possible, ne la regardant pas pour m'éviter un spectacle douloureux et inutile :

- Claw, le Conseil voudra te voir dès que tu seras rétablie. Tu vas te faire retirer tes pouvoirs et tous tes souvenirs au vu de tes actes. Nous te demanderons de te présenter le plus tôt possible à la Tour Or.

Mon ton se fit plus doux.

- Vois ça comme un nouveau départ. On t'offre une vie sans mort et sans haine, sans douleur ... Sans nous. Tu nous oublieras, tu redeviendras celle que tu étais autrefois.

Je me détournai.

- Tu es toute seule désormais. Cette solution est la meilleure pour toi.

Je sortis doucement, sans un mot de plus, sans un regard de plus, au corps brisé sur le sol ... Mes orbes noires se teintèrent d'un profond chagrin.

**Mist** Sam 2 Jan - 0:20

"Tu es toute seule désormais."
Ces cinq mots m'achevèrent. J'étais toute seule. Perdue. Vide. Anéantie. J'avais tout perdu : esprit, âme, amis, amour.
Au final, n'avais-je pas atteint le but que je m'étais autrefois fixée ?... Etre seule.
C'était pourtant une sensation tellement douloureuse ...
J'avais besoin de ces êtres qui faisaient ma vie, j'en avais besoin pour vivre et sourire à mon tour. J'en avais besoin mais je n'avais plus rien, plus personne sur qui m'appuyer ...
Les pas résonnèrent sur le carrelage une nouvelle fois.
Lorsqu'ils s'éloignèrent, je me rendis compte qu'il me restait encore une chose. Une toute petite chose.
N'avais-je pas dit autrefois, alors que j'étais seule, avant d'arriver, que je n'avais "que des souvenirs à perdre ?..."
Je ne voulais pas redevenir cette fille, celle qui n'était pas moi, plus moi.
Cette fille seule et perdue, prête à sacrifier ses souvenirs pour mourir.
Je voulais garder ces souvenirs au plus profond de mon cœur, comme un nouveau carburant, une nouvelle drogue pour avancer.
Ca avait été la coke, ça avait été la morphine, ça avait été Dark.
Je ne m'étais pas rendue compte que jamais je ne m'étais aussi complète, aussi bien, aussi détendue, autant en extase qu'avec cette dernière drogue à l'odeur enivrante, aux intonations légères et douces.
Je voulais me battre.
Me battre pour ces souvenirs, peu m'importait si je devenais folle.
Je voulais garder précieusement ce qu'il me restait au fond du cœur pour vivre.
Vivre pour moi, grâce à Lui, grâce à eux.
Vivre égoïste pour garder ces souvenirs, ces moments heureux où je n'avais pas été seule, où j'avais été heureuse, purement heureuse sans m'en rendre compte.
Je me redressai lentement. Au fond de mes yeux ternes luisait une flamme.
Une flamme que j'avais toujours gardé en moi, par peur de m'en rendre compte.
Une flamme qui me poussait à ne jamais abandonner.
Cette flamme que j'avais apprise chez les Aigles, perdue en cours de route et qui revenait désormais, comme un chat qui avait perdu son chez-soi.
Cette flamme qui m'avait enseigné à ne jamais baisser la tête, à ne jamais reculer, à rendre au centuple les coups que j'avais reçu, à me battre, à devenir fière et dure.
Cette flamme qui avait un nom.
Cette flamme qui était ma rage de vivre.

Je me redressai péniblement. J'avais pris ma décision.
Je vivrais.
Et je vivrais libre.

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