Non je veux pas laisser tomber! [Lotan, puis Philos]

Malgré mon état, je me rendis compte d'un truc... Voilà pourquoi j'avais l'impression de le connaître, je le connaissais en fin de compte. C'était Sadek qui avait assisté à une de mes beuveries. Ce souvenir me fit sourire quelque peu, sourire qui disparut bien vite...

- Non, dis-je en resserant mes bras autour de moi, c'est mon sang qui détruit mes cellules, dis-je à mi-voix et en gardant les yeux clos.

Et là c'était la destruction finale. Quel bouquet...

La porte de mon bureau s'ouvrant à la volée me surprit alors que j'étais en train de travailler sur les cellules de Kay. Tiens, quand on parle du Loup... Elle entra en compagnie de Lotan qui la transportait sur une plaque de glace. Mon cœur se serra. Je n'avais pas été assez rapide ... Mais je pouvais travailler la structure du vaccin directement sur son corps, avec ma base ... L'esprit Berserk viendrait plus tard.

- Que se passe-t-il ? demandai-je alors que j'indiquais du menton une table d'auscultations que j'avais fait sortir du mur à Lotan.

Je m'approchai de Kay et fis circuler une brise froide autour d'elle pour essayer d'atténuer l'effet de fièvre. Je regardai rapidement avec mon don chacun de ses organes ... Elle n'en avait plus pour très longtemps. Sur ma table d'essais, la base du sérum. Je la regardai. C'était risqué. Mais ne risquait-elle déjà pas la mort, si on ne tentait rien ?...
Je fis voler à toute vitesse la seringue vers moi, que j'arrêtai entre deux de mes doigts. Je fis un garrot à Kay, avant de demander à Lotan :

- Tiens-la. Ça risque d'être douloureux, et elle bouge déjà trop pour que je risque à lui injecter maintenant.

J'entendis des voix. Lotan et Philos? Désormais je n'étais plus sûre de rien. Je sentis que je ne pouvais plus bouger... de la glace? En tout cas cela me faisait du bien un peu de fraîcheur. Je tentai désespéremment de me raccrocher, d'essayer d'entendre les bruits extérieurs, de comprendre si on me parlait. Peine perdue...

C'est dans cet état d'esprit affolé que je sentis une aiguille. Incroyable! Même là je parvins à ressentir la douleur d'une toute petite aiguille au coeur de cette douleur omniprésente dans mon corps. Mais ce qui fut encore plus impressionant ce fut la douleur qui irradia mon corps lorsque je sentis le liquide se répandre. Je contractai mes muscles comme jamais, l'aiguille ne devait pas être sortie et elle aurait du mal à être extraite...

Je criai à nouveau à fendre l'âme.

- Pardon... pardon... laissez moi crever... pardon.... punition... crimes... pardon...

Je débitais des mots qui ne formaient pas des phrases intelligibles, des mots qui me passaient dans ma tête aléatoirement. Je sentais que peu à peu je m'enfonçais, je commençais à perdre pied. J'ai frôlé la mort tellement de fois, je l'ai nargué, je lui ai échapé, mais là je n'en pouvais vraiment plus. Je sentais que je me désintégrais de l'intérieur...

A ce moment précis des souvenirs remontèrent avec violence.

Selena...

Le moment où elle m'a trouvée, les entraînements, mon premier assassinat, ma première nuit en tant que prostituée, des larmes, du sang, Darren, Rafael, et tous les gens que j'ai rencontré ici... tout se succédait et tout me poussait à me battre, à ne pas lâcher à ne pas laisser tomber!

Je grognai de douleur, mais je ne lâchais pas... pas maintenant.

- Je ... veux... pas... lâcher.... dis-je entre mes haletements et mes grognements sauvages.

Quelle ironie... c'était le sang berserk qui me détruisait, et ce même sang qui m'aidait à remonter la pente...

J'enfonçai l'aiguille dans le bras sitôt que Kay fut immobilisée. Elle se contracta, le sérum rongeant ses veines comme un poison. Ça devait marcher ... Ça devait marcher ...
Soudain, le sang berserk s'activa en elle, et l'antidote pris le relais. Ses cellules commençaient à se réparer ... Mais la structure du vaccin était encore trop instable. J'abandonnai l'aiguille impossible à retirer pour le moment de son bras, et fis s'illuminer mes mains pour m'activer à travailler directement avec le corps de la jeune femme pour support.
Je sentais petit à petit son état se calmer ... Je pus bientôt enlever délicatement l'aiguille et soigner la petite plaie de son bras un peu plus détendu.

Mon rythme cardiaque se calma peu à peu. Maintenant je ressentais juste une énorme lassitude. J'étais véritablement lessivée après ça... Je parvins quand même à articuler quelques mots:

- Merci... Phios... de m'avoir sauvé la mise....

Je fis une pause et dis:

- Et merci... Lotan de m'avoir ramassé... au fait... j'ai jamais pu te dire pardon... pour la soirée de beuverie.... c'est fait.... bonne nuit.... dis-je avec une voix comateuse et en me sentant glisser lentement mais sûrement vers un sommeil très lourd.

J'allais certainement comater pendant quelque temps... j'espérai que demain je serai à nouveau sur pieds... quoique il faut pas rêver Kay!

- Merci de m'avoir donné du temps.... masters..., murmurai-je d'une voix à peine audible.

Je me sentis frissoner. Ah oui c'est vrai mon debardeur était légerement éventré au niveau du dos. Là je ne ressentais plus ma tache de naissance. Elle était toujours là certainement mais elle ne me brûlait plus... faudra que je pense à dénicher un autre débardeur, celui ci est inutilisable maintenant...

Je fermai ses yeux doucement, posant une main légère et apaisante sur son front.

- Merci de nous avoir appelés pour te donner cette chance ... soufflai-je à mon tour alors qu'elle s'endormait paisiblement.

Voyant l'état de son débardeur, je retirai ma veste que je lui passai, pour ne pas qu'elle prenne froid, affaiblie comme elle l'était. Je la regardai dormir quelques instants, surveillant ses fonctions vitales, puis la pris délicatement sous les genoux et les épaules.

- Merci Lotan. Tu as été d'une aide précieuse.

Je marquai une pause.

- Je peux te laisser t'en occuper ?... J'ai une formule de vaccin à noter, dis-je en lui tendant délicatement le corps de Kay.